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de Paul Claudel : Chartes est loin, le blé piquant, les genoux douloureux, mais un chant invisible
de Paul Féval : entre Mont-Saint-Michel et Tombelaine des sables mouvants, grége et blanc
de Paul Valéry : le bleu intense et le blanc, une mer inconnue des enfants normands
de Paul Gadenne : l'idée d'une littérature où il fait froid malgré le soleil basque
de Paul Auster : solitude dans les foules, villes américaines
de Paul Eluard : à l'innocent, l'éblouissante merveille du monde
de Paul Verlaine : ce qui jaillit derrière les murs ne suffit pas à les renverser
de Saint-Paul : on peut marcher dans le noir et parler de la Lumière
Michèle Sales, Bordeaux

De Rimbaud. Pour ses refus. Son sens de l'invivable. Et dans les fonds, cette tendresse déchirée pour l'enfance et ses étouffements.
De Breton : Pour la clé des champs quand d'autres préféraient la Sainte Famille. Pour l'amour fou. Et tous ses intersignes.
De Char: Pour Hypnos et sa lune. pour Claire. Pour ce sens de la rencontre. Et du silence.
De Bousquet : Pour le noir de son midi, son soleil de sous la terre. Pour le rythme de sa phrase, ce Lieu où la tension entre effusion et articulation est à son comble.
De Dupin : Pour ses singes contre les signes. Pour ce silence qui lève d'entre les saccades, les syncopes de la langue que le vent qui souffle entre ses lignes avive.
Alain Freixe, Nice

De Rilke : Par l'archet d'une fleur secrète, cueille le respir de l'invisible.
D'Antonin Artaud : Vis le cri primal. Eclaire et fais jaillir les ombres.
De Gaston Bachelard : Récolte les mots matière, de feu, d'air et d'eau pour sculpter l'imaginaire en espaces libre.
De Haruki Murakami : L'étranger en soi frappe à notre porte, errons en transe pour un blues dans notre arrière pays.
Juliette Schweisguth, Gif sur Yvette

De Jean Giono (première période) : Le monde à fleur de peau. Son intelligence instinctuelle et sensualiste incarnée. Une poésie naît de vette intuition : c'est l'art.
De Samuel Beckett (seconde période) : Le monde à fleur de neurones. Son intelligence intellectuelle et rationnelle jusqu'au vertige, au désespoir et à l'absurde. Cependant, un humour, une poésie affleurent : c'est l'art.
De Friedrich Nietzsche : Pour ne pas mourir de la vérité nous avons l'intuition, la volonté de création, et l'art : Giono et Beckett (entre-autres).
Michel Hameau, Sauve

De Fernando Pessoa : Lisbonne et son immense veine de Tage en brume d'automne. Escura noiva das feridas. Vieilles nuits perlées de voix enlarmées.
De Matthieu Messagier : Des paresses le long des rues bordées de façades repeintes bleu-nuit effet clair de lune aux larmes versées d'aubes renaissantes sur les jardins saupoudrés d'éclats de rosée tirant sur le vert, se perdre en vain.
De Rimbaud : Quelques mots à l'encre de vent pour approcher d'un peu plus près ces pierres de rêve, ces robes de veines.
De William Burroughs : D'immenses adrénalines placardées aux murs & chavirant avec cercueils dans l'air désinvolte ailleurs.
Thierry Alvés, Montpellier.

De Clarice Lispector, ce creusement infini de l'être où l'on ne se noie pas.
De Sylvia Plath, les mots ,ces branches où l'on s'accroche coûte que coûte , pour ne rien perdre de soi.
De Lionel Bourg, pour l'infinie tendresse des flammèches de bruyère, souriante mélancolie.
Henri Ebrardi

De Henri Miller : A la table aux tripes, le couvert est mis. Mona s'efface dans les rues de Paris. Introspections urbaines d'un biblique ennemi, la crucifixion en rose entre les bras d'Anaïs.
De Théodore Monod : Sa planche à dessin à chaque pas lui tape sur les fesses. C'est ça qui le tient éveillé l'obstiné jeune homme, le têtu grand-père, le sillonneur de dunes, l'incroyable poète à la recherche d'une fleur. Petit prince du désert.
De Jules Verne: - La machine à vapeur, Monsieur Jules ! - Bien sûr, c'est évident, cher ami. Agissons, calculons. Mécanique et balistique. Enclenchez le processus. Droit au but ! Sus au défi ! - Capitaine Nemo, virez de bord. Cap sur l'Industrie ! Du sucre ou du lait dans votre thé?
De J.R.R Tolkien :Un jour, les histoires non écrites furent consignées et l'on cru que toujours elles avaient existées.
Christine Bié, Evry

De Kafka : Ecrire c'est sauter en dehors de la rangée des assassins.
De Cendrars : C'est pourquoi l'écriture n'est ni un songe, ni un mensonge mais de la réalité et peut-être tout ce que nous ne pourrons jamais connaître de réel.
De Jean Rouaud : La transfiguration du réèl cela doit bien encore relever du roman.
de Duras (Emily L) : Le sourire naissant arrêté dans la douceur profonde, cette façon d'être, les yeux mi-clos.
de Carver : Le temps est galant homme. C'est un sage qui a dit ça, ou peut-être une vieille femme extenuée, je ne sais plus.
Thierry Beinstingel, Saint Dizier

De Nazim HIKMET : Teindre les miroirs, enjamber la tonsure de l'hiver, à l'approche de cette brusque giclée de lumières. Pari sur l'avènement de la bataille d'aujourd'hui, pas sur l'issue de celles à venir. Ton pli, ton joug, ta chance.
De Octavio PAZ : La fenaison vénale te requiert. Qu'importe si la nuit aztèque exhibe ses pluriels, si le temps joue à la roulette russe, s'il pleut enfin sur les figures partagées, sur les silences des licornes, sur cette poursuite du rien sous couvert de tout que le sage à la fleur de lotus convoqua jadis pour abolir avec le désespoir son lancinant contraire... Car il faudra bien que l'heure vienne, comme la louve retirée des reins, comme les marées joutant dans l'orbe du soir - l'heure tienne, égarée, étale.
De Arthur RIMBAUD : Tu l'avais bien dit, cela se passe sur la même rive, ni couleur ni rumeur annonçant le lieu, il faut se dégager pour le geste qui passe et renverse, ô sois léger, là demeurant, plus là, mélangé, décrispé, mon tout lent, indéfiniment, dans la lumière enfin libre du poids du regard...Il aurait fallu venir avant, afin de mieux t'investir et, riverain, te détruire, déjà intact, assouvi, détourné, retrouvé, toi en qui je meurs...
De LAUTRÉAMONT : L'espace dont tu rêvais, agile, fait d'attouchements, de frôlements, de dérobades, espace d'aucune permanence, aux seuls horizons de fuite, aux intarissables distances. Espace sans proclamation ni pesanteur, espaces de trêves et entrelacs. Espace furtif et pervers, espace à couteaux ouverts, à l'étendue mesurée par les voiliers qu'on ne retrouvera pas. Espace aux carrefours trompeurs, aux mirages voulus, âprement guettant tes trois coups, l'avancée des pantins, ces complices au regard engourdi qu'on reconnaît aux détours à tels pâles signes à ne pas divulguer en ce lieu et cette heure...
De Sergueï ESSENINE : Toi qui écoutes, qui le sais, qui te tais, dedans ce mirador d'éclairages et d'attitudes qui seul, tranchant, irréspirable, remplace ce que l'on te ravit pour cette raison qu'encore j'ignore, qui pressens que je ne reviendrai pas aux hommes, à leurs odeurs, à leurs bruits, et qui t'élances, à l'orée du lieu celé, attentif aux seules premières lueurs de l'évènement à perpétrer qui, même de côté, comme à jamais, nous gardera leur sang, leurs filles et leur mémoire...
De Eugenio MONTALE : Le sommeil se chargera de tout, le garrot frileux innerve déjà l'écran, profanation jeune des féaux qui te roue et te dissimule, que l'assèchement à venir délie sous tes pas, celui de la toute dernière autarcie, qui se moque des parures, évacue les tièdeurs, réconcilie, inhabituel mouvement de charité, tes retraites aux flambeaux et le lent fossoyeur d'aubes. Car, sinon, comment en finir : avec l'alchimie des palmes et de l'ocre à chaque trêve, avec ces lueurs de poignard,avec les gestes baroques des femmes, avec tes caprices et ta guerre, la danse des faux et des clôtures, les mots à vomir, et, tout au bout, se faufilant, te détournant, l'avance nuptiale de l'araignée...
De Ossip MANDELSTAM : Tout ce que vous saviez que j'étais, tout ce que vous soupçonniez que j'aurais pu être, ce que je n'imaginais pas que je serai, tout ce que nous voulions et qui sera ( certes un peu différent : ni meilleur ni pire, DIFFÉRENT), tout ce qu'avec moi s'en va, mais reviendra ( comme je guette le départ et j'attends le retour!)
De Joë BOUSQUET : Il n'y a pas de dernière demeure parce qu'il n'y eut jamais de première : cela, au moins, tous ceux qui croisèrent mon chemin le savent. Qu'ils scellent le pacte, sans plier, sans s'incurver, sans s'abriter, le reste étant donné de surcroît...Qu'ils fuient l'inlassable murmure, la bouche d'ombre qui trompe et console, cette gourmandise repue, et qui tue...QU'ILS SOIENT...Parting with friends is a sadness. The only one.
De Jorge Luis BORGES : L'instant n'existe qu'en tant qu'il renvoie à tel reflet du passé qu'il parachève, amène à plénitude et ratifie, qu'en tant qu'il se projette dans le souvenir qu'il sera et qui déjà l'altère subtilement, le charge d'ombres et de saveurs nouvelles, lui rend en épaisseur ce qu'il lui ravit d'innocence...Chaque heure a un galbe, un granulé une pigmentation propre, il suffit de telle lumière, de telle rumeur en tel lieu pour que celui-ci t'appartienne, non pas de la contingente façon qui est le lot commun, mais de cette obscure, illimitée manière qui, sans illusions ni entraves, est ta part d'immortalité en ce monde...
De Constantin CAVAFYS : Incompréhensible bonheur d'être, sans faire, sans lier, sans compter, sans soupeser, sans méfiance et sans attaches...
De Gunnar EKELÖF: Plages de lumière suspendue. L'alcool irrigue les détours. Mourir, c'est assombrir le tain, furtivement, renvoyer, démentir. L'ancien dédoublement se laisse mimer, pour la toute première fois, dans cette excroissance de nuit. Débauches, volutes, rien qui situe. Vers cette patience s'avance toute une armée de somnambules.
De Carlos DRUMMOND DE ANDRADE : Tu survécus à tous les étonnements, les harnais. Tentation de l'enfantement, plus sûre que toutes. Tout est à portée de vue. L'arrêt autour, sans bleu ni cuivres. L'arrêt, à travers les pores. L'étendue bonne à dire. Nul sang ne saura t'appâter. Le bonheur n'est plus cette idée ancienne.
De Lucian BLAGA : Ce qui fut, cela seul, ramassé, réfracté, figé, recomposé, accru, regardant, te regardant,partout, toujours, subversion des perspectives, recul du faisceau, des proliférations, des devenirs, moites, trop moites, trop adroits aux yeux de l'exigence qui durcit, d'un grand vent immobile sur les terres.
De Georg TRAKL : Érige tes sillages, masqués s'avançant, entre leurs doigts les lentes figures de l'épidémie, Jusqu'à l'heure de t'abandonner au jeu des paupières, à ces bribes de silence musical, à la lassitude des feux. Ne glisser dans le bruit qu'alors, goulûment, tout exigeant de cette lumière aux abois, fracassée, les yeux cernés, sur le devant des scènes...
De Aleksandr BLOK : Franchir, affranchir, la belle histoire... Je vous la laisse, gens du possible, suspendus à la question, au flux vide, de peur d'entrevoir le libre éclair où je m'écarte, comme pour une fête...Rien n'est effacé, pas même ralenti, le front n'est pas à découvert, la tension seule rôde , à la lisière violemment éclairée,regard bleu, en exil, droit, même à côté, de toujours rompre.
André Jean NESTOR, Brasilia ( Brésil )

De St Exupery : ce petit prince de l'écriture avec un serpent ayant avalé un éléphant ressemblant à un chapeau.
Jean Maurice GARDENNE. Rouen. atelier "les plumes de pernet".
de Fernando Pessoa : Une nuque qui fuit, un nuage sur le Tage, la solitude en dentelle et tes pas dans Lisbonne.
Anne-Marie Lasserre. Rouen. atelier "les plumes de pernet".
de Philip Haddad : Shalom, shalem, paix nous sommes tous frères et c'est notre terre que nous habitons.
Geneviève. Rouen. atelier "les plumes de pernet".
De Lamartine : une blessure, un refuge près de la nature, une instropection avec les saisons "l'automne et le lac" ô temps suspend ton vol.
Jeanine. Rouen. atelier "les plumes de pernet".
De Vargas : en haleine jusqu'au bout de votre récit. Mais oui c'est bien sûr ! mais non cela n'est pas. Il me faut relire, réétudier le texte. Ah voilà, j'y suis. Monsieur où allez-vous chercher tout cela; dans combien de vies avez-vous évolué.
Colette. Rouen. atelier "les plumes de pernet".
De la Comtesse de Ségur : toute l'enfance avec l'approche de la tolérance enveloppée dans du papier de soie.
Monique. Rouen. atelier "les plumes de pernet".
De Cioran : de la douleur d'être et de vivre et de l'écrire et de le vivre.
Eric Dacharry. Rouen. atelier "les plumes de pernet".

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De Jaccottet : savoir qu'on peut du moins cela: ne pas se laisser prendre au jeu des images qui font mouche.
De Rabelais : Joie ! dès que le corps et la langue exultent.
De Rimbaud : Joie ! dès qu'on rit aux assis, aux faux-cols, à toute la bande des "pisse-lyre".
De Deleuze : Joie ! dès qu'on s'écarte : comme si l'on avait appris enfin à ne plus se mentir...
J.-M. Barnaud, Mougins.

De Jorge Amado : la magie de la rue, la musique d'un peuple, d'une terre à nulle autre pareille, et par-delà les échos d'une traduction inspirée le bruit d'une langue éminament poétique pareille à une batucada perpétuelle rythmée par la vie...
De François Rosset : le monde clos et obtu des hommes cherchant à vivre et se noyant à penser.
De Charles Juliet : la froide angoisse d'une jeunesse désemparée par l'inéluctable qui pose touche après touche, fragment après fragment, les morceaux d'une pensée pour pilier.
[non signé]

De Héraclite : de rocs et de fleuves, dans les tensions et les chaux-vives, les dieux ne sont que des gisants, quand s'avance René Char.
De Pierre-Jean Jouve : sang et sperme dans les boucles somptueuses et noires de celle qui n'est plus. Le dieu se tait.
De Bashô : Cidre nouveau dans la bolée propos de cellier il sort pour pisser
De Henri Michaux : En rangs serrés ordonnés dans les pages sur les tables dans le cadre bien ordonnés bien paginés bien toilés bien cadrés tes millle et mille fourmillements grouillements révoltés éclatés démantelés désordonnés déshabillés dépaginés détoilés décadrés Alphabet de tous les tohus-bohus et des soulèvements Hors cadre des hordes d’encre
De Jean Sénac : Cendres d’un pays naguère fabuleux qui désormais se boursoufle dans l’ensanglantement, les explosions, les tortures, les boues de l’hiver et la poussière des saisons sèches. Envolées paniques des foules de femmes et d’enfants dans le soulèvement des soies blanches et des cotonnades colorées. Djebels en longues errances plaintives. Hurlements des rues quand suinte la nappe quotidienne de l’égorgement.
De Benjamin Péret : parmi les oripeaux l’opinion d’un vieux paratonnerre et les lanières du temps, au seuil des tombeaux le miroir des mirages et les fumures de la philosophie, aux margelles du matin l’hésitation du soleil et la porcelaine sauvage des pluies, dans la fulgurance de ton ventre le rapt des déserts et les voiles de ta voix.
De Fatou Diome : Dribbles et petits-ponts, les jeunes rêveurs d'Eldorado s'en vont au Détroit se noyer. Se lèvent les femmes. Le songe du lecteur s'immisce dans les étoffes humides et mauves de la belle négresse.
Jacques ANDRÉ, Bouguenais

De Bukowski : dire l'homme, enfin, comme il est : à la fois grand et minable dans sa misère crasse, toujours touchant.
De Fante : douceur et douleur du quotidien qui devient un conte.
De Pavese : le métier de vivre et la douleur, omniprésente et déchirante.
De Michaux : l'expérience des limites au dedans, creuse encore creuse sans retenue et vois cet univers qui n'est qu'à toi.
De Pessoa : "je" sont des autres aux parcours singuliers.
De Brautigan : L'avenir est un conte nostalgique.
Eric Dacharry, Canteleu, le 17.10.2003.

De Georges Emmanuel Clancier : Du pain noir pétri au sang noir et au pain des rêves. Rien de moins naturel. Et pourtant, quelles nourritures terrestres inépuisables.
Paul Recoursé, Saint Brieuc.

De Kerouac : qui dit par saccades de rocking chair par successions comment l'or d'une "Marchesa" au demeurant auréolée par Giotto par exemple se défait dans les pulsions du néon de San Francisco San Francisco San Francisco Blues mais aussi sous le regard monosyllabique du marchand ambulant errant silhouette grinçante – dans le salut des chorus se maintient l'écho des mots ici mâchés
Yves Ughes - Grasse

De Musil : les qualitées promises, l'attente de cet autre monde, de ce rivage, encore maintenant, inscrites, choyées ici et ailleurs, c'est sûr.
Valérie Bert, Paris

De Proust : un rocher de pierre tendre à morceaux de quartz, bien à l'abri du vent.
De Jean-Loup Trassard : le charretier chemine au côté de l'attelage, tressant une mèche neuve à son fouet. Rarement, accompagner l'effort d'un claquement dans l'air, sans y toucher.
Pierre Campion, Rennes

De Lautréamont : cherche, cherche encore. Trouve ! Que reste-t-il ? Rien, la substance, le prénom tu l'as, moi aussi.
De Arthur Rimbaud : précipité par le mot fin, garçon, tu peux aller vomir, pisser, cracher, crier, hurler et entendre l'écho qui fini.
De Dominique Dussidour : y aura-t-il d'autres circonstances, tu n'aimes pas cette espèce, c'est comme d'autres hasards ; tes couteaux ne laissent pas de place pour ce genre là !
De Antonin Artaud : je regarde ce pendu, mon sexe vieillissant, différant de moi, autre de moi, étranger de moi, auparavant je me semblais plus entier dans l'ensemble.
Beghadid Benoît, Paris

De Hegel : "les blessures de l'esprit se referment sans laisser de cicatrices", ce n'est pas vrai
De Robert Bober : un livre comme le patron d'un vêtement que l'on monte dans un atelier, la voix pour l'autre voix qui s'est tue, je ne lis que dans les larmes
De Charles Juliet : journaux avant toute fiction, je n'est pas un autre, exilés des mots en cortège, aphasie prodigieusement dite
D' Edouard Glissant : le vent, les grains, les Batoutoos quand l'absence c'est comprendre, et l'ensemble immense fait sens – je ne sais pas comment
De Pavese : Lavorare stanca, il l'a écrit ! Lavorare stanca, e vivere pure, et pourtant
De Gisèle Pineau : les blessures se referment, les cicatrices sont écrites, la chair est belle, elle a une histoire
D'Aragon : comment tant de malheur rend heureux – fluidité de la langue, opacité du monde, il chante
Chantal Anglade, Paris, le 16/10/03

De Emily Dickinson: Ecrire c'est se laisser bercer, devant la solitude de la page, par un lointain chant d'abeille.
De Rimbaud: Fuir la notoriété avant qu'elle ne contamine les vers.
De Baudelaire: L'enfer, en soi-même, réside dans le feu des mots.
De Aragon: Au plus puissant foyer, de l'amour caresser la plume.
De Eluard: Le plus intime baiser s'efface au détour d'une phrase.
De Char: Un chant noué dans les gorges de l'oubli se fait poème au détour du sentier.
De José Angel Valente: Le vocabulaire se fait tendre aux rencontres hérétiques du ciel et de la terre.
De Roberto Juarroz: La plume se tient droite, le corps se penche, c'est une affaire de profondeur en soi, de conscience de la gravité... de chaque instant.
De Bernard Noël: Au cour du corps se fondent en volutes émotionnelles les subtils enlacements. Le regard porte loin le message , la main le poursuit en quête d'une autre légitimité. Ici, à l'aiguillage des os la littérature trouve son fondement. Elle éclate ensuite dans la subtilité d'un frémissement du cour.
De Blaise Cendrars: Dans un port, à l'embouchure de l'Orénoque, un fantôme poétique nous entraîne, puis nous laisse exsangue devant la porte de l'ultime estaminet, sous les quolibets de femmes éphémères.
De Khalil Gibran: Le regard d'un enfant, la tendre apparition de l'aimée, l'horizon des jours, le désert des songes...
De Edouard Glissant: Le cisèlement de la langue sur les rythmes endiablés du vaudou... Une sorte d'espérance puisée dans les vagues souvenirs des ancêtres.
De Jean Grosjean: La traversée furtive d'un village oublié. Juste son nom rayé à la frontière de la dernière demeure, puis le silence entre les haies du chemin.
De Nazim Hikmet: La solitude totale et définitive de qui veut encore s'inventer une langue... Et se trouver banni de la compagnie des hommes, définitif apatride d'une terre sans frontières.
De André Velter: Il n'est pas utile de monter si haut pour parvenir aux sommets de la littérature, l'intensité de l'émotion est seule suffisante pour percevoir l'intérêt de cet instant fragile.
De Yannis Ritsos: Dans le creux des vagues se fondent les premiers dialogues entre les amours d'une méduse et Ulysse endormi sur les coraux de la rive. Juste un petit air doux pour attendrir le chour des pleureuses intarissables.
De Alain Jouffroy: Patience, la page s'obscurcit et ce n'est jamais totalement en vain.
De Prévert: Le regard complice d'un enfant tirant derrière lui la baleine de ses rêves; un général de l'armée des Indes prisonnier d'un oiseau malicieux; le chant du pavé sous la pluie d'automne.
De Rafael Alberti: Le frétillement d'un talon pointé sur le cour. Une phrase qui se détourne devant le meurtre et le sang, laissant jaillir le cri, ... le cri des sirènes apeurées.
Xavier Lainé, Manosque

De Regis Debray : Ce chaud-froid, ce blanc noir des identités à la fois viviantes et mortifères, nos professions de foi humaniste les récusent, mais aucune culture n'y échappe sur la durée, qu'elle ait un dieu, plusieurs ou aucun.
Jean Luc VILUS, Fort de France.

De Henri Michaux : labilités. J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie. En somme, plus je lis, plus j'écris, plus je passe de ta personne à la mienne : dessus, dessous, dans moi : Toi.
Catherine Pomparat, Bordeaux.

De GHJACUMU THIERS : le bombardement de Bastia en 1943 revenant hanter nos consciences "modernes" ; la violence des sociétés revenant déchirer des consciences "neuves" ; les regards extatiques et les cris inentendus d'aujourd'hui revenant hanter les ombres fragiles des années cinquante, au sortir de la guerre, s'éveillant à quoi ?
François Renucci (pour donner à entendre une littérature (corse) encore inaudible, pour tant de raisons)

De Kurt Vonnegut Jr : Ses traductions de la souffrance et de l'absurdité donnent le rire à l'amour.
De Don DeLillo : Il ne sert à rien de croire qu'appartenir au monde nous donne la capacité de le comprendre - LUI est la capacité même de lire ce monde. Heureusement pour nous que nous savons lire.
De Chuck Palaniuk : L'important n'est pas de savoir si l'on a des raisons de se mettre en colère, mais de savoir si on en a les moyens.
Dominique Bordes, Toulouse

De Pierre Bergounioux : le premier mot, contre l'arbre le dos
De qui La case de l'oncle Tom et comment est-ce possible, 1968: grandes lettres noires brillantes, des mots écrits à prononcer, la couverture du livre de classe est verte, vert pomme
De Villon : en syllabes le vers dépecé, et plus tard Marlowe
De Genet : la main droite écrit, la main gauche branle, et jaillissent fleurs, et tombent en première page têtes décapitées
De Duras : Tarquinia éblouie, et ailleurs le corps de l'homme en tension, longtemps
De Pierre Michon : mythes chez lui, mythe de lui en Compagnie aujourd'hui, et je voudrais qu'il écrive
D' Annie Ernaux : nécessité et minimum; passions et phrases grammaticalement simples – bien sûr
Chantal Anglade, Paris

De Kafka: Je marche, mille pas, et, métamorphose, ma carapace est la couverture de ton livre! Comment expliques-tu ça?
De Montaigne: Grand écart et petits rapprochements. M'entends-tu? Attends-moi. Je suis aujourd'hui un pied ici, et un pied chez toi !Eh! l'ami! Eh! Merci d'être toi, d'être moi!
De Supervielle: Petit glissement léger derrière la porte entr'ouverte. Rires, espaces cruels. Mais, donnons nous la main et voguons vers la mort.
Simone Blanc - Le Bouchet StNicolas. Haute Loire.

De Michaux d'abord : la déchirure d'être si peu, et d'halluciné en rire, brisé, envahi, mais fluidifié
De Michaux : marteler ; comme une peau flasque, le monde, le déchirer à petite voix lucide
De Michaux aussi : l'impossible écrire, l'impossible fixer, l'impossible étreindre, parce que la vérité est musicienne
De Michaux : on ne me la fait pas
De Michaux : tenir
De Rimbaud : apprendre par coeur comme résistance aux nuits de garde
D'Eschyle : l'opaque parole en dépit de tout, dressée net, en caresse contre l'écrasement
De Faulkner : c'est toi qui parles, je commence à te comprendre, charriant tout cet abrupt
De Novarina : l'irrépressible flux de l'arrière-tête, jubilation de dynamite, d'un mot pour rire toucher le fond
De Michon : tourner et retourner, happer l'idée, la jeter finalement : c'est une phrase mais surtout une revenante
De Saint-John Perse : la présence entière ici, tout de suite, et par l'écoute, l'avenue, le surgissement
De Saint-John Perse : se lever tôt le matin, s'y mettre
De Perec : au signe plus encore qu'y croire mais c'est la seule issue ; tenir dans le vertige, et pour finir l'agencer, avec calme même le donner
Thibaud Saintin, Manille, Philippines.

De Victor Hugo : dans la rétine reste figé l'enfant à la grimace regardant le bateau qui l'abandonne s'éloigner
De Abdelwahab Meddeb : le labyrinthe de la langue m'envoûte - c'est une déconstruction si nécessaire
De Saint-John Perse : décidément je ne serai jamais d'accord avec Ferré
De Cervantès : pourquoi en faire un film, c'est déjà dans de si belles images
De Chouaki : on m'a dit qu'il écrit avec la langue arabe qui souffle derrière, un souffle d'Algérie qui fait aux oreilles, car il parle aux oreilles
Erwan Tanguy, Rennes

D'Albert Camus : Mal nommer les choses, c'est contribuer au malheur du monde.
Hervé Champollion, Paris

D'Antoine Volodine: L'étrange est la forme que prend le beau quand le beau est sans espérance
Daniel Morvan, Nantes

De Jacques Roubaud: les couleurs scandent et l'oeil écoute l'infra humain urbain dans la prose le haiboun les sonnets, un feu d'artifice
Dominique Macé, Bagnolet

De Kenneth White: Une côte, l´estran, quelques oiseaux de mer, le cri qui fuse. Commencements.
De Rimbaud : La brièveté et la dynamique, le mouvement, la phrase « Un jour je partirai » prononcée une nuit de mes dix-sept ans comme en écho.
De Hölderlin : Je le salue en dérive fluviale.
De Nezahualcóyotl : Fleur et chant – una visión poetica del universo.
De Char : La voix cassante, le feu de brindilles étouffant la cheminée, les dix cigarettes allumées dans le cendrier et fumées en même temps.
De Pound : La folie faite rythme.
De Serge Velay : La saine vigueur musicale, l´imagination d´un visage qui manque.
Artaud : L´électrochoc est la morale du monde moderne, Dieu est dans les microbes.
De Wang Wei : L´éloignement salutaire, les mille lunes échappées.
De Thoreau : La décision ferme, l´objection de conscience, l´usage de ses mains pour écrire et bâtir.
De Kenneth White : La saine vigueur qui se moque des codes, aussi bien littéraires, surtout littéraires.
André Breton : La phrase rythmée et sûre, l´en-allée nocturne au gré des signes, la ferveur poétique qui est « monde dans un baiser ».
De Nietzsche : On rêve avec lui de Sils-Maria et de Gênes, d´autres lieux de l´esprit où la pensée est rythme et marche – le reste est philosophie.
Alain Bernaud : La clarté poétique dans l´amitié et la fraternité.
De Whitman : Le grand fleuve, la liberté mue en verbe, l´affirmation quand tout contre, la multitude qui peuple tout individu.
De Michaux : Une foule arrive et hante, descente sur l´Amazone, sauve le désir d´exorcisme, la lucidité quant à la violence interne et externe, la diversité des moi à explorer et défaire.
De Rosario Grimaldi : Je t´embrasse toi que j´apprends à lire tous les jours.
De Novalis : Je rêve de l´union des sciences et des paroles poétiques, d´une connaissance de la matière qui serait rendue possible à travers une langue belle et vigoureuse. Si l´eau est une flamme liquide, alors l´encre ?
De Rousseau : Encore l´exercice de la pensée et de l´écriture dans la marche libre, vigueur de l´esprit dans un corps qui connaît ses failles mais surtout ses points d´énergie où se déclenche la sensation musicale.
De Deleuze : La pensée faite rythme.
Des romantiques allemands : Bien sûr, la forme poétique du monde.
Albert Camus : Les noces à Tipasa et partout ailleurs, malgré la douleur du monde, l´homme silencieux et vivant au-delà des grandes parades idéologiques, la sérénité sans la crispation.
De Michaux : Les voyages au dehors, porte de l´espace intérieur.
De Paul Valéry : La précision de la parole, ouverte à tous les états du corps-esprit, la pensée critique toujours recommencée.
De Gombrowitz : Parle en l´homme, chaosmos !
De Thomas Bernhard : Le souffle de l´écriture contre l´étouffement natal, l´amour du grand-père, la haine instinctive et injuste des enseignants au nom d´une pédagogie libertaire – à inventer.
Héraclite : Pourquoi écrire des livres « achevés» et des œuvres complètes quand quelques fragments essentiels restent sur le rivage ? Liberté du devenir…
Octavio Paz : Calle Francisco Sosa à Mexico, cet hiver-là, le sifflement d´un marchand ambulant au creux de la matinée ; la bibliothèque avait pris feu, retour de flamme de la parole poétique.
De Walter Benjamin : Ôtez-lui la moustache, reste le visage de l´enfant, a dit quelqu´un ; chaque jour j´entends la radio, l´émission « Lumière pour enfants, ici Berlin », 1929.
De D.H. Lawrence : La pensée cyclique, la source mythique de la poésie, dévaluée, instrumentalisée par les religions mortifères.
De Jacques Lacarrière : La proximité en Bourgogne, toujours la marche libre, surréalisme et études classiques, amour du monde et passion de la littérature.
De Le Clézio : Le rêve mexicain, l´or du monde filant dans le sablier des doigts, invisible.
Laurent Margantin, Tübingen, Allemagne

 

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De Cortázar: que le réel est ailleurs aussi, que l’appréhender c’est l’oublier
De Peter Pan: que c’est bien d’être enfant, de l’affirmer et de refuser de grandir
D’Aragon: que la femme est l’avenir de l’homme, ou peut-être pas
De Blaise Cendrars: que les cahots du transsibérien sont beaux en peinture
De Heinrich Böll: que les mots viennent plus tard
De Simone de Beauvoir: que l’on peut dire des phrases décisives du haut des escaliers de la gare de Marseille
D’Ahmadou Kourouma: qu’un éclat de rire peut traverser un livre dans lequel on ne rit jamais
De la Comtesse de Ségur: qu’il ne faut jamais sortir sans un sou dans sa poche pour les pauvres
De Denis Guedj: que l’Ecole normale a été créée sous la Révolution
Des Tricheurs: qu’après lecture du livre on peut être obnubilé par le film sans jamais l’avoir vu
De Maryse Condé: que les Haïtiens sont les pauvres des pauvres en Guadeloupe
D’Agnès Rosenstiehl: qu’il faut emporter des jumelles dans le transsibérien pour ne pas manquer les troupeaux de chameaux en Mongolie
De Peter Schneider: qu’on ne saute jamais un mur impunément
De Corinne Desarzens: que les paysans vaudois c’est un sacré panier de crabes
D’Andrée Chedid: qu’un tremblement de terre peut en cacher un autre
De Johanna Spyri: que les châteaux grisons sont hantés
De Michel Host: qu’il existe actuellement en France une littérature érotique
De Patrick Modiano: qu’une énigme peut le rester au-delà du livre
De Paul Berna: que la banlieue parisienne des années cinquante avait des rues en pente et des chevaux sans têtes
De Marie Redonnet: qu’on peut naître et mourir dans une grotte
De Tonino Benacquista: que les Italiens ont besoin de miracles pour vivre décemment
De Perec: que la rue Vilin n’existe - pour ainsi dire - plus
De René Belletto: qu’on peut se retrouver coincés sur le palier d’un troisième étage rue de la République à Lyon en cherchant Michel Soler
De Nathalie Sarraute: qu’à dix-sept ans on peut aimer la littérature sans rien y comprendre
Deta Hadorn-Planta, Bienne (Suisse)

De Blanchot : traduire cette rencontre essentielle de l'espace infini du dedans et de celui du dehors.
De Robert Kelly : Tout langage est une langue étrangère, et nous sommes tous des exilés qui essaient d'exprimer la langue "originale" de l'esprit, et du corps, avec la langue "secondaire" du mot écrit.
Charlotte Mandel, Annandale-on-Hudson, New York

De Doris Lessing, quand une femme, au travers du deuil des années, ne prétend pas à autre chose qu'être au chaos du monde ce que lui doit le désordre des années.
Aïcha Chehida. Paris

De Louis Guilloux: Vous êtes à la fenêtre, côté ville. Au-delà du cimetière Saint Michel où repose le père d’Albert Camus, vous rêvez une fois de plus de départ. Je vous imagine écrivain – songeur au milieu d’un ébranlement de train porté par les vents du Sud.
De Louis Guilloux: Vous regardez à l’horizon de la Baie, par la fenêtre opposée. Vous voici plongé dans la mer rassurante et terrifiante à la fois. Sans doute, accompagnez – vous votre ami qui nage sans espoir de retour.
De Louis Guilloux: Ou bien, vous voilà à La Granville d’Hillion, aux côtés de Merlin – Palante dont le cri pur ne pouvait décidément pas franchir le murs dressés par les vainqueurs de ce siècle naissant.
De Louis Guilloux: Vous avez fait un tour en ville et vous voici aux prises avec vos paperasses dispersées par un sale petit flic aux ordres de l’occupant. De ce lent jeu de patience sortira la chronique d’un peuple toujours à la recherche de sa maison.
De Louis Guilloux: Vos compagnons en écriture vous habitent et pour mieux encore brouillonner les pistes, vous en inventez d’autres, des ratés, des vaincus en leur pays dominé, des géniaux cependant qui voient au dernier moment ce qu’il aurait fallu écrire. Mais, c’est trop tard. On ne revit jamais ses vingt ans, la belle âge.
De Louis Guilloux: Je vous vois en votre fabrique de textes, raturant, reprenant cent fois vos épreuves et déjà impatient d’être ailleurs que dans cette ville qui étouffe et vous oppresse. Et c’est pour mieux y revenir que vous prendrez le train pour la capitale où les hommes ont également bien du combat pour sortir la tête de l’eau dans ce monde dont les apparences ne vous trompent pas.
Paul Recoursé, Saint Brieuc

De Marina Tsvetaeva : Du typhus et des cheveux courts des femmes – en lutte pour la parole poétique observer, écrire, aimer avec fierté le vivre quotidien au milieu des tourments et des blessures de l’Histoire.
D’Olivier Py : Contre les tièdes, contre les étriqués, contre les échaudés réaffirmer la splendeur généreuse de la représentation et des corps, partager la tragique joie de ce qui ne finira jamais.
De Blaise Cendrars : Partir, se bagarrer, serrer à pleins bras les histoires du monde, étreindre les villes et les quais, les cœurs et les machines, aller et repartir à la ligne, à la page, ivre et en vain.
Dominique Dussidour, Paris

De Lautréamont : Ma subjectivité et le Créateur, c’est trop pour un cerveau.
De Chet Baker : 1963 fut une excellente année. Je parvins à ne pas me droguer de manière excessive.
De Raoul Vaneigem : Ce qui est en jeu, c’est une refonte radicale de la société et d’un enseignement qui n’a pas encore découvert que chaque enfant, que chaque adolescent possède à l’état brut l’unique richesse de l’homme, sa créativité.
De Pier Paolo Pasolini : L’air était tendu et ronflant comme une peau de tambour ; les pisses qui rayaient le trottoir séchaient à peine faites ; les tas d’ordures s’éboulaient, grillés, et ayant perdu toute odeur.
De Gaston Bachelard : Au fond, un visage humain, c’est déjà une planche du Rorschach.
De Primo Levi : Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres portent sur nous : aussi peut-on qualifier de non-humaine l’expérience de qui a vécu des jours où l’homme a été un objet aux yeux de l’homme.
De René Char : L’écriture : pour certains, la distraction horrible. Pour nous : le liseron du sang puisé à même le rocher, liseron élevé au-dessus d’une vie enfin jointe, liseron non invoqué en preuve.
De Michel Butor : On nous a frustrés de notre été, on veut nous interdire le Sud, mais nous irons jusqu’à la campagne romaine pour y retrouver les vertus des Anciens. Telle la première mesure d’une sonate pour piano.
D’Henri Michaux : Qui a rejeté ses démons nous importune avec ses anges.
D’André Breton : C’était plus qu’improbable, c’est donc exprès.
De Gustave Flaubert : Ouvrier. Toujours honnête quand il ne fait pas d’émeutes.
De Walter Benjamin : La conséquence logique du fascisme est une esthétisation de la politique.
De Pierre Michon : Il y a longtemps que Rimbaud ne respire plus. Carjat déclenche. La lumière se rue sur les halogénures.
Dominique Hasselmann, Paris

De Marcel Proust : La possibilité de parler de la vitre comme on parle de la mer, le présent dans l’attente, les rails, l’arrivée.
De Jean Genet : Le détournement des lieux et des phrases, savoir faire surgir un parapluie à Montmartre sans que l’on n’y retrouve ni l’objet ni le lieu, mais autre chose: mystère.
De Violette Leduc : La réflexion sur l’écriture (une fois débarrassée de la plainte), l’entrée au cœur de la matière, le rythme, oser.
De Janet Frame : Explorer son univers intérieur sans déroger, la citation comme source de vie, enfin une structure du roman qui me va, l’usage du maori, la juste place près de la folie.
De Nathalie Sarraute : Un accompagnement dans l’hésitation de la plus grande précision possible, le goût du blanc, du mat, de la matière.
De Guy de Maupassant : La gare en fleurs dans une nouvelle sur le froid et la mort, la chute.
De Colette Vivier : Le plaisir à rappeler un détail, la vraie chaleur humaine, une énigme : comment réussir à parler si exactement aux enfants.
De Joris-Karl Huysmans : Les noms de fleurs, de bagages, le clos, le confiné.
De Georges Perec : Les noms de choses et le plaisir physique de les posséder en les écrivant, l’envie de faire des listes, les croisements.
De Nicolas Bouvier : La précision, toujours, l’érudition, savoir dire la neige de Tabriz et ne pas se raconter d’histoires. Tracer.
De Virginia Woolf : La névrose et le vivant en même temps, la maison traversée par le vent, la palpitation.
Anne Savelli, Paris

De Char : ne rien abandonner du feu qui nous anime au sourire convenu des loquaces, pas plus qu'à la crispation, au bon droit, des sentinelles de l'ordre.
De Simone Weil : partout où se dresse l'armure de la force, cherche l'issue vers quelle clarté, vers quelle douceur, vers quelle audace...
De Hölderlin : n'est-ce pas ici maintenant que tout se donne, puisque le ciel est embrum?
De Joë Bousquet : tu accueilles ce qui vient comme la chance unique. Et que la mort se fasse une raison de n'avoir que la mort à se mettre sous la dent...
J.-M. Barnaud, Mougins.

De Marguerite Duras : Ce qui au loin tremble, se joint à n’être plus qu’une ligne d’horizon - un nom sans adjectif – et pourtant ça résonne dans toute la mer. C’est là, évident.
De Charles Juliet : Laisser aller à nu, creuser un incroyable vide et faire remonter des mots crus comme des cailloux, durs et simples, luisants.
De François Bon : Face, faire face, avoir dans la main le fléau de haute balance et être debout, pieds ancrés et tête là-haut pour résister aux vents poussées furieuses des vents contre les murs des villes.
De Gérard Noiret : Du crayon hésitant tu traces ce que tu ne crois pas être un mot, et pourtant te voilà disant, écrivant, tu traces et ton pinceau t’enseigne. S’accepter brouillon.
Michèle Sales, Bordeaux.

De Maurice Blanchot: Rien ne précède l'écriture.
De Samuel Beckett: Mais que foutait Dieu avant la Création du monde?
Philippe De Jonckheere, Noisy-le-Grand, 11 octobre 2003

 

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