Martine Drai | De Paris 1


J’ai fait la connaissance de Martine Drai lors d’une représentation de théâtre en appartement. C’était à Malakoff en 1987, chez des amis. Elle avait adapté un conte bédouin anonyme intitulé À la septième heure de la pleine lune que Pierre Ascaride, directeur du Théâtre 71, mettait en scène.
« Il était une fois… » avions-nous soudain entendu à la nuit tombée.
Ainsi débutaient les aventures d’un jeune prince nommé Fleur d’Amour.
Et la septième heure de la pleine lune, par la générosité de la conteuse et le miracle de sa voix, avait réellement brillé sous la verrière du troisième étage. Une fillette de trois ans s’en était endormie d’émerveillement dans les bras de sa sœur aînée.
Ensuite j’ai lu son roman Les Trois Midis, paru au Seuil.

Martine Drai nous a confié le journal de septembre de ses marches et de ses rencontres dans Paris qu’elle traverse, comme chacun, certains jours avec étonnement, à certaines heures avec lassitude, toujours avec attention.
Que voit-elle quand elle marche dans la ville ?
Quelles choses voit-elle que les autres ne voient pas ?
Je sais ce qui la singularise : elle en garde trace avec des mots, elle sait en faire le récit.
Octobre suivra en novembre.
DD


Dossier Martine Drai sur remue.

Bibliographie de Martine Drai sur le site de son éditeur le bruit des autres.


DE PARIS 1


Août 2006
Parc de Choisy tout à l’heure, presque sept heures du soir. Je suis assise sur un banc, une vieille femme asiatique vient s’asseoir près de moi. Elle reste un moment silencieuse mais je sais qu’elle va parler, je l’ai deviné alors même qu’elle se dirigeait d’un pas lent vers mon banc.
Et elle commence :
— Bientôt il fera nuit à cinq heures !
Je lui réponds qu’il nous reste encore quelques semaines avant ce bientôt…
Elle rit d’un rire malicieux qui agite beaucoup son visage rond et ridé. J’admire son rouge à lèvres vermillon, ses dents encore très saines, ses cheveux blancs très courts, sa juvénilité. Je ne vois pas quoi dire encore, son rire décroît lentement, je regarde loin devant moi, vers les arrangements floraux du centre de la pelouse.
— Ils ont mis des belles fleurs cette année, me dit-elle.
Je lui ai demandé si elle connaissait bien ce parc, elle m’a dit que oui, qu’elle y venait chaque jour, je lui ai dit que moi aussi. Elle a refait son rire malicieux, j’ai attendu qu’il finisse, j’ai dit ce qui me passait par la tête pour que la conversation continue, que Paris était pleine de très beaux jardins, elle a opiné d’un air enthousiaste, je lui ai demandé si elle aimait Paris, elle m’a répondu Oui, bien sûr, d’un ton qui signifiait qu’on ne pouvait pas ne pas l’aimer, ce qui m’a privée de repartie, et il y a eu un silence.
Mais elle avait besoin de parler. J’ai appris que Paris, elle l’avait aimée toujours, bien sûr, mais qu’elle aurait pu la quitter, retourner au Vietnam, oui, elle, elle aurait pu, c’était son mari qui ne voulait pas… Et puis le mari était mort…
— Je reste seule avec les souvenirs. Ce qui m’aide beaucoup, c’est la marche. Et la lecture.
Je souris et lui montre mon sac plein de livres et de disques, je lui dis que je reviens justement de la bibliothèque. Elle veut voir tous les titres, je la laisse faire. Elle voit le disque de tango et demande si je le danse. Je lui réponds que oui. Elle demande si je vais danser avec un partenaire, je lui réponds qu’à vrai dire je préfère y aller seule, précisément pour me réserver la possibilité de danser avec plusieurs partenaires au lieu d’un seul. Cette réponse encore la fait rire aux éclats. Et quand elle a fini de rire :
— Moi aussi ! Moi aussi je préfère seule ! Mais pas pour des raisons comme vous ! Moi le matin, chaque matin, je viens seule pour jouer ping-pong !
— Vous jouez seule ?
— Oui ! je viens avec une raquette et cinq balles, je fais cinq services d’un côté, elles tombent, toutes les balles tombent, je les ramasse, bon pour mes genoux !... Je me mets de l’autre côté, je refais cinq services, je ramasse encore ! Très bon pour mes genoux ! Mais il faut venir tôt !... Quand je ne viens pas assez tôt, toujours il y a enfants pour ramasser balles pour moi parce qu’ils me voient vieille, et eux enfants gentils polis… Mais moi j’ai besoin ramasser moi ! Je dois venir tôt. Plus tôt, plus libre, meilleur pour mes genoux !
Cette fois c’est moi qui ris. Nous aimons notre liberté toutes les deux, nous rions de concert en regardant la pelouse et les fleurs. Il fait frais. Je fouille mon sac et je perçois que ce mouvement l’inquiète, qu’elle l’interprète comme le signal de mon départ. Quand j’allume ma cigarette elle soupire, sourit, et me déclare que c’est mauvais pour ma santé.
Je ne réponds rien. Je n’ai pas envie d’entrer dans ce débat.
Un temps.
Mais elle avait encore besoin de parler. J’ai su qu’elle avait cinq fils qui venaient lui rendre visite à tour de rôle, et qu’elle avait aussi une amie vietnamienne avec qui elle parlait le vietnamien. J’ai su qu’elle avait peur de l’orage, qu’elle n’aimait pas le tonnerre mais aimait les éclairs, et qu’elle ouvrait sa fenêtre pour les regarder « comme le feu d’artifice ». J’ai su qu’elle connaissait mieux l’histoire de France que celle de son pays, mais qu’elle essayait, maintenant, même si c’était trop tard, de comprendre l’histoire de son pays et de mieux parler sa langue.
Elle m’a dit qu’elle s’appelait Toumi (je ne suis pas sûre de l’orthographe). Je lui ai dit mon prénom. Et puis j’ai regardé ma montre et dit que je devais y aller.
Elle (gaiement) : Bien sûr !
— Nous nous reverrons ici, sûrement…
— Bien sûr ! Vous me faites un signe de bras grand, si c’est loin, si vous loin, pour que je vous voie !
Et elle m’a montré le grand signe de bras. J’ai promis de le faire, exactement comme ça.



Deux ans ont passé. Je ne l’ai jamais revue. Je n’ai jamais pensé à elle jusqu’à maintenant que je relis ces lignes, 8 septembre 2006. J’aurais pu, j’aurais dû penser à elle chaque fois que je passais devant les tables de ping-pong. Mais non.
Peut-être qu’elle a trouvé ailleurs où ramasser des balles sans qu’on vienne l’aider.
Peut-être que je l’ai croisée plus d’une fois sans la reconnaître, parce que je ne distingue pas aussi facilement entre eux les visages asiatiques que les visages occidentaux. De son côté, même possibilité quant à moi, mon visage indiscernable, mon visage d’Occidentale qui ressemble à tous les autres.
Ou bien elle est morte. Ou malade depuis longtemps.
Dans son livre La Folle du logis, l’écrivain Rosa Montero confie certaine peur, que je partage, et que cet épisode avec Toumi me rappelle : la peur que tous ces vivants à qui nous prenons de petits lambeaux pour construire nos personnages s’en trouvent, d’une manière ou d’une autre, affectés.
Mais de Toumi je n’ai rien pris, aucun prélèvement, pas le moindre petit bricolage. Alors ?




Voilà comment je me sens liée à Paris : je garde par écrit de petites choses d’elle. Un exercice du toucher, ou une tentative d’apprivoisement. Il y a trente-trois ans que je vis à Paris et je ne peux pas dire que je m’y sois habituée. Elle me séduit encore et elle m’épuise toujours. La plupart du temps je la pense féminine. Mais j’ai constaté par deux fois que si je m’en trouve éloignée de quelques milliers de kilomètres, au bout de quelques semaines elle commence à me manquer, et alors elle change de sexe, me manque au masculin, mon Paris, mon vieux Paris, sa puanteur, ses ponts, ses marchés du matin, son métro, ses jardins, ses nuits, ses corbeaux, ses millions de passants, ce qu’ils me laissent d’eux : des mots qu’ils me disent ou des silences que je regarde, qui me restent en mémoire et se réveillent au gré de mes retours dans tel ou tel quartier. Je voudrais parfois avoir plus, une vision globale, synthétique, organisée. Mais je n’ai que ça, ces riens. Et au bout du compte ils m’importent beaucoup. Ils forment un réseau de balises sonores, connues mais imprévisibles dans leur résurgence. Un genre de basse continue, plutôt free jazz.

10 septembre
Le I de l’enseigne rouge et poussiéreuse du Barbizon, vieux cinéma de la rue Tolbiac transformé en lieu culturel alternatif occupé par l’association Les Amis de Tolbiac. Ce I je l’ai toujours connu penché, touchant par le haut la boucle supérieure du R, par le bas la pointe inférieure du Z. Depuis quatre ans que j’habite le quartier je m’attends à lever les yeux, un jour, et le voir réparé, remis d’équerre. On finira sûrement par s’occuper de lui, mais pour le moment il tient bon comme il est et garde à lui seul l’esprit du nom entier, Barbizon, c’est désuet, ça danse, ça nargue les tours environnantes, ça va bien avec l’odeur de la boulangerie voisine, ça résiste au marteau piqueur qui sévit depuis quatre mois, on nous refait le rond-point et deux cents mètres de chaussée, heureusement pour nous bien des choses passeront avant ce I penché.

Une nappe, un ouvrage qui avance. C’est une nappe blanche de dimensions extravagantes. Quand je l’ai vue posée sur les genoux de la brodeuse, j’ai d’abord cru que c’était un drap de grandes dimensions, un drap pour un lit vraiment large et très long.
C’était encore dans le parc de Choisy, vers le milieu de cet été. Je m’étais assise sur le même banc que la brodeuse parce que je voulais voir son ouvrage de plus près. Un coton blanc écru très lourd, et elle tirait une aiguillée de fil soyeux d’un blanc neigeux, c’était une broderie complexe, très ajourée, d’une largeur de vingt centimètres environ, courant sur tout le périmètre du rectangle de tissu. Elle attaquait le troisième côté. Je regardais sans doute peu discrètement mais j’étais décidée à me taire. C’est elle qui m’a lancé, fièrement :
— Ca vous la coupe, hein ?
J’en ai convenu.
— Y en a une qui voulait me l’acheter ! Une antiquaire ! Dix mille balles ! J’ai dit non, ah non ! Faut pas qu’y se croient tout permis sous prétexte que c’est eux qu’ont l’pognon ! Dix mille balles, non mais !... ça vaut bien plus que dix mille balles !... Mais même qu’elle m’en aurait donné trente mille, je les aurais pas pris ! Moi je me garde mes beaux trucs ! Je prends pas de vacances, d’accord, mais je me garde mes beaux trucs ! J’en ai plein mon armoire et y sont pas à vendre !
J’ai exprimé fortement mon adhésion, mes encouragements, et je me suis éloignée. Je n’en voulais pas plus, plus aurait été trop. Je pense à elle chaque fois que je croise le banc sur lequel elle brodait. Je ne l’ai pas revue, mais je sais que la nappe avance, quelque part, dans le quartier, sans doute pas très loin de moi. Je l’imagine. Chaque jour déployant sa blancheur d’étendard contre le besoin commun de vacances ordinaires. Chaque jour marquant un progrès. La résistance même.




23 septembre
Visite au Palais de Tokyo avec un groupe d’étudiants. Exposition : 5 MILLIARDS D’ANNÉES. Dans une des grandes salles, Renaud Auguste Dormeuil présente The Day Before. Il s’agit d’une série de reconstitutions de la carte du ciel juste avant les bombardements de Nagasaki, Hiroshima, Bagdad, etc. Pièces bleu nuit présentées sous verre. Je prends quelques photos. Pour les reflets des visiteurs parisiens dans ce bleu nuit vitrifié, pour leurs mouvements suspendus qui s’inscrivent au-dessus des dates des bombardements. C’est ajouter un temps de plus à ces pièces qui en montrent deux. C’est aussi mon goût personnel pour les jeux de miroirs.
Après la visite, nous avons mené à la buvette de la terrasse la discussion prévue. Puis la majorité des étudiants s’est dispersée. Certains sont restés, il faisait beau, la discussion a pris un tour informel. Nous regardions l’eau de la Seine, ce jour-là d’un beau vert glauque. Deux des étudiantes nouvellement arrivées à Paris se sont mises à parler des Parisiens. Vraiment durs, disaient-elles, vraiment pénibles, pas souriants, pas polis, comprennent pas quand on leur sourit, dans le métro on dirait des zombies, regardent à côté quand tu les regardes, etc. Je m’en suis mêlée, j’ai défendu les Parisiens. Disant que cette rétention du regard était une forme de pudeur, ou de prudence, et bien sûr d’économie - disant que les Parisiens n’étaient pas pires que les habitants d’autres capitales. Ce qui a entraîné un débat, des études comparées. Berlin, Rome, New York. Pour New York l’un des étudiants était d’accord avec moi : les New-Yorkais sont des gens plutôt civils, étonnamment civils, même, compte tenu de la violence de la ville.
Encore quelques généralités, et j’ai repris le métro. Refait surface une demi-heure plus tard place d’Italie. Soit à cause de la chaleur subitement revenue en fin d’après-midi, soit à cause de la discussion avec les étudiants, l’odeur du stand de bonbons et de pralines m’a sauté au nez plus fortement qu’à l’aller. Et elle m’a rappelé une odeur new-yorkaise. Une odeur que je n’avais pas oubliée, mais que je ne m’étais jamais rappelée là, justement là. L’odeur de Broadway aux environs de la Quarantième Rue, le 10 septembre 2001, odeur qui m’avait surprise à la descente du bus et qui persistait étonnamment alors même que je marchais vers l’est et m’éloignais de son origine, et je m’étais dit : tout le quartier sent la praline… Peut-être que tout New York, aujourd’hui, sent la praline… Et je m’étais dit encore, sans comprendre du tout pourquoi, que je me rappellerais toute ma vie cette odeur.
Plus tard j’ai compris. C’était ce qu’on appelle une prémonition.
Plus tard encore j’ai trouvé que j’avais de la chance d’avoir en moi, pour résister à l’odeur nauséabonde qui avait pris le sud de Manhattan, cette odeur de praline.
Tout à l’heure, m’éloignant des pralines parisiennes, descendant l’avenue de Choisy pour rentrer chez moi et voyant à ma droite la première tour qui annonce celles des Olympiades et celles du bas de l’avenue d’Ivry, pour la première fois je me suis demandé : combien de nouvelles peurs et de nouveaux cauchemars, dans ces tours, depuis septembre 2001 ?... En combien de langues au juste, ces rêves et ces cauchemars ?... Et traversés de quels éclats de notre quartier, de quelle casse de visages familiers, de visages que moi-même peut-être je connais ?
Mais tout d’un coup, la rogne. J’avais accueilli ces questions, je n’aurais pas dû. La grosse rogne, vraiment. Tu aurais dû résister, je me disais, il doit y avoir moyen de ne pas se laisser aller au grand concert des commémorations, c’est une question de tenue et une affaire de survie, l’an prochain tu éviteras je te prie tous les journaux, toutes les radios, toutes les télés, et surtout tous les stands de pralines.
Et j’ai poussé la grille du parc de Choisy.
Sur les pelouses à gauche du grand bassin, étendus à plat, les pantalons et les chemises des quelques SDF qui prennent dans ce coin du jardin leurs quartiers d’été et font leur lessive au Lavomatic le plus proche. C’était un peu de campagne dans la ville. Ce qui fait qu’on ralentit le pas, qu’on respire différemment.
Sur un banc de l’autre côté du bassin trois personnes très immobiles, visages tendus vers le soleil, paupières fermées.




28 septembre
Dans un café en face de la gare de Lyon, avec bêtement une heure devant moi, une heure vide par ma faute, parce que je suis atteinte du syndrome de l’exilée, c’est-à-dire qu’il me faut toujours partir pour les gares ou les aéroports très en avance, ridiculement en avance… Aujourd’hui, peut-être parce qu’il fait beau, je me rends compte que j’y tiens beaucoup, à ces temps vides, et que mon exil n’y est plus. Que dans ces temps-là je me sens chez moi plus que dans le temps compté juste. Qu’ils sont un luxe. Et je regarde. Je vois au-delà de la vitre comment chacun porte sa hâte, comme l’heure travaille diversement les visages et les corps. Cet homme chauve et ventru à cravate gris perle marche vite, mais avec une sorte de circonspection dans la pose du talon, cette grande femme en tailleur vert anglais balance si loin les bras vers l’avant et l’arrière qu’on l’imagine atteinte d’un trouble psychomoteur, cette femme brune dans ce taxi arrêté garde la tête appuyée au dossier, les yeux fermés, elle offre ainsi d’abord une image de sérénité, mais cette image se craquèle, un tic ou une douleur plisse la commissure droite et se propage jusqu’à la tempe, puis une longue jeune fille aux cheveux blond vénitien et à la robe rouge me la masque, et du fond du bistrot me parvient toujours la voix acide de Vanessa Paradis, cette voix derrière moi s’accorde bien à cette jeune fille rouge devant moi, physique nord-américain, je me dis, ou irlandais, elle va s’asseoir en terrasse, elle s’y assied effectivement, ouvre son sac et en sort une boîte métallique ronde ornée de motifs floraux un peu passés, elle pose sa boîte devant elle, ne l’ouvre pas, le serveur s’approche d’elle, sur le trottoir un homme vêtu d’un complet strict passe en lisant, il lit en marchant, je n’ai jamais vu ça ailleurs qu’à Paris, j’admire éperdument cet entêtement doux, je le suis des yeux un instant, je n’entends plus la voix de Vanessa Paradis, j’essaie de comprendre les paroles du rappeur américain qui lui succède, c’est le moment où une camionnette de la BOUCHERIE GILLOT s’arrête au bord du trottoir, un homme en descend chargé de deux gros sacs, il entre dans le bistrot, bonjour bonjour, je ne le suis pas des yeux, je me demande ce qu’il y a dans la boîte métallique que la jeune fille rouge devant moi n’ouvre toujours pas, je ne le saurai sans doute jamais, de l’autre côté de l’avenue un immeuble neuf d’une douzaine d’étages, façade de verre teinté sombre, sur cette façade s’inscrit le reflet de l’immeuble haussmannien de six étages, à toit de zinc, qui lui fait face, et par-dessus l’ensemble, en feston, le reflet rouge interrompu de l’enseigne du café où je me trouve, l’ancien se reflète dans le neuf, diachronies de l’urbain, c’est peut-être ce qui fait que la campagne nous repose, les diachronies s’y observeraient moins nombreuses, le temps y redeviendrait homogène, peut-être.
Et tout d’un coup, sans doute à cause de l’idée de la campagne, je repense à un gamin de Nantes que j’expédie par la pensée à mes étudiantes de l’autre jour, celles qui trouvaient les Parisiens insupportables.
Je l’avais rencontré sur une berge de la Sèvre, en juillet 2004, nous avions eu un petit échange, j’étais ravie de ma promenade, je le lui avais dit, C’est beau, tu habites ici ?...
— Oui, et vous ?
— Moi je viens de Paris… Tu connais Paris ?
— Un peu…
— Tu aimes ?...Oui ? Qu’est-ce que tu aimes ?
— Le métro.
— Tiens… Mais qu’est-ce que tu aimes, dans le métro ?
— Ch’sais pas… Quoi… On croise d’autres métros, quoi…

à suivre


Photos de l’exposition Dan Flavin au musée d’Art moderne de Paris, août 2006.

31 octobre 2006
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