Monostiques paysagers [6]


Le 10 février 2012, Rentilly



14 h 22

la demeure aux volets bleus — pourquoi n’ai-je pas dit « maison » ? — là-bas, au-dessus des buis, est attirante, non ?




15 h 09

les barrières Vauban ont vocation à être plusieurs, elles n’y échappent pas, pour votre sécurité, mais il y a une faille




16 h 40

l’étang de la Broce aux canards, qui se chauffent au soleil, qui réchauffe le héron (une amande), qui disparaît mais où ?



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Le 13 février 2012, Rentilly



14 h 12

il y a encore de l’attente entre « vanne sécurité gaz », corbeau sous séquoia et ligne de buis, pure sculpture persistante




17 h 05

de « chez moi », du reflet dans une vitre du pavillon Carcat, d’une lanterne jaune et jusqu’au pointillé des quatre autres




17 h 15

l’hiver, saison du potentiel, comme disait pas tout à fait Mallarmé, le lierre autour du tronc dit : quand sont les feuilles ?




17 h 35

puisqu’il fait nuageux ainsi que pas très tôt, l’assistance lumineuse électrique emplit le paysage, phares et feux arrière



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Le 15 février 2012, Rentilly



9 h 52

la nuagerie du jour ou du moins de ce moment du jour est une grille grise, celle du pont du RER, posée devant l’infini




9 h 57

PATINAGE INTERDIT et BAIGNADE INTERDITE, mais kärcher autorisé dans le premier bassin pour l’homme au kärcher




11 h 39

l’électricité passe au loin quoique je ne la voie pas qui passe dans les fils soutenus par les géants de fer et de Fafner




14 h 25

un banc, un platanus (torturé), une poubelle et personne dans le champ qu’un pare-brise là-haut scintillant sous le soleil




14 h 30

de la rue de Guermantes le parc est de plain-pied, ouvert même s’il était fermé, pour cause de clôture en fossé invisible




14 h 37

à ma gauche PORTES OUVERTES des Compagnons du Tour de France, mais c’est aussi, du parc, l’angle à deux gros murs






Jacques Jouet









3 mars 2012
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