Réactions à la vente Breton

message transmis à la liste des signataires de l'appel Breton, le samedi 12 avril – modération et coordination de l'appel Breton : Laurent Margantin

dossier Breton sur remue.net
page d'infos vente Breton

Décidément, depuis le début de la vente, le verdict d´Yves Bonnefoy en janvier dernier se confirme: vulgarité. Il ne se passe pas un jour sans que les partisans de la dispersion étalent leur ignorance et leur bêtise en public. Ainsi jeudi dernier, sur France Culture (!), dans une émission consacrée aux donations et fondations, Eric Buffetaud, commissaire priseur fier d´être logé en face de Drouot, déclarait: "Pourquoi faire une fondation pour y mettre des moules à gaufres" ? Et aujourd´hui, dans Libération, Pierre Bergé: "Toutes les pleureuses feraient mieux de s´occuper de leur propre jardin. Il vaut mieux que ces objets aillent chez des amateurs, qui conserveront leurs acquisitions avec passion, plutôt qu´on les cache dans des musées lointains, où ils n´intéresseront guère".
Curieux comme, dès lors que des citoyens s´engagent totalement et avec passion pour la sauvegarde d´une oeuvre rare et mettent en péril des intérêts privés, il devient facile de les insulter. Ici comme ailleurs, la justesse de notre cause se mesure aussi au mépris de nos adversaires. Dans cette affaire, on demande à 3500 signataires "de s´occuper de leur propre jardin"... et de laisser les collectionneurs s´occuper de leurs investissements en paix. LM .
 
Réactions à la vente Breton
La vente Breton aura eu le mérite de mettre en évidence le curieux rapprochement entre un commissaire-priseur entendu sur Fr-Cul le jour de la vente, se targuant d'opérer quasi un geste surréaliste en participant de cette dispersion ("le même que celui d'André Breton qui a beaucoup vendu" sic) et un fervent "surréaliste" vu sur Fr 3 devant Drouot vociférant contre ceux qui la dénonçaient au motif que cet empêchement allait à l'encontre de l'idée même du surréalisme, de la révolution surréaliste… Ben voyons ! Qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et une vente pour autre chose qu'une affaire de gros sous ?
Le même petit commissaire-priseur a montré tout le mépris qu'il fallait à l'encontre de ceux qui avaient signé ladite pétition, dont la plupart, a-t-il cru bon de préciser, n'avait jamais visité le 42 rue Fontaine, voire ne connaissait pas son existence. Comme j'en suis de ces pétitionnaires ignorants, comme je ne connais pas davantage ce petit commerçant de chez Drouot, j'aurais aimé lui faire remarquer que d'autres (ou les mêmes) ignorants se sont élevés en son temps et trop tard, hélas!, contre la destruction des boudhas de Bamiyan en Afghanistan, sans les avoir jamais vus. Mais vérité à Kaboul ne vaut rien à Paris !
Franchement autant de bêtises et de suffisance en deux interventions entendues ce lundi-là avaient de quoi désespérer un régiment de GI's…ou n'importe quel ministre de la communication, fut-il irakien (la même légèreté vaguement hautaine entendue de nouveau mercredi soir à Fr Cul de la part de Jean Lebrun, dans Pot-au-feu, bien décevante celle-là).
J'ai lu aussi l'instructif et amusé compte-rendu de Laurent Laurent de cette triste et mémorable journée : moi qui vis dans une cîté ouvrière dont les lettres de noblesse tiennent à ses bateaux mais aussi et surtout à des ouvriers qui savent se faire entendre quand le mépris à leur encontre dépasse les bornes, d'eux j'ai appris que lorsque le langage devient à ce point vide de sens, vide de communication et d'un minimum de respect pour l'interlocuteur en face, toute parole devient inutile et d'autres façons d'être entendus sont alors nécessaires, non moins estimables. Pour avoir mené l'an dernier, avec d'autres instits, une lutte qui fit grand bruit pour que seulement les enfants de Loire-Atlantique aient les mêmes moyens que les autres enfants de France, et avoir été traités comme il se doit par les gouvernants d'alors (c'est-à-dire avec le même cynisme et la même morgue suffisante qu'entendus ces jours derniers autour de la vente Breton), nous avons fait l'expérience de la nécessité d'autres langages, celui des mains, des corps, d'un engagement physique, charnel, libérateur, en quoi cette bagarre revigorante de plusieurs semaines, menée à Nantes, dans cette ville chère au surréalisme, ressortait d'un geste autrement "surréaliste" que cette vente destructrice de mémoire. Et ce n'est pas Luc (Douillard) qui me contredira sur ce point puisque nous y fûmes côte-à-côte. C'est pourquoi à la merveilleuse révolte des objets qu'il appelle de ses v∫ux, il faut préférer celle décidée et bien réelle des humains.
  Jean-Pierre Suaudeau, enseignant (Loire Atlantique)
 
 
Merci à Mathieu Bénézet, François Bon, Laurent Margantin de ne surtout pas laisser tomber la colère et la réflexion devant la "vente Breton". Et à mon sens les termes de "la vente Breton"  sont inappropriés pour nommer ce qui se passe. C'est à proprement parler une braderie indigne, un dépeçage indécent de l'invention de l'art,  et une confiscation sans nom du regard et de la jouissance que chacun et tous sommes en droit d'attendre de cette invention de l'art et des découvertes buissonnières, nomades, singulières qu' André Breton a suscité.
La dispersion de sa collection est une honte et une perte "incalculable" pour l'art, le regard et la mémoire collective. Une perte "incalculable" et les commissaires-priseurs si prompts à faire surenchérir et à profiter de l'invention de l'art d'André Breton ne chiffreront jamais, jamais le montant global de la perte. Devant cette impossibilité, ne restera que le calcul des gains, en fin de comptes et au fond indigent malgré certains chiffres vertigineux !
Le texte d'Hervé Le Crosnier, après de nombreux textes, donne d'utiles points de repères pour nourrir et la colère et la réflexion. Sa lucidité empêche toute indifférence à l'égard de la braderie et du dépeçage en question. L'avertissement est clairement donné par rapport au patrimoine culturel, par rapport au "présent culturel"  ;: ceux des créateurs, mais aussi ceux des regardeurs, des lecteurs.
Détournement, vol en toute légalité d'une oeuvre inaliénable à la croisée de multiples autres oeuvres ?
Jean Gabriel Cosculluela
écrivain, traducteur, conservateur territorial des bibliotèhèques
 
 

 

Vu de loin, combat un brin absurde, surréaliste en diable...mais j'aime la notion de mémoire collective...
comment une municipalité, une association n'a pas mis sur la table assez de fric pour sauver le morceau... d'ailleurs pourquoi cette vente? pour payer des droits d'héritage? une autre raison?  Car finalement le produit de cette vente va à quelqu'un... la fille de Breton? ou est-ce par saisie? combien fallait-il payer?....
 Je ne comprends pas qu'un sponsor ne s'est pas trouvé pour
acquérir le tout.
Même le plus débile des bleds pourrait se payer un musée Breton dans une case ad-hoc... il y aurait bien 15 visiteurs par an...
 Bernard Delville
membre de la confrérie des 9 millions de surréalistes belges
car en Belgique
la plupart des situations politico-culturelles relèvent de l'absurde à la puissance 5


Je n'ai pas pu être présent lors de votre action. J'ai néanmoins publié un article sur mon site : http://site.voila.fr/Cahier_Virtuel
Bien à vous,
L.D.  
  (On conseille d´aller voir, ressources également sur Nietzsche - LM)
 
 

Une lettre à Vincent Noce, spécialiste culinaire surréaliste
Vous avez décidé, après l'ouverture, le 7 avril, de la "Vente de la collection André Breton" à l'Hôtel Drouot à Paris, de tenir un feuilleton quotidien des enchères.
Breton, ça n'a pas de prix !
Outre l'aspect nécrophage (peut-être normal, après tout, chez un chroniqueur habituellement culinaire) que l'on retire de ces articles, on sent chez vous comme une sorte de jubilation mal dissimulée à voir ainsi dispersés tous les jours les éléments d'un ensemble artistique et révolutionnaire qui était un pan - et non un "mur" à la Werner Spiess - de notre mémoire personnelle et culturelle.
Il manque pourtant dans vos compte rendus les menus plus détaillés (apéritifs, entrées, plats de résistance, desserts, digestifs...) que de simples dépêches AFP savent nous donner avec précision, et sans provoquer un certain haut-le-c∫eur.
Il faut dire que votre gâte-sauce H.-F. Debailleux, qui vous accompagne dans ces agapes, n'est pas là pour éclaircir ce brouet que vous nous servez platement.
Au fait, puisque vous citez ce matin Jacques Vaché, informez donc les lecteurs de "Libération" qu'une prochaine vente de ses biens est prévue dans une galerie parisienne (voir la "gazette" Calmels Cohen). Ainsi le "panorama" (comme on disait des "passages" du temps des surréalistes)  serait complet.
Un dernier conseil : puisque vous êtes féru en gastronomie, allez donc déjeuner, jusqu'au 17 avril, à la brasserie "Le Cardinal" (à côté de la salle Drouot), car vous qui prenez plaisir à dauber sur le "pape" du surréalisme, c'est un lieu au nom tout indiqué pour vous requinquer!
Dominique Hasselmann
 
 
Arte après la bagarre
A peine un petit problème de fuseau horaire pour Arte, qui s´engage dans le débat le 19 avril, au lendemain de la fin de la vente !
grâce à "La Lucarne" du samedi minuit, on pourra seulement mesurer... l'étendue de la perte et du gâchis....

L'ATELIER D'ANDRE BRETON
SAMEDI
19 avril 2003
Documentaire · 25 MIN · PDC 00.15
Ce documentaire a été tourné en 1994 dans l'atelier parisien d'André Breton, où il vécut avec sa fille Aube et sa femme Élisa. Depuis 1966, date de la mort de l'écrivain, l'atelier est resté dans son état d'origine...
 
Documentaire de Fabrice Maze (France, 1994 1h20mn)
  Grand collectionneur, Breton a rassemblé au cours de sa vie des objets aussi hétéroclites qu'insolites. Il les a disposés dans son atelier avec un soin d'artiste, associant cuillères en bois, bronzes chinois, masques et tablettes de glyphes mayas, photographies et tableaux surréalistes. Au cours d'une rêverie sonore et visuelle, la caméra plane dans cet espace magique. Elle fait surgir le détail d'un tableau de Dali. Les objets s'animent sur fond de chant d'oiseau à la nostalgie lancinante. De ce laboratoire de l'imaginaire, espace à la fois intime et cosmique, la voix de l'écrivain émerge : "Il est assez  généralement reconnu aujourd'hui que le surréalisme a contribué pour une grande part à modeler la sensibilité moderne..." Évoquant ses ruptures amicales, qui ont défrayé les chroniques littéraires de la première moitié du siècle, ainsi que ses voyages chez les Indiens Zuni et Hopi, il revient sur sa vie et son œuvre : "J'ai le sentiment de ne pas avoir démérité des aspirations de ma jeunesse et c'est déjà beaucoup à mes yeux. Ma vie aura été vouée à ce que je tenais pour beau et pour juste."
 


le bulletin remue.net est transmis, ce mardi 12 avril 2003, à 951 abonnés

 

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