Ménure superbe (2), par Axelle Glaie

(pour lire la partie 1, c’est ici)

DEPART

Imaginer le nombre de battements cardiaques entre deux battements battements d’ailes ou.en.vol.plané, ou en vol plané.

L’un des oiseaux est sur le point de départ. Sans s’attendre ils partent. Ils décollent tous presque en même temps.

Les oiseaux parfois se rassemblent, ou volent seuls.
Parfois un oiseau en supplante un autre.
Ils parfois s’envolent loin dans d’autres peut-être forêts ou océans ou temps anciens.
Ou panthéons.
Ils parfois ne reviennent pas.
Ils souvent planent pour d’autres horizons.
Ils parfois reviennent mais ce ne sont pas les mêmes.

En l’air les oiseaux habitaient
En l’air
Mais les oiseaux c’étaient
Dans ta tête étaient
Dans ta tête c’était
Les rêves qui se construisent
Et
Là
Les oiseaux étaient haut mais
Ne savaient pas par où ils
Passaient,
Sans s’en rendre compte ils volaient
Les temps du passage ils volaient
Ils allaient dessus les vallées ils.

Un oiseau ne peut aller contre ni changer le caractère de son espèce.

LE BEC DE L’AMOUR

(homme àtête d’oiseau, peinture rupestre, grotte de Lascaux)

L’oeil crie regarde-moi et le bec reste fermé,
En forme de convenance.
Il ne faut pas dire àl’homme
Que son bec l’a utilisé et trompé et qu’il l’emporte,
Dans sa chute figée.
Sa chute qui est làplacée pour toujours, en elle-même un point où personne ne vient,
Si bas que la peur gagne et cloue
Toutes les bouches.

Les becs ne peuvent pas appeler
L’amour dans sa chute.

Les espèces différentes sont entraînées pareillement
Hors d’elles-mêmes,
Cherchant àgagner ce qu’elles voient.

Elles aiment vraiment quand,
dans leur chute elles peuvent arrêter
Et voir qu’aucun lieu ne les accueillera ensemble
Qu’elles pourront,
Seulement regarder,
Seulement l’oeil rond et bouche fermée,
Voir en témoins
Les becs contre-nature levant dans leur chute encore leurs bouches closes.

Est-ce l’oiseleur qui s’effondre ?

Les hommes doivent attendre le seuil de leur mort pour penser atteindre le divin.
Les oiseaux depuis toujours l’ont compris et
Ainsi observent tout.

La connexion n’est plus de ce fait un fantôme d’attache est apparu après coup / est est un fantôme fantôme d’attache, àchaque coup de pied il cligne des yeux et la branche disparaît c’est affolant la vitesse àlaquelle les yeux clignent quand ton cÅ“ur bat à600 battements par minutes que tu imites un ours ou une abeille quoique les abeilles ne crient pas, une abeille c’est pareil, la branche fait la même taille ce dont tu as besoin, fondamentalement, pour imiter, c’est le même besoin de la même branche, du même écho chez les mêmes espèces, du même temps qui s’écoule entre deux appels, entre deux imitations / incitations, le même temps pour ceux qui traversent les mers, le même temps qui coule entre deux appels pour ceux qui ne les entendent pas mais tout de même guidés par tes cris, le même temps pour la parade de de préparation ton temps àtoi ton besoin de branche même fantôme même en rémanence, les cris que tu formes sont rémanents c’est les cris que tu formes qui sont rémanents ce sont les cris qui tes cries des structures de bois anciens, des plumes anciennes et des os anciens. Des structures oui qui se construisent en décompositions et ré-laborations. C’est ton travail de structure l’imitation, que ce soit la pluie ou la lumière qui te ploie et en, qui t’appuie sur les plumes c’est,

Un poids tu sais
Ton cri c’est quoi
La somme de tous les fantômes c’est
une croix faite par
la danse des extrémités
les pointes des plumes de tes ailes c’est
une croix faite par
la danse des extrémités
le seul son inouï par et pour toutes tes espèces c’est
ta seule possibilité d’identification c’est
le silence c’est
àsavoir comment le reconnaître se reconnaître c’est
des suppositions c’est
des souvenirs de branches c’est
un cadre de vie, le tien, c’est quoi
c’est les couleurs qui te constituent un spectre,
peut-être,
c’est ta branche qui porte fantôme ton toi.
CONNAISSANCE DES BECS

Il faut bien se représenter l’espace immense, l’univers qui séparer la tête d’un oiseau, de l’extrémité de ses pattes.

L’oiseau peut aisément atteindre l’espace entre ses doigts, contrairement au poisson qui, même s’il en avait, ne pourrait — sauf cas particuliers de certaines espèces, pas du tout en faire de même.

Prendre bien garde àdifférencier bec et plumes

Les plumes sont une parure et.une.protection. une parure.
Les plumes peuvent être après coup une parure.

Pour un bec il faut deux membranes dit-on que ça choque se contre l’une et l’autre, membranes.
Deux parties dures qui s’accolent.
Quel esprit existe dans ce que tu sens ?

Aussi fin soit-il, le bec doit être très résistant
Idem pour les poissons àbecs, qui sont en fait des carnassiers.

Les becs servent.

[plan de vol]

Ils en sont là, papillons, dauphins, oiseaux grands et petits,
vivants et disparus, dieux et créatures

insignifiantes.

Plus la ligne du bec est fine, plus la matière doit être résistante, les cellules resserrées.
La taille du bec doit être proportionnée non pas àla taille du gabarit de l’animal, mais plutôt / plutôt mais àl’environnement qui en détermine-ra les usages.

Les becs servent beaucoup aux oiseaux
Ou costumes en forme de pour les hommes seulement, un déguisement.
En guise de masques
En guise de masque les les becs sont construits

En guise de bouche ils saisissent
En guise de pince
En guise d’abreuvoir
En guise de protection
En guise de défense
En guise d’arme d’attaque
En guise d’accroche.
D’accroche entre espèces même ;
Qui d’entre les animaux porte bec mais ne vole.

C’est àpartir des reptiles que les oiseaux ont émergé,
c’est àpartir des reptiles que les oiseaux ont évolué.

Plumes et écailles sont une même matière.
En les tenant en sa main d’une certaine manière, par la même selon l’objet, on comprend cela, on sent la même résistance sous la pulpe, entre le pouce et l’index ou même au creux de la paume. Dans les plis la sensation est plus fine, plus subtile, plus aiguë .Les écailles s’organisent en tectoniques denses et articulées entre elles par des canaux plus minces mais non moins résistants que le cuir étanche.

Qui de rigidité leur bouche est faite ?
Qui stocke herbes et parfums ?
Qui se protège ?

Les becs parfois des corbeaux sont entrouverts,
Et les merles,
Entrouverts mais
Ce n’est pas par soif
Ce n’est pas pour crier
Ce n’est pas pour signifier quoi que ce soit.

Le nez avec le bec c’est et la bouche c’est le même organe, parfois les dents se rajoutent àla langue de l’intérieur.

Les reptiles mangeaient l’archéoptéryx qui lui mangeait la kératine sous forme de petits mammifères.
Les gros oiseaux mangent parfois les petits.
Les petits oiseaux mangent d’autres animaux volants le cas échéant.

Les plumes lorsqu’elles sortent poussent sous la surface de la peau, cela forme de petites pointes qui finalement percent l’épiderme en pics souples.

Cela fait pareil chez certains hommes qui ont / àla barbe drue, si les poils sont blancs cela ressemble vraiment àun plumage en pleine éclosion.

Jamais on a vu une aile friser
Pour nettoyer les ailes il faut des mouvements spéciaux et délicats, des coups de becs adaptés.

Les perroquets se plument pour marquer leur affection.
D’autres se plument c’est-à-dire se combattent.

Les piranhas attaquent les oiseaux distraits s’étant malencontreusement posés au-dessus d’eux et les dévorent de l’intérieur.
Le bec est la dernière chose àdisparaître, après une nuée de plumes détachées voletant et retombant en génocide. Les ailes battantes de désespoir / panique ne sont d’aucun secours.

Les oiseaux chantent mais n’ont pas de cordes vocales.
Les oiseaux chantent en boucle leur chant qui n’est ni une langue ni une parole sauf aux yeux des oreilles des hommes, mais une information.

Les homme rêvent d’avoir des ailes mais pas un bec. Mais les fabriquent.

Avoir des ailes enlève les mains mais n’enlève pas le pouvoir de le faire.

Un oiseau nu comme les chats nus ou les rats ça n’existe peu vivant.
Seul le vautour a le cou déplumé.

Avoir des les ailes ce n’est pas l’assurance de décoller.
Certaines ailes ressemblent àdes nageoires.

La mâchoire du crocodile c’est de l’os (chuchotement).


Crédits photo : Rémi Angéli, lecture de "Ménure superbe" par Axelle Glaie (voix) et Cédric Piromalli au Petit Faucheux, le 05.04.19

26 avril 2020
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