La reine Catherine de Médicis (vidéo)

C’était le 19 mars 2024 à l’occasion du Festival Hors-Limites dans la basilique Saint-Denis.
Performance Catherine Froment.
Vidéo Héloïse Haddad.

Pour cette lecture performance Catherine Froment s’est intéressée aux reines de la basilique cathédrale Saint-Denis, dont les corps sont multiples : corps politique, corps de femme, corps fantasmé, corps mort – et bien sûr leur gisante, sculptée dans la pierre des tombeaux.

Représentée par trois statues funéraires dans ce lieu même où elle fut sacrée reine, c’est aujourd’hui Catherine de Médicis que l’autrice performeuse a choisi d’invoquer.à
Le texte poétique fleuve qu’elle lui consacre révèle son caractère hors du commun dans ses multiples facettes, complexifiant l’image figée de « reine machiavélique vêtue de noir et coupable du massacre de la Saint-Barthélemy ». On la découvre dans son enfance, sa jeunesse, et les nombreuses épreuves qui ont jalonné sa vie.

Réflexion autour des liens possibles ou impossibles avec les femmes ou les hommes de pouvoir du passé et du présent, cette lecture-performance nous met en présence d’une reine « à l’œuvre » dans l’exercice de sa souveraineté : habile diplomate, subtile communicante, aussi insaisissable et fascinante aujourd’hui qu’elle le fut pour ses contemporains.

EXTRAIT :

« La parole m’a été rendue et je ne me m’arrêterai plus.
Tout à l’heure, je vais m’endormir et ma bouche continuera à parler.
Quand vous croirez qu’elle faiblit, elle ne fera que baisser.
Je suis prise dans cette danse infinie des récits qui se bousculent en moi.
Il faut laisser les choses se raconter, sans volonté, sans rien.
Parfois, au milieu du sommeil, des bribes de nos histoires surgissent, incompréhensibles, et replongent.
Le récit arrive en haut de l’échelle, il retrouve des détails, et puis il se laisse à nouveau tomber.
Les récits montent tous en haut de l’échelle un jour ou l’autre.
Un cri ou un rire, et plus rien, il a déjà disparu.
J’écris dans mon cabinet de travail et le Cher, rivière bien aimée, passe en dessous.
L’eau emporte chacun de mes mots, parfois je ne regarde pas ma feuille, mais la rivière car c’est elle qui écrit en moi.
Les mots s’écrivent de mille façons, et ce qui compte c’est le nombre de lettres destinées aux uns et aux autres, qui sont autant de pensées que j’ai envers tous.
Ma fille Marguerite se précipite dans mes bras, elle est encore une enfant.
Elle me dit : « Charles m’appelle Margot vous savez ».
C’est vrai, c’est Charles qui a commencé à l’appeler ainsi.

Équipe lors de la performance :

Catherine Froment, autrice, performeuse.
Avec les complicités de :
Constantin Leu : danseur, performeur
Chiara Mulas : performeuse plasticienne (traduction et voix du texte en italien)
Regard extérieur : Odille Lauria
Compositions musicales : Aline Loustalot
Merci à l’historien Stanis Perez pour son accompagnement, ainsi qu’à François Popineau pour ses relectures.
Merci à la MC 93 Bobigny avec les régisseurs Julien Fouet et Jacques Laine.

2 avril 2024
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