Ecrire-rêve : notre rêve-staurant surréaliste

Les élèves de CAP 2 R 2 et 2 P 2, accompagnés par Milène Tournier, leur professeure de lettres-histoire Mme Fereyrolles et leur professeure documentaliste Mme Maumy, ont rencontré les peintures surréalistes et ont confié l’écriture au hasard, à l’enfance et la trouvaille poétique, à « la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection ».

Cadavre exquis : écrire à plusieurs mains, préserver la pliure aveugle

Cadavre-exquis : écrire sans savoir, écrire d’oubli et de hasard. Préserver la pliure qui masque le tout à l’heure de l’écriture. Laisser la cécité monter dans l’écriture. Accepter une poésie de l’imaginaire et de l’absence, apparemment, de sens.

"Tu prouveras mes rêves"

"Monsieur Tartampion fait la vaisselle dans la jungle"

Être la machine à coudre, le parapluie et la table de dissection

Les élèves de CAP ont poursuivi leur appréhension d’une écriture surréaliste et dégagée de la gangue du sens quotidien, utilitaire. En piochant cinq images liées à la cuisine et restauration et cinq autres images d’objets du quotidien, de paysages… et en les croisant, les élèves ont provoqué le jaillissement de trouvailles surréalistes et poétiques. Comme autant de petites tables de dissection, vivaces, où réanimer le langage.

La mosquée a des pieds ressemblant à des rouleaux de pâtisserie.

Le citron d’hiver avait le volume de la lune.

Un bus-mille-feuilles.

J’étais dans mon hélicoptère et je voyais passer dans le ciel les nuages en sucre.

Le haut de forme de l’homme était arrondi et noir comme une poêle à crêpes.

Mes lasagnes étaient souples comme un tee-shirt trop mis.

Les hélices des hélicoptères séparent les nuages comme, dans les lasagnes, les couches de pâtes séparent la viande.

Les wagons de RER, comme des parts de lasagne.

J’avais tellement chaud que j’ai cru être servie avec mon couscous !

Je me suis assise au cinéma, en attendant que mon film parvienne à ébullition.

Le serveur a une tablette Surface pro, au lieu du plateau.

Je verse des nuages.

Je mange des cerises avec mon loup.

On réchauffera nos chaussures dans le four à pizza pour le déjeuner.

On a rempli la piscine de tacos pour la pool-party.

On met la piscine dans un four à pizza, pour faire un SPA.

La limousine filait, blanche comme une longue meringue.

Des chevaux prennent le thé dans un château de louches.

Le garde du corps baleine enfile ses maniques pour son entraînement de boxe.

Des nems comme des tout petits camions trempés dans leur sauce d’essence.

Hier, il n’a fait que neiger, alors j’ai épluché la neige.

En faisant bouillir un œuf, j’ai retrouvé un diamant dans l’eau.

En faisant mon cappuccino du matin, j’ai vu une trottinette se noyer dans ma tasse.

Avec mon stylo rouge, j’écris sur ma feuille comme si je tartinais de la confiture de fraise sur mon pain.

J’ai enfilé mes fourchettes à mes oreilles.

La pluie tombe à la fenêtre comme des petits grains de sésame sur un rond de hamburger.

Je me suis enfoncé dans le sable du désert comme dans une côte de bœuf.

Quand je vois les pyramides, j’ai l’impression que les traits ont été faits avec une fourchette.

Quand j’ouvre le champignon blanc je trouve une petite forêt amazonienne.

L’hôpital est grand comme une meringue.

La vue du serpent s’améliore quand il prend un coup de rouleau de pâtisserie.

Mes pâtes glissent entre les dents de ma fourchette comme un bus en excès de vitesse.

Les baguettes chinoises sont comme des cheveux.

La moto a été écrasée par le verre à pied.

Le ciel a rempli le verre.

J’ai recouvert le désert de ma nappe.

J’ai mis le désert dans mon sac et je me suis promené avec le désert dans mon dos.

Un chat paresseux qui refuse la nourriture à la maison est obligé d’aller en forêt mendier chez les copains tigres.

J’utilise mon assiette toute blanche pour m’éclairer dans la nuit.

J’utilise mes deux baguettes comme échelle pour monter.

Un feu de miel.

Je pèse chaque flamme du feu dans ma balance de cuisine.

Un dauphin a nagé dans ma tarte aux fraises.

Sur la tarte, les fraises sont comme des petites montagnes rouges sur un beau paysage.

L’or sent le couscous.

J’ai atterri dans un plat de nems.

Quand j’ai décollé, il pleuvait du couscous.

J’ai vu un grand loup blanc cuire des crêpes dans la forêt.

Une personne a décoré l’Arc de Triomphe avec des macarons aux fraises et au chocolat.

Mes crêpes comme des oreilles d’éléphant.

La couverture du landau de mon enfant est une note de restaurant.

La fourrure du loup avait des imprimés macarons.

Un chercheur a découvert que l’Arc de Triomphe était un grand et gros bloc de sucre.

J’utilise une louche pour bercer mon bébé et le berceau pour servir la soupe.

Je préfère l’eau de la piscine salée pour faciliter la cuisson du riz pour nourrir les chatons des hôpitaux qui deviennent de plus en plus maigres car toutes les petites souris blanches se font rares à cause des prédateurs.

Mon sac est aussi léger qu’un muffin.

Magie mange image : tablées surréalistes

De l’imaginaire aux mains, les élèves de CAP vont réaliser ensemble la maquette d’un restaurant surréaliste. Chaque élève est responsable d’un élément : une nappe-ciel, une chaise avec des sabots, une fourchette avec des yeux, des verres avec au fond une forêt… Ils se sont concertés pour, ensemble, rêver et imaginer ce restaurant déraisonnable.

25 octobre 2019
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