remue.net, le bulletin

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croix gammées sur les livres (résister) ___ Sagan, Volkovitch, Senges (réfléchir) ___ Roman des redditions sans conditions et autres livres (lire) ___ Je me fabrique une pensée d'évasion (ateliers d'écriture) ___ mention spéciale (Laurent Grisel, Esthétique de la résistance) ___

croix gammées sur les livres

C'est lassant de s'énerver, protester, geindre ou rouspéter, mais c'est comme ça: l'obligation de faire barrage, tenir contre ces vagues de salissure. Le moindre éclat de bonheur, et on attire les cloportes. Aimez la folie musicienne de Bernard Lubat et son Uzeste musical ou pas, ces gens-là, aidés d'Ernest Pignon-Ernest, de Bernard Manciet, avec la visite en août d'Edouard Glissant, installent une librairie ouverte à l'année et l'intitulent Maison de la mémoire en marche, elle a été vandalisée à coups de barres de fer, mardi soir, et des croix gammées dessinées sur les murs. Nous nous associons bien sûr à leur colère. Mettez leur un message, on se sent moins seul.

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Sagan, Volkovitch, Senges

Quand quelqu'un comme Sagan meurt, c'est forcément le moment où on a découvert ses livres, et la façon dont ils vous ont traversé, qui resurgit, on le revisite en soi de façon différente: un bref hommage de Dominique Dussidour. Michel Volkovitch, c'est dans la Quinzaine Littéraire, avant-dernière page, son "coup de langue" pas toujours tendre, mais dans le sourire toujours, et cahque fois une petite lucarne percée sur le fond de la langue. Comme j'en fais moi-même les frais (amicalement) dans ce n° de la Quinzaine, l'occasion de rappeler que le 1er de chaque mois Michel Volkovitch reprend cette chronique, plus quelques réflexions, dans ses pages d'écriture. Ces sites Internet, où on réfléchit à voix haute, sont désormais un lieu à part de partage, recherche, qui a besoin d'être libre, exagéré, voir aussi Patrick Rebollar, lisant cette semaine Echenoz ou Christine Angot. Alors qu'un écrivain ami, et non des moindres (comme ami, et comme écrivain), est convoqué au tribunal correctionnel, sans sommation préalable, pour reproduction sur son site d'une réflexion de cette sorte, qu'on avait été 5 ou 6 sites à diffuser aussi (qu'on nous permette de garder cela provisoirement sous silence), soyons d'autant plus attentifs à cette face discrète de la création collective, en pleine ambiguïté juridique quand s'y joue notre liberté d'opinion, de création. Et c'est aussi sous-jacent dans le "Rebonds" que Pierre Senges a publié cette semaine dans Libération: la boîte qui fait meuh.

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Musée des redditions sans conditions, et autres livres
Virginie Lalucq est dans la Polygraphe, chez Compact, et on peut l'entendre cette semaine s'entretenir avec Jean-Luc Nancy et André Velter dans Poésie sur parole de France-Culture. zazieweb c'est toujours la même effervescence Internet et littérature: l'almanach poétique de Florence Trocmé (chaque jour, une citation de poète) en est à sa millième, performance qu'on salue. Ainsi que la page plus discrète, mais quasi oulipienne, de Michel Bernard: un centenaire par jour (aujourd'hui, centenaire de la mort de Lefcadio Hearn!). Côté livres, Ronald Klapka revient sur Jean-Luc Nancy et sur Mario Luzi, Dominique Dussidour sur Paul Auster et sur un livre complètement atypique et exigeant: Le musée des redditions sans conditions de Dubravka Ugresik qui n'est pas simplement une traduction du serbo-croate, mais un regard depuis Zagreb sur la totalité de notre Europe et des valeurs de civilisation, avec une force qui l'apparente à Robert Musil (l'étonnant chapitre sur la question Was ist Kunst? en promenade dans une expo photo au jardin zoologique de Berlin)... Mais aussi Thierry Gillyboeuf, Jaime Sabines, Christian Gailly: notre rubrique On a lu, lisez donc... Enfin un salut à la revue Loxias, très riche sommaire de son n°6.

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"Je me fabrique une pensée d'évasion..."

Rien de commun, sauf d'arriver le même matin dans la boîte aux lettres de remue.net:
Ecrire, un processus est un numéro spécial de la revue Art & Thérapie, dirigée par Jean-Pierre Klein. Ce numéro est entièrement consacré à l'utilisation de l'écriture créative en situation de soin. Jean-Pierre Klein intervient lui-même en donnant le mode d'emploi de ses ateliers d'écriture théâtrale, avec mise en jeu, avec cette belle formule "écrire ses multiples".
C'est un pyschologue, Nicolas Brémaud, qui ouvre le numéro par une réflexion sur Artaud, citant sa phrase : "Je me fabrique une pensée d'évasion." Un positionnement donc très clair sur la littérature ici non pas finalité, mais au service du soin, avec deux contributions impressionnantes sur l'usage de la fiction et du récit autobiographique avec d'une part les "jeunes suicidants", d'autre part les victimes d'inceste.
La remarquable tenue de cette parution nous importe aussi par rapport aux tentations, ou aux tentatives, dont n'est pas exempte l'éducation nationale, de faire l'amalgame entre l'usage pédagogique ou artistique de l'écriture créative et son usage en situation de soin. Nous prétendons à la double maturité, à l'autonomie des démarches, et à un dialogue qui nous nourrit réciproquement: cela devient de plus en plus manifeste, et tant mieux.
L'autre parution, Le voyage a été long c'est précisément l'écriture créative en situation pédagogique. Mais une situation très particulière: une classe de "français langue seconde" au collège Jean Moulin de Poitiers, sous la direction de Christine Maury, leur enseignante.
Il s'agit d'élèves qui sont en France depuis au plus 3 ans. Ils viennent de 18 pays différents. Ecriture autonome, textes dictés, textes écrits en langue originale puis traduits, la convocation de dispositifs multiples est aussi un des principaux intérêts de ce recueil. La gamme des situations, des voyages, en fait un outil formidable pour toutes les classes de ce type, et même un véritable manuel de lecture. En outre, on en sort avec chaud au coeur.
Renseignements et contacts sur notre page infos ateliers d'écriture.

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mention spéciale: Laurent Grisel, Esthétique de la résistance

C'est un compagnonnage solide, Laurent Grisel participant au comité de rédaction de remue.net, mais conduisant son propre site: PoesiesChoises.net. Ce qui n'exclut pas les croisements, comme lors du décès de Cid Corman, ou la récente intervention de Laurent Grisel dans la revue de remue.net: Changeons d'espace et de temps. Nous lançons, avec l'aide de Philippe de Jonckheere, une lecture d'un livre fondamental: Esthétiques de la résistance, de Peter Weiss. Chaque semaine, une note de lecture parmi cet océan, commentée ou pas. On commence doucement, c'est une ébauche qu'on va compléter de commentaires, présentation, mais début d'une navigation au long cours, et pour nous un symbole: Esthétique de la résistance. Ajoutons que Laurent Grisel lira son livre La Nasse le 29 septembre, à Paris rue Lepic.