Pierre Antoine Villemaine | d’une chose à l’autre...


 
 
 

Tu aimes trop sauter d’une chose à l’autre, il me semble. (R.W.)

 
 
 
Il se défait de soi chaque fois qu’il écrit le premier mot et quand il a formé la première phrase, il ne se connaît plus. (R. W.)

 
 
 
Parfois une expression nous éblouit, nous aveugle de son éclat ... on sent qu’elle recèle un nœud actif de tensions, de résonances… on accueille ses vibrations qu’on ne peut expliciter, que l’on reçoit intensément, qui nous saisissent. Il s’agit moins de comprendre que d’entendre, d’accueillir un sens qui nous est transmis ainsi, obliquement.

 
 
 
De ces romans - Austerlitz, Le rivage des Scythes, Les enfants Tanner... …“ dont on se souvient de peu, pas la moindre anecdote… et pourtant demeure gravée en nous une émotion profonde… un flottement, une force d’indétermination, une troublante incertitude… On ne comprend pas tout à fait ce qu’on lit - chaque phrase semble faire oublier la précédente - on se laisse transporter par cette incompréhension, par cette puissance d’érosion de l’oubli, la mémoire d’une faille, la trace d’un noyau inexplicable dont on ne peut se déprendre… et cela devient clair sans être compris.
 
(Il retardait la lecture des dernières pages de ces romans, comme s’il avait peur d’en finir, de sortir de l’emprise d’un manque qu’ils soutenaient avec tant de force.)

 
 
 
On n’avait pas besoin de comprendre quoi que ce soit, rien ne se comprenait, mais aussi bien tout allait de soi, en se résolvant dans l’écoute qu’on prêtait à un son ou dans la vue qui se perdait au loin… (R. W.)

 
 
 
passé l’après midi
dans le silence de la langue
en compagnie d’une phrase à faire et à refaire
 
 

 
- Arriverai-je au but tant cherché et si longtemps poursuivi ? demandait-il
- Et si nous renoncions à cette notion de but ? lui répondis-je

- Mais alors, comment chercher une chose dont vous ne savez pas du tout ce qu’elle est ?
 
 
 
à un moment donné il n’y a plus rien à dire
laisses la place au silence !

8 mars 2024
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