011.Beckett (Samuel), Worstward Ho

Samuel Beckett, Worstward Ho, John Calder, 1983
Cap au pire, (traduit par Édith Fournier), éditions de Minuit, 1991.

Cap au pire est l’avant-dernier récit qu’a écrit Beckett (1) (1982). Pourtant, plus encore que Soubresauts, (le dernier récit), plus radical et minimal que lui, défait de toute situation scénaristique (presque de toute posture), Cap au pire semble accomplir la tentative de quasi-abstraction entreprise à partir de Comment c’est.

Beckett ne connaissait pas le travail de Morton Feldman quand ce dernier lui a demandé d’écrire un livret d’opéra. Cependant mieux qu’une figuration indiscernable (les récits de Blanchot par exemple), c’est sans doute par cette entremise — biaisée, comme une symétrie textuelle au travail de Rothko que l’on devrait le lire.

« On. Say on. Be said on. Somehow on. Till nohow on. Said nohow on.

Say for be said. Missaid. From now say for be missaid.

Say a body. Where none. No mind. Where none. That at least. A place. Where none. For the body. To be in. move in. out of. Back into. No. no out. No back. Only in. stay in. on in. still.

All of old. Nothing else ever. Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better. »

« Encore. Dire encore. Soit dit encore. Tant mal que pis encore. Jusqu’à plus mèche encore.

Dire pour soit dit. Mal dit. Dire désormais pour soi mal dit.

Dire un corps. Où nul. Nul esprit. Ça au moins. Un lieu. Où nul. Pour le corps. Où être. Où bouger. D’où sortir. Où retourner. Non. Nulle sortie. Nul retour. Rien que là. Rester là. Là encore. Sans bouger.


(1) : En anglais — et qu’il n’a pas traduit lui-même en français.

11 mars 2011
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