Atelier #3 : Mes premiers souvenirs d’enfance / Quand j’étais petite



Le troisième atelier d’écriture et de parole s’est tenu samedi 22 février dans les locaux de la Cimade Batignolles (Paris 17e). En s’inspirant du livre d’Élisabeth Jacquet Quand j’étais petite (Éditions de l’Attente), les participantes ont évoqué leurs premiers souvenirs d’enfance.


Voici quelques extraits :


- "Quand j’étais petite, aller faire la lessive et jouer à la rivière était la plus grande récréation qu’on pouvait avoir car les parents étaient sévères dans notre éducation, il fallait apprendre très jeune tout ce qu’une femme doit connaître pour être une bonne ménagère. C’était les moments les plus agréables de ma petite enfance. À la rivière, c’était la liberté totale, il n’y avait que des petites filles et des femmes, on nageait, on plongeait, on pataugeait."


- "Quand j’étais petite, j’aimais trop me comparer aux grandes personnes et je faisais tout comme elles. Quand j’étais petite, je voulais être déjà grande, quand ma mère était partie au travail, je rentrais dans sa chambre, je portais ses habits, je me maquillais et je me mettais devant le miroir et je portais ses chaussures et j’imitais les stars de la télé. Tout le monde se moquait de moi. Une fois ma mère m’a surprise dans la maison, j’avais pris un coussin et je l’avais mis sur mon ventre et j’ai dit le jour où je serais enceinte je veux voir comment je serai et quand elle m’a vu faire ça elle a commencé à crier sur moi, et là aussi les gens se sont beaucoup moqué de moi. Et quand je suis tombée enceinte pour la réalité, ma mère m’a dit : « Là, tu peux aller te regarder dans le miroir et voir maintenant comment tu es ! »"


- "Quand j’étais petite, j’ai fait mes études jusqu’en CM2. Nous étions six filles du même âge qui devions faire des études secondaires au collège mais nous ne pouvions pas continuer à étudier car nous n’étions pas assez nombreuses pour qu’une classe de filles soit ouverte. Donc, à l’école, ils nous ont proposé de continuer à étudier jusqu’au lycée avec les garçons. Mais mon père n’a pas accepté et ne voulait pas laisser cela se faire, que je continue à étudier avec les garçons. Alors, j’ai continué mes études à la maison avec les six filles qui étaient mes amies, en ramenant des devoirs à la maison, puis au moment de l’examen, je suis allée le passer sans que mon père me voit. Mais ce jour-là des gens ont dit à mon père : « Aujourd’hui votre fille a passé l’examen. » Il m’a donné une grande correction. Mais j’ai eu l’examen, j’ai réussi et j’ai continué une seconde année. Mais la deuxième année du secondaire, ça y est. Mon père il dit qu’à quatorze ans, je dois me marier. J’ai dû arrêter mes études et je me suis mariée mais je ne connais pas ni le mari, ni le mariage, ni rien."


- "Quand j’étais petite, dans la journée, nous faisions des petits larcins, nous attrapions de la volaille que l’on gardait dans la cuisine et quand tout le monde va se coucher, quand les parents dorment, en pleine nuit, on se levait et nous faisions notre petite cuisine, mais un jour mon oncle dit : « Mais je ne comprends pas ! Tous les jours il y a du bruit, je ne comprends pas ce qui se passe… » Donc il passe par derrière la maison et il rentre tout doucement, nous, nous sommes dans la cuisine et puis il ouvre la cuisine et il nous voit ! Sauve qui peut ! Aaah ! On a tout laissé et puis il est venu et a ouvert la marmite, il dit : « Ah bon ! C’est vous qui volez la volaille des gens ici ! » Depuis ce jour-là, on a arrêté de voler ce qui ne nous appartient pas."

17 mars 2014
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