Le réseau Robert Keller

Mardi 27 septembre et samedi 1er octobre. Deux événements la même semaine pour lancer la résidence. Il y a une réaction en chaîne, qui part du fait que j’écrive ce livre, parce qu’un jour j’ai marché rue du Réseau Robert Keller — il faudra que je revienne sur cette dénomination qui donnera son titre au livre—, puis qu’un autre jour je demande une bourse, ceci après avoir rencontré le service Archives-Patrimoine, devenu mon lieu d’accueil. Cette réaction en chaîne provoque la participation d’une quantité de personnes que je n’aurais pas imaginée. C’est assez vertigineux, et de se dire que c’est au départ par mon écriture que tout cela se fait, que tout cela est possible et que toutes ces rencontres, formidables jusqu’à présent, se font.

Accueillis au cinéma Le Bijou par Manon Goupy, pour la projection du documentaire de Laurent Bergers, Hitler sur table d’écoute, qui retrace l’histoire de la "Source K". Après la séance, une présentation de ma résidence au service Archives-Patrimoine par Claire Peronnet, puis discussion avec sa collègue Valérie Barbier-Vaillant qui a apporté des copies de documents se trouvant dans ses magasins : le bleu d’architecte du pavillon où les écoutes se sont faites, et une vue aérienne inédite trouvée sur un site de cartes postales anciennes, datée des années 50, avec le pavillon encore debout et le quartier très peu changé par rapport à 1942. Nous avons ensuite dialogué, avec Eric Lafon, directeur du musée de l’histoire vivante de Montreuil, et Sébastien Colombo, médiateur culturel aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis, et avec la salle. Public attentif et passionné, les associations d’histoire et d’anciens combattants représentées (NLGH et l’ANARC), des personnes ayant travaillé aux lignes à longue distance dans les années 70, et une discussion qui finira bien tard sans que le temps ne semble passer, dans la salle de 80 places, quasi pleine. L’organisation par Claire Peronnet du service Archives, et Manon Goupy, du cinéma, est parfaite, comme le sera celle de Valérie Humbert, de l’animation de la médiathèque, samedi. Et samedi, un monsieur arrive en avance, déjà venu mardi, il me raconte l’histoire de son père, au début je ne comprends pas bien, car c’est un peu comme certains films qui font une entrée en matière en pleine scène d’action, son père a poignardé un nazi — en pleine rue ? Mais ça aurait pu être là dans la médiathèque, comme si j’avais raté le début de la séance et me retrouvais face à l’action déjà engagée — arrêté, déporté, du wagon à bestiaux il s’enfuit avec d’autres en déchirant le bois fragile des parois, saute dans la Marne. Se refait arrêter plus tard, déporté, il sera libéré en 45. C’est un moment fort, tandis que la salle est encore vide, et je reste un moment sous l’émotion ; Guy est venu avec cette histoire, et me l’a donné.

Il y a un travail de ces associations, fait à Noisy, sur l’histoire locale et la mémoire de la Résistance, et des vies portées et vécues, incroyable, et j’y reviendrai aussi. Et avant de commencer, je me sens tout petit. Comme mardi, l’attention sera au rendez-vous, et ma lecture finira par remporter l’adhésion, à l’écoute, successivement, de Village, C’était et de deux extraits du Réseau Robert Keller en cours, et je suis très heureux et honoré, à la fin, de recevoir ces félicitations. Ce n’est pas seulement la résidence [1] qui est lancée, c’est l’écriture.

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Vidéo Arnaud Gautier.

[00:00:00] - Prise de parole de l’adjoint en charge de la valorisation du patrimoine historique, Pascale Cotte-Moretton.
[00:04:58] - Pourquoi je vais écrire sur le réseau Robert Keller
[00:07:39] - Présentation du service d’archive municipal de Noisy-le-Grand par la responsable du service, Claire Peronnet
[00:25:59] - Présentation de la résidence
[00:35:25] - Lecture d’extraits de textes
[01:02:45] - Questions / réponses

10 octobre 2022
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[1Car, aussi, quelques jours plus tard, je verrai Christophe Borgnon, passionné d’histoire et responsable de la MPT des Coteaux, à quelques mètres de la rue du Réseau Robert Keller, pour planifier les ateliers d’écriture de janvier à mai, à un groupe de jeunes (collège/lycée) et à un groupe d’adultes, ou comment écrire de la fiction à partir des sources et faire se rencontrer les générations. En novembre, je présenterai mon travail au reste de l’association NLG-Histoire.