remue.net, le bulletin

le dimanche 2 novembre 2003

liens, lectures, humeurs, découvertes
en 14 épisodes brefs

1 - 1200 visites la dernière semaine sur nos pages actu, pour 22 000 pages ouvertes sur la totalité du site, aussi vous faites peut-être déjà partie de celles et ceux qui suivent au jour le jour nos infos web.

2 - Dans l'ordre de mise en ligne, la joie de relayer la remise de la Légion d'honneur à une des plus emblématiques libraires parisiennes, Colette Kerber, dont les "Cahiers de Colette", rue Rambuteau, ont récemment été agrandis. Le ministre s'est déplacé lui-même, ce qui nous donne l'occasion à nous aussi d'un petit carnet photo.

3 - Comme pour leur précédent dossier Edward bond, le théâtre de la Colline se lance dans une véritable "mise en scène Internet" pour un dossier Claude Régy, très complet, vidéo, entretiens (aussi avec les acteurs), des rencontres avec des scientifiques etc. Là, Internet devient un apport complémentaire considérable et vivant. On complète de quelques liens concernant Claude Régy et son scénographe, de nos meilleurs, Daniel Jeannetau (relire ses notes sur le vide). Ajoutons que theatre-contemporain.net, dans ses ressources audio/vidéo, présente cette semaine un entretien avec Armelle Stépien, chargée à la Colline de tout ce qui concerne les interventions d'artistes dans les établissements d'enseignement, ateliers, stages, comité de lecture (j'ai moi-même travaillé beaucoup avec Armelle, en particulier au lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois et à l'IUFM Créteil). L'occasion d'une belle mise au point sur l'intérêt et la densité de ces expériences...

4 - Dans les nouveautés annoncées aux éditions de Minuit, les premières pages d'un texte de Koltès, improvisation poétique à partir du Cantique des Cantiques traduit par Henri Meschonnic:Koltès inattendu, Koltès quand même: La Marche...

5 - Jean-Michel Maulpoix, avec son "anthologie subjective de la littérature contemporaine", nourrissait son site, versant poésie, en parallèle de remue.net, versant prose. Si remue.net a choisi une démarche plus collective pour continuer d'y prétendre, Jean-Michel a trouvé un autre rythme: les ressources de son site sont toujours considérables et exigeantes, mais moins de "nouveau": voici cette semaine son approche de Philippe Jaccottet, avec bibliographie et incises.

6 - Le site Maurice blanchot, qu'anime Éric hoppenot, continue ses mises en ligne, en particulier par les contributions au colloque "Le féminin à l'oeuvre dans l'écriture de Blanchot".

7 - La littérature et son dehors: genres non fictionnels au 20ème siècle, question qui nous traverse tous. C'est un séminaire qui aura lieu à la Sorbonne, mais dont les enregistrements seront accessibles en ligne le soir même. Rien de si étonnant, quand on sait qu'Alexandre Gefen, le fondateur de Fabula, en est des organisateurs. Là aussi, ébauche de nouvelles formes via le virtuel.

8 - A la maison européenne de la photographie, expo Alain Fleischer qui est l'occasion d'une étonnante appropriation artistique de théories d'astrophysique. A signaler la réédition chez Léo Scheer de son premier "roman", dans la mythique collection Textes, fin des années 70, Alain Fleischer proposait la page 100 d'un roman, 99 fois réitérée, chaque fois avec mince variation intérieure multipliant les possibles d'une livre qui resterait inconnu: j'ai fait la postface, plus sage.

9 - L'expérience Double Change ce n'est pas seulement des lectures bilingues, mais un site et un dialogue de fond entre poésie française et américaine.

10 - Côté humeur, commençons léger : la semaine dernière, dans la presse littéraire en grand placard d'Albin Michel pour un livre relatant "dix ans d'initiation en Chine". Le livre est peut-être très bien, mais proclamer en gros "L'Empire des Signes", titre du légendaire livre de Roland Barthes.. sur le Japon, c'est soit inculture, soit muflerie? L'occasion de revisiter quelques liens Barthes, dont la progressive mise en ligne audio des cours au Collège de France.

11 - Léger toujours, la décadence du système des prix littéraires dans ce petit détail des Médicis et Renaudot remis à l'hôtel Crillon, fitness et salons: visite virtuelle possible, les lieux ne sont pas indifférents.

12 - Moins léger, l'esbrouffe et le soutien médiatique à l'opération "J'aime ma boîte". Ne pas manquer visite du site jaimemaboite.com, en particulier leur "boîte à idées". Nous, en littérature, on doit en manquer, de ces idées-là. Ça met plus en rage quand ces épigones de M. Madelin choisissent pour logo ETHIC ("Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance") et qu'on découvre qu'ils sont grassement sponsorisés par le Sénat: on devrait licencier le Sénat (sauf Jack Ralite) pour faute grave. Le site d'art contemporain Le Terrier propose un concours, pour la plus verte réponse à leur faire. Signe d'époque...On espère que François Salvaing, auteur de La Boîte il y a quelques années, mais sur un autre registre, a su se faire offrir un copyright...

13 - Guérison salutaire, on respire un meilleur air dans "METALEUROP, paroles ouvrières". Tout au long du conflit social dont on se souvient, Frédéric H. Fajardie s'est rendu dans la salle des mariages de Noyelles-Godault, pour recueillir à la source les témoignages des ouvriers. Le petit livre paraît chez 1001 Nuits, droits d'auteurs versés à l'association Choeurs de fondeurs des anciens salariés. Et une postface de Fajardie ouvrant sur d'autres niveaux de complexité de notre intervention d'artistes dans le monde social. Avec Perte d'emploi, perte de soi (Danièle Linhart), Violences urbaines, violence sociale (Beaud et Pialoux) côté sociologie, et Ouvrière (Franck Magloire), La disparition de la classe ouvrière (Aurélie Filipetti) côté littérature, plus la réédition que nous avons signalée des Mémoires de l'Enclave de Jean-Paul Goux chez Actes Sud, plus Central de Thierry Beinstingel et quelques autres, on prend lentement et mieux conscience des enjeux de langage...

14 - Et pour finir. Il y a un an bientôt, nous apprenions la mise à l'encan de la collction Breton, et 3400 personnes signeraient en quelques mois l'appel lancé par Mathieu Bénézet. "André Breton à l'encan: vulgaire" titrait Yves Bonnefoy, tandis que Didier Daeninck lançait l'anagramme "ANDRE BRETON: TE BRADER NON". Philippe Lançon, dans Charlie Hebdo et non dans Libération, analyse trois livres consacrés à Cocteau, et contribue à ce qu'on comprenne un peu mieux la défiance qui demeure vis-à-vis du surréalisme. Hymnes à la machine sociale-molle..., on se permet de reprendre cet article. Notre dossier est toujours en ligne. Et la question du statut de la littérature, ouverte : on a choisi notre camp. A relire, le texte de Julien Gracq : "Il y avait ici un refuge contre tout le machinal du monde..."

 

pour remue.net, François Bon

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