« VOTRE HÖLDERLIN » (chapitre 2)

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(Dessin collage et stylo noir .G. H.)

VOTRE HÖLDERLIN

II.…¨

Le 22 décembre 2012



Il faut se représenter les choses comme elles étaient à partir de ce que vous voyez.

Il faut se redire qu’il avait beaucoup écrit, des œuvres majeures, et sans place.

Qu’il s’est fui, et a fui Suzette Gontard.

Que Empedoclès, c’est lui, « car l’homme est un dieu s’il veut l’être », celui qui veut se rejoindre au Tout, et y va, réalisant le plus profond désir, de l’homme car l’homme désire l’Illimité.…¨Les héros vont plus vite. Il faut imaginer Hölderlin faisant un saut. Un homme à tête blanche, avec deux bougies sur ses épaules, se tenant le nez d’une main et sautant debout les yeux fermés.

Et Holder désirant pour lui non le feu de l’origine, mais l’Océan, le Père sur le sein duquel sont les îles.

L’archipel, ses iles bienheureuses.…¨Il faut se représenter qu’il a été là…¨ sur la route de Feurs et chantonné vers les monts du Forez.

Il faut se représenter son enthousiasme comme le vôtre quand il a marché vers le Forez dans la plaine en ligne droite : les montagnes sont là, devant, pas encore très hautes, mais tout de même.

Qu’il n’avait pratiquement jamais quitté l’Allemagne, sauf pour un voyage en Suisse.

Hauptwill dont il revint, ayant vu « les Alpes de Haute Assise ».

Mais jamais vu quelque chose de vraiment différent, paysage et hommes, qui donne à réfléchir sur le plat, qui dispose, qui peut- être pense déjà, au repos.

Le sommeil fait grandir l’enfant et permet de mûrir sa réflexion.

Que la France, celle du XVIIIe siècle, c’était autre chose.

Le paysage, les volcans dressés, à l’horizon, c’est pour un peu plus tard.

C’est un point d’interrogation.

Le Forez, c’est une route quand même assez longue et qui serpente, dans le premier massif. En sortant du Lyonnais.

Car le paysage est Un : la rivière, la route, le bois, l’eau, le fer, les mines.

Tout court vers son but.

De Feurs, l’Hôtel L’Astrée vers le Forez, …¨Boen…¨ premier village cheminées et cascades, moutons et pastorales, boulangerie.

République-Française…¨au fronton des écoles, Garçons-Filles. Ça n’existait pas en Allemagne.…¨La route tourne sans cesse.


Noirétable.



N(ationale)89.…¨Toits romains. Volets bleu pâle.

A la Beauté d’Urfé est un Salon à Boen, Soins Esthétiques.

Fours anciens, proto usines,…¨cheminées des fours dans les creux, colonnes rouge briques. Civilisation du fer.…¨Arrêt pour manger.…¨Nature.

Couleurs de bruyère, petite vallée qui préfigure autre chose qu’on ne sait pas : la DURDOLLE, ruisseau de l’industrie qui deviendra, là bas, à la vue des oiseaux, la Dordogne.

Feuilles mortes, cascades près des fours, des troncs partout.

Arrivée mouvementée, le paysage à Thiers, le panorama, toute la chaine ?

Non !... Toute entière la chaine des Puys, sous le regard…On n’y croit pas.

C’est ce qu’il a vu. Couteaux. Enthousiasme.…¨Le soir


Arrivée à Clermont.



Avenue de l’Union-Soviétique



Hôtel des Arvernes

Voir la France.


Les hommes du Sud de la France « en proie au doute patriotique et à la faim  » : ils sont « plus individuels  ». Il l’a écrit.

C’est une différence ? ça n’existait pas en Allemagne ?

« Tu trouveras des gens de métier mais pas un homme  ».

Il faut imaginer le Duc de Westphalie, le despote, et qu’on vous mettait en prison pour un rien.

Le feu.…¨Les héros.…¨Bien proche de ses modèles finalement.…¨Libre ALLIER .Fleuves et monts.…¨Le prophétisme, les voix,

Dans les Cévennes, ils écoutent leurs Voix. …¨Il faut se souvenir que les Intendants de France écrivirent :

« Les Camisards prennent les Grands chemins du Roi, pour se réunir, aller et venir, à leur guise ... Par conséquent, il faut construire des routes. »

Le Forez, la Carte du Tendre.

Mais en débouchant, le voyageur qui voit l’immensité des montagnes au loin, ne peut-il prendre peur ?

À l’idée de traverser tout ça, et à pied ? Il devait le faire. …¨Il le fit.

« J’ai rêvé de parcourir la terre en suivant la course du soleil  ».

Il en avait rêvé. Force est de penser qu’il a trouvé, avec cet étonnant voyage d’hiver, l’occasion de le réaliser. Et Ganymède, le garçon téméraire et soulevé. C’est là inscrit dès les premiers poèmes.…¨« Le fleuve se tenait...dans le soir miroitant »Et comme l’oiseau, passer au dessus du fleuve, aller d’un coup d’aile de l…˜autre coté.

Hou ! hou !…¨ Donner de la voix au bord. Sur une faille.

Il est une faille au centre de la France, un désert peu habité.

Un grand massif avec deux valves inégales, la faille du Forez et celle de l’épicentre, plus à l’ouest.


La nostalgie de la Terre inhabitée.

Où ont surgi les volcans.

Les hommes existaient déjà certes lors du soulèvement, quand sur une seule ligne vue de l’est, l’alignement Nord Sud des volcans, tout entra en éruption.

Il est monté sur le Char du Soleil.

Heureux.

Du balcon panoramique de Thiers, il a regardé dans la lunette.

Le trop grand seul m’intéresse.

Le Vaste,…¨ vu du ciel, …¨le Plateau de Millevaches couvert de narcisses au printemps.


Holder-line



En chantonnant je marche et je dois garder le rythme


À Lyon, il avait croisé un pauvre, dans la rue, qui trinquait, « champagne à Noël !  ». Il avait été agréable de quitter la ville. D’apercevoir les Monts du Lyonnais à l’Ouest. De repérer la position.

De voir le visage de l’homme moins souvent n’empêchait pas que la route fut fréquentée …“ bien qu’il n’y eût pas de diligences …“ les animaux descendaient à des moments précis, longues files de bœufs vers Lyon, des hommes en noir, grosses blouses, les poussaient devant eux.

Respirer, oublier la fatigue, et même un peu la langue, aller de l’avant, jauger la hauteur, tout de même, en bas ; dans la vallée du Rhône, l’air adouci portait des odeurs de plantes inconnues, le mimosa fleurissait à Perpignan, l’odeur aussi de la neige, voir l’hiver mais au Sud ...

Les cailloux, le bruit de la Saône.

Le ciel semblait croitre, entre un front froid et un front chaud allait la buse.

Régulier, le cap mis, regarde .

Sachant que les dieux tutélaires de la poésie sont au Sud

Et qu’au centre de la France il y a un désert. Les bruyères du Forez.

Et par l’habit, le manteau, la mise en route, l’allumage, un jour peut valoir une année pour « égaler le vol des génies autour du monde  »

Une année vaut un jour.

Un jour, une vie, Cher Nast, quand je t’écrivais que j’avais un penchant malheureux à la colère et que tu disais de moi aux autres « sa pensée est parfois comme l’orage ».

O combien incohérent moi, Chère Mère,

Quand je t’écrivais.

Que je cherchais partout pour toi le sermon que j’avais écrit hier ! Que, la veille, on avait fait monter dans l’air une Montgolfière au dessus du collège

Ou encore que je portais mes cheveux roulés comme tu les aimais !

Noyant le poisson, moi me noyant, pour voir sur moi un reflet de Ta tendresse.

« Il y a je ne sais quoi qui nous sépare, lequel d’entre nous, chère mère, a manqué d’estime pour l’autre ? »

Et j’étais malade aussi, enfant, et la fièvre me plaisait aussi.

Que je me sentais hésiter entre l’existence, son sentiment le plus net étant dans celui de sa fin, la dissolution.

Le sentiment de n’être plus que réduit à mon poids, écrasé par la température.

On disait « il a de la température ».

Et à demi conscient dans la demi obscurité où vont les voix ici et là les lumières d’une autre pièce, d’un âtre.

Toutes choses et moi bien éparpillé, bougie consumant mon huile à lutter sous mon drap, mon visage était noir.

J’étais malade et comme le guerrier mis au repos de force

Mais « n’est-ce pas du Repos que tout nait » ? À ma colère pouvait bien succéder un « tranquillé »*, « un grand pardon pour tous les hommes », un salut et un regard.

Comme le ciel après l’orage redevient paisible.…¨À coté des nuées chargées de poudre l’instant d’avant. Après la tempête un calme aussi subit…¨que le déchirement spectaculaire. Outré, des éléments. Les voisins arrivaient.

Dans l’épuisement et le repos, le deuxième sommeil, après les soins adaptés, le délire douloureux de la fièvre.

L’essor était redonné et la vie peu à peu revenait dans les membres.

La mémoire.

L’activité mnémonique de la pensée, donnez-nous des rêves

et vous, les Moires,

aidez- moi à me souvenir,

entre le couteau et le fusil,

quand je serai dans le Massif-Central.

Une porte à deux volets, des bergers qui ouvrent le loquet d’une bergerie, d’un bras, par-dessus car le loquet est à l’intérieur, le visage des bergers se montre à la porte, porte d’étable, dessine le ciel, en demi-lune

Et de là où je dors, on peut voir au fond les monts bleus, le Massif-Central, une image que j’ai vue dans l’Almanach .Jésus naissant dans le Massif-Central.

Une Nativité médiévale.


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22 mars 2018
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