La riche ambiguité de la littérature

La littérature doit creuser et ne pas enterrer. Son territoire est vaste et ambigü, il s´étire dans un présent qui n´existe pas et dans lequel pourtant, l´écrivain tente d´inscrire son texte. C´est orgueilleux et fragile à la fois.
C´est un de ces moments à la vibration intemporelle que déploie Cécile Wajsbrot dans sa chronique Berlinoise qui commence ainsi :

Décidément, les écrivains sont des gens fragiles...

Dans Enjeux critiques pour la modernité, Sébastien Rongier, s´attache aux écritures contemporaines, qu’elles soient littéraires, plastiques, cinématographiques ou philosophiques et le chapitre sur les Fêlures contemporaines de s´ouvrir sur ces mots :

La démarche de l’ironie est plus incertaine et asymétrique. Socrate nous a appris l’écart, la distance et le retard.

Un homme qui écrit, Jean-Loup Trassard, parle à un homme qui chasse les taupes, Joseph Heulot. Le livre qui en résulte s´intitule tout simplement Conversation avec le taupier.. L´animal insomniaque défie l´homme qui avance sous son large chapeau :

Elles, les taupes, marchent aussi « elles marchent toute la journée », « elles marchent la nuit tout pareil », mais elles marchent en dessous, dans les passées qu’elles se creusent sans répit.

Les petites filles vivent parfois des histoires si terribles qu´elles ne peuvent être contées à d´autres petites filles. Plus tard alors quand elles seront grandes, elles ouvriront le livre de Sonia Chiambretto : 12 Sœurs slovaques et elles liront :

OH j’ai les yeux plein de sable Comme un obstacle à cet œil-là Comme un petit caillou ça me gêne Vous n’avez pas idée les yeux plein de larmes toujours ça coule et flûte !

Lieder, confie Luc Boltanski, est un recueil (inédit) de vingt et un chants destinés surtout à une interprétation orale, accompagnée de préférence par de la musique : Il est composés de trois cycles : « les chants de la disparue » , « les chants historiques » , « les chants passagers » :

On raconte, on regarde, on pense, tout cela ensemble.

Entretien avec Joris Lacoste où il explique ses deux manières de concevoir l’activité du dramaturge :

Écrire du théâtre, ça peut vouloir dire soit écrire un texte, soit concevoir un spectacle. Et il ne s’agit pas du tout de la même entreprise.

Jean-Marie Barnaud a lu pour nous, l´indispensable, Dictionnaire du corps qui nous aidera à retrouver les contours d´un corps qui se déplace de plus en plus dans le virtuel. Un sommaire qui permet, lui, de se déplacer facilement du concept aux auteurs et inversement. Un formidable outil de travail, il semblerait.

Il a lu également le dernier livre de Denis Montebello, Le diable, l’assaisonnement et nous confie :

Depuis toujours, je tiens Denis Montebello pour un gourmand ; et c’est la nature de son rapport à la langue, à ses origines, et à l’écriture, qui justifie en ces domaines savants un tel qualificatif.

Sereine Berlottier a ouvert les Fenêtres, open space, d’Anne Savelli :

Peu de temps avant la fin de mes trajets, je me suis rendue compte qu’existaient, à droite et à gauche du wagon, un côté riche, un côté pauvre.

Dominique Hasselmann nous invite à une relecture de Marx, Le Caractère fétiche de la marchandise et son secret et nous explique la nécessité de cette lecture :

Ce n’est qu’avec le temps que l’homme cherche à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à pénétrer les secrets de l’œuvre sociale à laquelle il contribue, et la transformation des objets utiles en valeurs est un produit de la société, tout aussi bien que le langage.

Les rendez-vous :

Petits récits d´écrire, avec Dominique Dussidour :

Un texte, l’écrire, c’est sans compter l’écho en lui de son propre rêve

Dix-huitième nuit d’été, avec Pedro Kadivar :

Le jour où je fus pris d’amour fou pour mes semblables

Et c´est avec plaisir que l´équipe vous attend pour un moment de présence et de vibration littéraire au Théâtre Ouvert le 23 juin 2007.

À la prochaine ici ou là-bas, Fabienne Swiatly, Berlin, le 22 mai 2007.

23 mai 2007
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