#Unite Une action littéraire

#Unite …“ Une action littéraire contre la violence de genre en Italie

Tout a commencé avec le féminicide de Giulia Cecchettin, une jeune femme de 22 ans assassinée par son ex en Italie en novembre dernier. Plutôt que de s’enfermer dans le silence, sa sœur Elena et son père Gino ont décidé de prendre la parole. Leurs discours sur la violence contre les femmes comme violence systémique et systématique ont provoqué une sorte d’électrochoc dans la société. Un groupe de femmes s’est alors réuni à Rome dans la librairie indépendante Tuba pour faire une lecture collective et partager les mots du roman de Cristina Rivera Garza, L’invincible été de Liliana, qui raconte le féminicide de la sœur de l’autrice et fait écho à l’histoire de Giulia et Elena.

De là l’idée de demander à des écrivaines et des journalistes de remplir les pages des journaux de récits, articles, témoignages des violences faites aux femmes, à tous les niveaux, dans tous les contextes, en partant souvent de sa propre expérience personnelle. La campagne lancée par l’écrivaine Giulia Caminito et la journaliste Annalisa Camilli, Unite …“ Azione letteraria (#Unite sur Instagram) a tout de suite pris de l’ampleur. Plus de 120 autrices et journalistes ont adhéré à l’initiative et chaque jour sur la presse italienne du 3 janvier au 3 mars 2024, vous trouverez un ou plusieurs articles sur le sujet.

Raconter ce qu’est la violence de genre dans les journaux, les blogs, les revues, à travers sa complexité, ses multiples formes, est une manière d’ouvrir un espace de parole aux femmes à qui il a été trop souvent refusé ou nié. C’est une tentative de trouver un langage plus adapté à ce phénomène si répandu et de changer une narration qui tente de réduire les violences à des épisodes isolés, de les justifier par la jalousie, ou même l’amour, ou par simple habitude. Une narration faite jusque-là majoritairement par les hommes, dans la littérature, dans les journaux, à la télévision et aujourd’hui à travers les réseaux sociaux et qui cherche toujours à faire retomber une partie de la responsabilité sur les victimes.

Les épisodes de violence sont encore très répandus en Italie (113 féminicides en 2023, une femme sur trois déclare d’avoir subi des violences) et un tabou subsiste autour du sujet. Le 4 mars est prévue une lecture publique à Rome de certains des articles parus dans la presse et d’autres rencontres suivront. Dans l’espoir que la parole libérée puisse réellement faire bouger les lignes dans un pays encore fortement marqué par le patriarcat et les inégalités.

19 février 2024
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