Une librairie ferme

Elle était la librairie des nouveautés. Avec une belle proposition en sciences humaines et en poésie. L’accueil y était parfois bourru à l’instar des célèbres bouchons gastronomiques de la ville. La librairie a fermé ses portes, une banque va bientôt y ouvrir les siennes.

Pour sûr que dans ce nouveau lieu on ne lira pas : Que t’a fait la vie ? Qu’as-tu fait à la vie ? et la saga du Général Hinstin qui ne s’imaginait pas déménager du cimetière de Montparnasse pour rejoindre l’espace imaginaire d’un écrivain.

Quel taux de crédibilité pour Jean-Pierre Siméon qui s’interroge : Disons-le ainsi : il règne autour de l’objet théâtral un certain climat, un brouillard de faits, d’attitudes, de signes distinctifs que l’ensemble des protagonistes du théâtre génère.
Un texte polémique ? Tant mieux si le théâtre fait encore parler. Essayez donc de débattre avec un distributeur de billets ?

Vendra-t-on au guichet Fin de l’histoire de François Bégaudeau ? Encore un livre qui ne laisse pas de marbre, bouscule son lecteur et le tient éveillé : Quand les médias poussent la brouette à événements « faut que ça avance, faut que ça émeuve ». Il est bon que la littérature les contraigne à rester en place.

Face à la vitrine aux livres absents, le titre choisi par Olivia Rosenthal On n’est pas là pour disparaître sonne étrangement, d’être un homme c’est trop compliqué. Il est vrai que certains jours cela reposerait de penser comme un brin d’herbe ou un prospectus.

L’homme hermétique est celui qui à force de se forger une carapace hors norme (tel le corps extravaguant : près d’un quintal et demi - on n’en est plus à l’embonpoint - de Paul) se retire en lui-même pour ne plus en sortir. Lionel-Edouard Martin nous secoue lui aussi devant la vitrine au coeur froid.

Sur le site, il y a le rendez-vous régulier avec ceux qui donnent à lire leurs périples, leurs chantiers, leurs découvertes :

Dominique Dussidour et ce qu’écrire signifie au quotidien : Quand j’écris un roman je ne dors pas dans mon propre sommeil, ce n’est pas là que je rêve, je déménage mes nuits ailleurs

Cécile Wajsbrot qui continue sa quête dans Berlin et interroge les lieux à l’histoire ancienne. Car l’histoire met du temps à nous parvenir, à se dire au présent. L’écrivain veille : Je suis passée plusieurs fois devant la maison, Bleibtreustrasse, je m’y suis arrêtée, aussi, pour lire la plaque qui dit, ici a vécu Mascha Kaléko de 1936 à 1938, forcée à l’exil par l’Allemagne d’alors

Dans sa chronique Catherine Pomparat se penche sur un livre qui invite à poser un regard différent sur le faune : Il paraît que Pan n’était pas vraiment beau. On dit même parfaitement laid : c’était un bouc et c’était un homme. Mais un être hybride n’est pas privé de grâces.

Sur Remue, il y a aussi des brèves : le dernier livre de Marc Décimo, Les jardins de l’Art Brut, ou le deuxième volet du cycle La création littéraire dans tous ses états à la BPI du Centre Georges-Pompidou.
Sans oublier la poésie qui se dit en plusieurs langues au festival de poésie à Moscou.

Enfin, sachez que Remue.net ce n’est pas du virtuel. Il y a des "vrais gens" pour faire vivre la revue. Si vous en doutez, deux rendez-vous possibles avec l’équipe :

 L’assemblée générale, le samedi 1er décembre à la bibliothèque de Montreuil, précédée d’une rencontre avec le public de la bibliothèque.

 Une lecture publique avec les auteurs de l’équipe, le vendredi 14 décembre, dans le cadre de la résidence organisée par la Scène du balcon.

Enfin, n’oubliez pas que certains sont loin de tout , même de ce qui semble si proche : Ils n’ont jamais vu la mer. Elle est là, pourtant, tout près. A quelques kilomètres seulement.. Le monde comme il ne va pas, saisit par les brèves de Yun sun Limet.

4 novembre 2007
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