Monostiques paysagers [1]
Le 6 janvier 2012, Rentilly
11 h
par deux fenêtres rondes du bureau : le parc et ses ifs — Mélanie est au téléphone — le parc et son séquoia géant
12 h 30
l’hiver, au-dessus du mur d’enceinte, la mise à nu des boules de gui dans les hauteurs et d’un nid peut-être bien
13 h 47
la tronçonneuse a coupé l’herbe sous le pied de la bourrasque, herbe de bois de tilleul et d’un mètre de diamètre
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Le 7 janvier 2012, Rentilly
10 h 55
l’amphithéâtre sans théâtre, un gradin en demi-cercle, accentue la cérémonie que nul ne voit du pavillon clos
13 h 10
à main gauche la bibliothèque rose pousse le regard vers le rouge des drupes de houx et le séquoia à contrefort
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Le 9 janvier 2012, Rentilly
12 h 50
court un coureur tout rouge, le pull et probablement les joues nez oreilles, derrière les charmes roux donc marcescents
16 h 20
la déchirure à fond bleu dans le ciel lourd (fumée de havane) a la forme allongée de l’île de Cuba, mobile, évolutive
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Le 11 janvier 2012, Rentilly
11 h 25
même absent du paysage l’engin broyeur déchiqueteur de souches s’y maintient contre vents et paravents résineux
14 h 28
je suis dos à la grille d’honneur, entre hêtre et non-hêtre, et le soleil fait face qui couche les arbres en leurs ombres
14 h 32
M. le Fendu est un grand séquoïa catastrophe et gueule cassée, à quatre pas du cèdre qui le lui fait par trop savoir
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Le 12 janvier 2012, Torcy
9 h
la haute tension fait partie de la tension contemplative de même que des moteurs ont droit de cité dans la nature
10 h 30
de Saint-Germain-des-Noyers, allée verte, je cherche le parc, y reconnaître un arbre ou l’autre, est-ce possible ?
Jacques Jouet
2 février 2012