On en fait quoi de tout ça ?

On en fait quoi de tout ça ?
Prenons un mot, un nom par exemple, pour cibler plus précisément un nom propre.
Le plus petit élément signifiant. Il a la capacité d’exister isolément, ce mot. « Tout ce qui se prononce et s’écrit à part ». Il est parole, il est palabre. Un mot-forme, un lemme, une unité lexicale, une lexie.
Le mot est. Il existe et signifie.
Le nom est substantif. Il porte, indique la substance, la nature des choses, des êtres, des idées, des concepts.
Le nom propre, en addition de la substance, de la nature de la chose, indique ce en quoi il est unique ou pour le moins particulier.
Si j’écris « con », on devrait savoir ce que c’est mais on ne saura pas de qui il s’agit -bien qu’ayant chacun un avis sur la question-. Des cons, il y en a plein, à tel point que l’on est tous le con de quelqu’un, ce qui devrait en laisser pas moins de sept milliards sur notre belle terre. Si j’accole un nom propre à con, ça va soulager plus de six milliards de types et, éventuellement, en offenser un, pour peu qu’il n’ait pas encore opéré la démarche de se questionner sur sa qualité, sur son positionnement possible en tant que tel.
Bien, ça c’était juste le préambule. Une manière de planter le décor.
En l’occurrence, le nom en question c’est Paris.
Paris, si vous avez bien saisi mes explications liminaires est un nom propre !
Autrement, il est toujours possible de relire le début de cette page.
Si vous ne comprenez toujours pas, relisez à partir de … « Ou pour le moins particulier »… Cela devrait vous mettre sur la voie.
Donc, Paris est un nom propre : il ne devrait y avoir qu’un seul Paris.
Eh bien non. Au risque de me contredire, voilà un paradoxe intéressant : Paris est un nom propre et pourtant, grâce à un petit tour de passe-passe, en lui attachant -comme un petit boulet- un mot adjectif on crée un autre Paris, un « Nouveau » Paris. Si l’adjectif est « grand » c’est de suite mieux !
Avant de déterminer si cela est mieux, j’appellerai votre attention sur le fait historique que c’est éventuellement beaucoup de chose mais certainement pas nouveau : le grand Paris.
Ça existe, du moins en tant que concept, depuis les temps bénis où notre cher empereur, Napoléon le troisième, détenait les clés du destin de la France. Le principe a été repris dans les années trente pendant le front populaire, période troublée de notre histoire, s’il en est, pendant laquelle les ouvriers -anarchistes et communistes en tous genres- exigeaient, quelle outrecuidance, une réduction du temps de travail et le droit aux congés payés.
Peu de temps plus tard, lorsque le pays fut enfin libéré de cette « racaille syndicaliste », nous vîmes enfin apparaitre pour la première fois des indications claires de l’existence du « Grand Paris ». Au détail près, qu’à l’époque ça s’écrivait -et nous ne remercierons jamais assez nos amis d’outre-Rhin pour cet apport linguistique- « Gross Paris »…

À Suivre…

Philippe Aspord

16 avril 2017
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