Almaty, vol retour

             On est dans l’avion qui va d’Almaty, l’ex-capitale du Kazakhstan [1], àIstanbul, et dans cette boîte roulante au-dessus des nuages et qui pourrait s’abîmer comme un rien les quelques jours qu’on vient de passer dans cette ville défilent devant les yeux.
             C’est àlire ce petit livre que je me suis rendu compte que le style de Jacques Josse, doux et précis, a l’amplitude d’un vol au-dessus de l’Asie centrale vers la Turquie. Chaque souvenir tient dans un paragraphe ou guère plus, édité sur une page, formé de dix, cinq ou une phrase. Chacun est une traversée - par une femme d’un cimetière interdit aux femmes ; de l’immense ville par l’avenue Bai puis par l’avenue Seiffaline, toutes deux en ligne droite, et passer devant les effigies opposées de l’actuel dictateur président et du poète émancipateur Abaï ; du hall d’entrée de l’hôtel K. dont le groom balafré par le réceptionniste qui le surveille salue sans relâche et « avale en tremblant bourrasques de neige, vent glacial et courants d’air  » ; et probables périples du père d’Olga, inhumé àmême la terre, pieds tournés vers La Mecque, qui pourra se mettre en marche quand il voudra.
             L’ensemble se termine par un portrait du poète Abaï – dont aucune traduction n’existe en français semble-t-il – et qui aurait dit : « Une bête ne sait rien, mais elle n’affirme pas le contraire  ».


Jacques Josse, Almaty, vol retour, La Digitale, 2010.
24 pages, 5 €. ISBN 978-2-903383-88-6

Jacques Josse est membre du comité de rédaction de remue.net

22 janvier 2011
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[1Depuis 1998, la nouvelle capitale de ce pays est Astana