Serge Valletti / le Zyxwaire

Serge Valletti dans son "Sixième Solo" (Bourgois éditeur)

Zyxwaire a été créé par Françoise Brès en février 1992 dans le square Montholon à Paris. Puis oublié par l'auteur qui vient, ce mois de février 2002, d'en redécouvrir une cassette audio qu'il a lui-même retranscrite. Il sera repris en juillet 2002 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon dans un ensemble intitulé "52 textes neuronaux".

On consultera avec profit le site personnel de Serge Valletti, on y découvrira sa biographie et bien d'autres de ses textes, bien connus comme Sixième solo, Le jour où j'ai jeté ma grand-mère dans le vieux port, Domaine ventre, ou moins connus, comme l'irrésistible Contre Baumol - vous le retrouverez aussi sur le site de l'Odéon, théâtre de l'Europe -

autres liens: sur theatre-contemporain.net, page Valletti, un entretien audio avec Bruno Tackels.
à l'Atalante, quelques-uns des textes de théâtre de Segre Valletti
Gilles Costaz commente Valletti dans le Magazine Littéraire

et tout bientôt au théâtre de la Commune d'Aubervilliers (14 mars - 14 avril)
Un coeur attaché sous la lune

 


de Serge Valletti la dernière prouesse : Monsieur Armand dit Garrincha

théâtre sur remue.net

Comment j'écris... réflexions de l'écrivain sous forme d'auto-interview.
" - Oui, mais pour le théâtre... pourquoi du théâtre ?
- Pour le dire... je n'ai pas commencé à écrire du théâtre... j'ai commencé à écrire ce que j'allais dire sur une scène...
- Parce que j'avais envie d'être sur scène ?
- Oui... ça me plaisait de me faire remarquer... et puis de faire rire... j'aimais faire rire les gens... c'était comme une excitation folle, moi-même de rire du fait de faire rire les gens... C'était vivre, ça ! une pulsion dévorante ! faire rire les gens... les gens que je connaissais... et en plus les gens que je ne connaissais pas... du coup ils devenaient des gens que je connaissais, ou plutôt qui me connaissaient... je voulais être connu !
- Et tout ce que j'ai réussi, c'est d'être connu dans le théâtre !
- Pourquoi j'avais envie d'être connu ?
- Il me semblait qu'en étant connu, j'aurais plein de choses que je ne pouvais pas avoir ! - C'est-à-dire... je sais pas, tout ! de l'argent, des femmes, du plaisir, aller au restaurant, inviter tout le monde, être heureux, avoir plein d'amis, voyager, qu'on dise de moi, c'est quelqu'un de bien... il est, comme quelqu'un de bien... il fait rire... faire du cinéma... être invité partout et puis qu'on me demande mon avis... Qu'on me demande des conseils... et puis que je dise d'après moi, il faudrait faire ça, et puis ça... recevoir des coups de téléphone, ne pas s'ennuyer, ne jamais s'ennuyer, je pensais que quand on était connu, on ne devait jamais s'ennuyer, que c'était quelque chose de pas possible...
- Et alors j'ai écrit pour ça !"

Z comme Zèbre
» Je serais plus pour commencer l'alphabet par la fin, c'est-à-dire par la lettre Z parce que je trouve d'abord que ce serait plus rigolo et pour Z je choisirais Zèbre : alors parce qu'il y a aussi des zèbres dans mes pièces, surtout en fait des gens rayés, des pyjamas rayés, des bagnards, des fous, des déportés, des retraités, des enfants avec des pantoufles et des pyjamas, tout ça. C'est le costume, la panoplie de l'enfant et ça c'est important, de l'enfant et un peu du héros malheureux. Dernièrement j'ai vu un type comme ça dans le métro, il était habillé normalement mais sous son pantalon dépassait le pyjama rayé comme ça, alors je me suis imaginé qu'il sortait de l'hôpital et en fait il passait l'après-midi en dehors de l'hôpital et il gardait son pyjama dessous pour l'enlever pour rentrer et c'est une image qui me marque beaucoup, le pyjama rayé. Je sais pas pourquoi, c'est comme ça, et donc c'est pour ça que Zèbre, c'est un drôle de zèbre ce type-là !

Y comme Grec
» Pour trouver l'avant-dernière lettre de l'alphabet, c'est simple tu prends la première tu fais a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, i grec et tu t'arrêtes juste avant le z, donc c'est i grec : donc c'est un grec, c'est l'histoire d'un grec qui est en pyjama et qui est dans un lit ou alors qui lit en pyjama et voilà !

X comme inconnu
» C'est l'inconnu x. On connaît pas ce type en pyjama qui est dans un lit. On sait qu'il est grec mais on ne le connaît pas.

W comme Wagon
Wagon-Restaurant, Wagon-lit, on reste sur le pyjama quand même. C'est vrai que les mecs qui prennent le wagon-lit et qui se mettent en pyjama c'est assez rigolo

V comme Moi
» Donc V, à part Valletti qu'est-ce que ça pourrait être, V ?
» Vin ( Vain ? ) On l'écrit comme on veut !

U comme Injustice
» U c'est quand même une des lettres les plus importantes parce que d'abord il y a peu de gens dont le nom commence par U et puis quand j'étais à l'école, je m'en souviendrai toujours de la lettre U parce que U comme j'ai été eu, vraiment ! J'étais au Lycée Saint-Charles à Marseille, le premier jour on s'est tous retrouvés et j'étais avec tous mes copains en quatrième et puis y a un type qui entré et qui s'appelait Henri, il a dit : » Ah là là ! Y a un problème, y a un problème dans cette classe, y a trop de gens dans cette classe et y a pas assez de gens dans l'autre classe qui était la classe concurrente, l'autre quatrième où on savait très bien que dans cette autre quatrième c'était un prof qui était fou furieux qui dirigeait cette classe et alors... Qui veut y aller ? Personne évidemment ne lève le doigt. Personne ne se dévoue. » Bon ben alors on va tirer au sort ! Et le prof avait un chapeau, il s'appelait Monsieur Arrighi et il a mis toutes les lettres dans son chapeau et le plus jeune de la classe est allé tirer une lettre dans le chapeau. Ça a été la lettre U, qu'il a tirée ! Alors le prof a regardé et a dit: » Eh bien Tomasini ! Eh oui le plus près c'était Tomasini. Alors moi j'étais soulagé, je venais d'échapper... Et puis il a dit : » Ah ! mais non, mais non, c'est pas Tomasini, c'est pas Tomasini, c'est V, c'est Valletti le plus près et en fait à partir de là c'est moi qui ai été désigné pour aller dans cette autre classe et j'ai senti ça vraiment comme une injustice, mais la collusion entre des gens face à un petit garçon qui n'avait rien demandé du tout... On comprend, n'est-ce pas! On comprend ! Arrighi & Tomasini ! Ils auraient tiré V, bon, c'était la faute à pas de chance et j'aurais accepté, et ça aurait été juste, ma foi ! Mais tirer U, d'abord penser qu'il fallait mettre la lettre U parce qu'évidemment, ils ont mis la lettre U mais on savait pas que personne commençait par la lettre U... Et ça, ça m'a révélé quand même un travers chez la personne humaine et à partir de là je suis devenu un très mauvais élève...

T & S comme Théâtre & Spectacle
En fait c'est plutôt la lettre T et la lettre S ensemble, c'est-à-dire Spectacle et Théâtre... Bon parce que le Théâtre est une forme de spectacle et spectacle c'était d'abord cinéma : à l'âge de six, sept ans, je faisais des représentations de cinéma chez moi. Donc je mettais des affiches dans la maison et puis je disais : Ce soir Cinéma ! Je faisais des Pivolos dans le Frigidaire, à la menthe, que je vendais à l'entracte, et puis il y avait mon père, ma mère et puis ma grand-mère qui venait. Je mettais des chaises, ma soeur m'aidait, on faisait à deux, et je découpais des bandes dessinées et puis je montrais les bandes dessinées avec un rouleau que je mettais comme un film, puis je lisais les dialogues et après avec ma sÁur on a fait un vrai film. C'était un film policier, en bandes dessinées, mais pour projeter. Et on lisait les dialogues, on faisait la musique, tout... Quand j'étais au lycée, il y avait un cabaret étudiant à Marseille et je chantais, j'avais écrit les chansons et on nous donnait un peu de sous pour passer comme ça, c'était pour chanter. C'était en soixante-sept. Et j'avais monté un orchestre qui s'appelait Les Immondices, on était cinq copains. A la fois on faisait quelque chose qui nous faisait marrer et à la fois on commençait à toucher un peu d'argent... On avait pas des besoins extraordinaires, mais quand même le problème du métier, de l'argent quand tu es petit, très vite ça te préoccupe. Comment arriver dans cette société à pouvoir gagner ta vie ? C'est-à-dire à avoir de l'argent pour faire ce que tu veux. Et alors trouver le système pour que faire ce que tu veux ça te rapporte de l'argent, c'est quand même l'idéal. En fait la base du spectacle ou du théâtre c'est qu'il y a des gens qui payent pour te voir, pour voir ce que tu fais. Si c'est intéressant, ce que tu fais, y en a qui viennent ! Ils payent pour voir ce que tu fais ! Si c'est pas intéressant y a personne qui vient. La difficulté c'est d'arriver à faire quelque chose d'intéressant sans se dire : Bon, je vais faire quelque chose pour que les gens viennent pour avoir de l'argent. Il faut arriver à être assez, peut-être, je sais pas, étonnant pour que ce que tu fasses intimement et avec le plus de conscience, de sincérité possible : ça ce soit étonnant !

R comme Restaurants
» J'aime beaucoup marcher, moi, je suis un marcheur. C'est-à-dire que je marche, ça me détend de marcher, j'aime bien marcher dans la ville. Ici à Paris vraiment je divague en marchant et le jour, la nuit, au soleil, sous la pluie, à midi, à minuit comme dirait l'autre. Non, non, j'aime marcher et c'est vrai qu'à propos des conversations ce serait plus lié aux restaurants en fait... J'aime bien aller au restaurant seul et puis écouter les conversations des gens... J'aime bien faire ça ! Et à partir de quatre ou cinq phrases dans ma tête reconstituer toute l'histoire de ces gens qui sont en train de parler à côté... des rapports entre un patron et une employée, deux amants, un frère et une sÁur, des cousins et c'est vrai que ça me... ça me stimule beaucoup... Oui dans la rue ce serait plus les cris, mais en fait moi dans la rue quand je marche, je pense à... J'établis des plans, des stratégies de combat pour arriver à faire ce que je veux et je rêve et puis je me retrouve au coin d'une rue et je ne sais plus où je vais, mais bon... Voilà... Ce qu'il y a c'est que je parle tout seul, je me fais des questions et des réponses, je répète la vie en fait...
» Et ça t'arrive de parler à voix haute ?
» Oui, oui... quand je suis un peu énervé... Oui, enfin c'est pas systématique... C'est-à-dire surtout quand je suis en pyjama dans la rue... quand je marche, ça m'arrive parce que les gens me regardent bizarrement, donc je fais semblant de parler seul pour qu'ils me laissent tranquille.

Q comme Cul
Facile. Assez évident et facile. On peut passer sur le Q !

P comme Prison
Ça c'est un réflexe qu'on a un peu tous de... enfin moi ça m'arrive très couramment... mettons on est tous dans une pièce et y a quelqu'un qui rentre et qui dit : quelqu'un a volé un bijou, il faut le rendre... Et moi j'ai toujours l'impression que c'est moi, que je suis coupable, quoi ! A la limite je suis plus angoissé quand je suis pas coupable que quand je suis coupable. Parce que quand je suis coupable, bon, au moins j'ai préparé ma défense et le problème c'est que j'ai toujours peur qu'on m'accuse de quelque chose que j'ai pas commis et finalement écrire c'est s'évader, donc s'évader de quoi ? De cette prison dans laquelle on est, qui est simplement le corps peut-être, le cerveau, ces choses-là... Et tout peut être inversé évidemment et moi je m'évade sur scène et dans ces quatre murs dont un est troué pour que d'autres gens regardent je suis dans une prison où je fais des plans d'évasion pour que tout le monde s'évade, pour que le public s'évade...

O comme Oseille
C'est vrai que c'est le problème principal, c'est de trouver l'argent pour faire du théâtre et faire du théâtre pour faire de l'argent... chose insensée parce qu'effectivement quand tu décides de faire du théâtre et que tu dis que tu vas gagner de l'argent en faisant du théâtre les gens te regardent avec des yeux ronds parce que d'abord il y a quatre-vingt-dix pour cent de chômeurs, une profession sinistrée où c'est la loi du plus fort dans tous les sens du terme, du plus doué... Alors c'est de la folie ! Je pense qu'on est quand même là pour faire des choses folles donc, oui, alors comme le théâtre parle du théâtre, enfin le théâtre que j'écris, alors effectivement tous ces gens sont préoccupés par l'argent, ça c'est sûr ! Par comment vivre !

N comme Nacre
J'aime bien les coquillages, oui l'idée qu'on entend la mer dedans quand on les porte à l'oreille, quand ils sont vides ils servent encore à quelque chose, c'est à rapprocher des textes qui sont des coquilles vides c'est-à-dire que j'ai écrit... Le coquillage pour vivre produit sa coquille et après il meurt et il reste sa coquille qui est belle, on peut faire des bijoux avec, elle peut être habitée par d'autres gens. Et comme ça de l'extérieur tu ne vois pas très bien en fait si c'est un coquillage mort ou vivant... Et je pense que les textes c'est un peu ça. Les textes de théâtre c'est ça ! C'est qu'ils doivent être produits par la vie, par un phénomène de vie, de protection naturelle et si ils sont bien faits ils peuvent servir à d'autres choses, c'est-à-dire à d'autres... Tous les textes des auteurs anciens sont pour moi comme des coquillages mais vides qui ne demandent qu'à être réhabités ou réemployés mais ce qui est fou c'est que la force qui les a créés, qui est l'auteur qui a écrit ça à ce moment-là, que ce soit Molière, Shakespeare, Racine ou les Grecs, Sophocle, Aristophane... cette vie qui a créé tout ça a disparu mais il reste le texte et le texte est le souvenir de cette vie et c'est complètement dément de penser qu'un type a écrit comme Sophocle des pièces il y a des milliers d'années et que c'est toujours... ou Shakespeare et que dès que tu te mets comme ça dans l'idée de les remonter ces pièces, de voir que ça fonctionne encore et qu'on a pas changé, l'humain n'a pas changé et ça c'est beau... C'est pour ça, pour moi les coquillages sont la métaphore de cet acte de l'écriture comme ça théâtrale, précisément théâtrale à la différence d'un roman qui lui est fini quoi qu'il arrive, disons qui n'a pas besoin d'être représenté sur une scène pour avoir sa plénitude. Alors qu'une pièce de théâtre a besoin, même si on peut éprouver du plaisir à lire un texte de théâtre, d'abord il y a peu de gens qui font cet effort-là, et je comprends que ce soit un effort parce que ce n'est pas fait pour ça, c'est fait pour être entendu, seulement pour que ce soit entendu il faut le marquer, il faut que ça passe par l'oeil, par la lecture...

M comme Mer
Je peux rester des heures à regarder la mer. Ça c'est Zen ! Je peux regarder des heures... C'est-à-dire que tu t'en vas quand tu as froid. Mais c'est une autre manière de marcher dans sa tête. C'est le bruit de la mer ! A la fois le bruit et être au bord de la mer c'est vraiment... Ça oui, c'est lié à la sagesse... Oui, être au bord de la mer il n'y a rien de mieux ! Ou alors les Caraïbes, voilà ! La mer des Caraïbes ça c'est formidable ! C'est comme la mer Méditerranée, c'est aussi beau ! Là-bas j'ai retrouvé vraiment ce que j'avais vécu à Marseille quand j'étais petit... La mer comme je l'ai connue à Marseille quand j'étais petit et d'ailleurs quand je suis parti de Marseille c'était aussi parce que la mer n'était plus pareille, mais j'étais content de savoir que ce que j'avais vécu quand j'étais petit ça existait encore...

L comme Embrouillamini
C'est vrai que ça vient aussi un peu de ma manière d'écrire qui est de partir sans savoir où je vais et puis de trouver à la confusion et au chaos un ordre et c'est comme ça que ça se passe et c'est l'avantage du théâtre, c'est que les gens qui vont au théâtre, ils s'installent dans des fauteuils et puis le rideau s'ouvre puis ils sont prêts à tout, à priori, si ils ne savent pas de quoi ça parle il faut profiter au maximum de cet état de réceptivité du spectateur qui est évidemment prêt à tout... C'est-à-dire que le rideau s'ouvre, la scène est vide, il s'attend à voir entrer un acteur ou deux acteurs, trois acteurs, quinze acteurs, un éléphant, une chèvre, un avion, un bateau, un train, rien, une bouteille de Coca-Cola, je sais pas, il est prêt à ça, donc moi aussi je suis prêt, donc je cherche et puis arrive finalement, dans ce qui arrive il y a une logique, il y a un ordre et c'est ça que j'organise et c'est ça être auteur de théâtre. C'est organiser cet embrouillamini au départ dans la tête du spectateur et y trouver un ordre et y trouver une cohérence, mais au départ accepter que ça puisse partir dans tous les sens, donc embrouillamini, oui...

K comme Kaléidoscope
R.A.S.

J comme Journal
Journaliste, journal, articles de journaux... erreur dans les articles de journaux, fierté d'être dans le journal et à la fois indignité d'être dans le journal. C'est une chose qui est intéressante à creuser et qui m'obsède, oui, sûrement et donc j'en parle...

I comme Hilare
C'est ma principale activité d'organiser le rire. C'est ça j'organise le rire. Et moi je ris de mon propre rire. Enfin j'essaie ! C'est un plaisir insensé, un grand plaisir... parce que les spectateurs rient au bon endroit que j'ai prévu et ça c'est extraordinaire, parce que ça montre à la fois que j'ai eu raison de penser ce que j'ai pensé et je suis content que ce contentement donne du contentement à d'autres puisque c'est agréable de rire à priori, il y a peu de gens qui disent : Ah ben j'ai ri, qu'est-ce que j'ai ri, c'était chiant ! Et donc ça me fait rire beaucoup de voir les gens rire. Donc c'est un cercle vicieux infernal où je finis débile à rire tout seul en pyjama. Ça c'est sûr ! Mais on est sur la route allons-y !

H comme Hôpital Psychiatrique
Ben voilà, oui, c'est un lieu, oui il y a des choses qui se passent là... Donc je parle des choses qui se passent dans cet endroit qui existe, qui est la société comme ça, un peu mise en ordre par des gens qui sont les docteurs. C'est vrai que ce sont des gens qu'on voit quand on a mal, donc par tout réflexe pavlovien dès que je vois une infirmière j'ai mal puisque j'ai été habitué dès que j'avais mal à voir une infirmière, donc quand j'en vois une j'ai mal, même si je n'ai pas mal... donc c'est la haine... Non, mais j'ai rien contre les infirmières parce qu'il y en a qui font un travail formidable... mais ce sont mes personnages qui ont de la haine... en fait il n'y a rien que je déteste plus qu'une infirmière méchante, voilà ! Je trouve que ça devrait pas exister et les infirmières sont gentilles le plus souvent mais je ne supporte pas qu'une infirmière ou qu'un docteur soient méchants. Je trouve qu'il n'y a rien de plus terrible... Je préfère un escroc, je ne sais pas n'importe quoi, un gangster, un pirate, un bandit, tout ce que tu veux plutôt que quelqu'un qui dit qu'il est infirmier et qui est méchant.

G comme Gâteux
Parce que ma grand-mère comme elle me gâtait beaucoup je l'appelais la mémé gâteuse... Alors ça faisait rire. » Tu es gâteuse, mémé !

F comme Firmament
Oui, j'aime bien le ciel étoilé la nuit en Provence. J'ai acheté un télescope et j'ai regardé Saturne, la Lune, tout ça et c'est formidable et j'étais fascine par Saturne, par les anneaux de Saturne, c'est incroyable. Je savais que ça existait et en fait c'est incroyable parce que quand j'étais petit mon père m'a amené à Rome et il y avait un type qui comme métier, avait installé une lunette astronomique sur la place et puis c'était je crois dix lires pour voir Saturne et je me rappelle, tout petit, avoir vu Saturne mais c'était tellement net que j'ai jamais su... » J'en ai parlé avec mon père et il ne se souvenait plus de cette histoire-là » j'ai jamais su si c'était pas une blague, si ce type-là n'était pas un escroc qui en fait avait mis une vague diapositive dans la lunette avec une lumière derrière tellement c'était Saturne, avec les anneaux, la boule avec les anneaux autour... Incroyable et quand j'ai acheté le télescope j'ai pu vérifier que c'était vraiment ça, ce que j'avais vu quand j'étais tout petit était vraiment Saturne parce que quand tu le regardes comme ça c'est vraiment... on dirait un dessin, une image et c'est insensé, c'est vraiment insensé. Ce qui est fou c'est d'imaginer que bon... on imagine qu'il y a des extraterrestres, d'accord, déjà c'est pas sûr, mais admettons qu'ils existent, ce qui est encore plus fou c'est d'imaginer que ces extraterrestres font du théâtre aussi, alors ça c'est... J'aimerais voir ce théâtre-là quoi ! Ça doit être assez dément ! Le rideau qu'ils doivent avoir ! En gélatine molle !

E comme Ensemble
C'est le problème des solos, dans Souvenirs Assassins le type il a tout dans sa tête... Je sais pas... Il y a des tas de gens dans ma tête, il y a déjà plusieurs moi et puis il y a tous les gens que j'ai connu, puis il y a tous les gens que j'invente, quand j'écris une pièce par exemple je vis avec les personnages dans la tête, ils deviennent complètement présents et je finis la pièce pour qu'ils sortent un peu de ma tête. C'est sûr ! Donc en fait je suis habité par des gens, c'est sûr ! Par
des personnages comme on dit, par des noms, des gens, des mots...

D comme Dé à jouer
J'aime beaucoup jouer, un peu moins maintenant mais j'aime bien jouer, tout ce qui est jeu... Parce que jouer aux cartes, j'ai toujours joué aux cartes, aux échecs, aux courses, au loto, à tout... C'est convivial... C'est terrible le jeu quand ça devient une maladie ou un vice, c'est sûr, quand ça te mange le cerveau et que tu ne penses plus qu'à ça ! Ça c'est terrible ! C'est comme beaucoup de choses d'ailleurs ! A consommer avec modération !

C comme Carton
C'est tout ce qui est en dehors de soi ! Moi j'aime beaucoup le métier d'acteur parce que tu ne portes rien. Ou alors tu joues le mec qui porte quelque chose, mais disons que tu as besoin... le seul outil c'est toi. C'est ton corps. Et tu peux avoir les mains dans les poches et être acteur. Et ça c'est bien ! C'est un métier agréable pour ça ! Tu n'as besoin de rien ! Tu as ton costume, tout ça, mais l'outil principal c'est le corps, donc pour les cartons c'est tout ce qui est à trimballer, toutes les choses qui t'enchaînent à la réalité, à la matière et y a rien de plus chiant qu'un déménagement pour emporter toutes ces conneries qu'on a dans des cartons et qu'on trimballe, même si ce sont des bons souvenirs c'est quand même lourd à porter et c'est difficile de... il faut partir sans rien, quoi ! De toute façon on partira sans rien... on sera nous dans le carton !

B comme Bateau
Les bateaux, d'abord il y a le rapport avec le théâtre, parce que les théâtres à l'époque étaient construits par des marins, par des fabricants de bateaux, c'est la même construction et c'est la même chose, c'est le même métier, donc le théâtre est très lié aux bateaux et puis il y a aussi l'idée que quand j'écris une pièce c'est comme si je faisais un plan de bateau, tout simplement, un plan de bateau pour la Transat, la Route du Rhum ou je sais pas quoi, ou le Tour du Monde... seulement ce n'est qu'un plan, c'est sur du papier avec de l'encre et c'est tout. Après il faut construire le bateau, deuxième chose, c'est-à-dire trouver les matériaux, trouver l'argent pour faire le bateau, trouver l'endroit, trouver le temps pour construire le bateau, c'est la deuxième étape... La troisième étape c'est de conduire le bateau pour gagner la course, la traversée et pour moi l'auteur de théâtre il s'arrête au plan, le metteur en scène il construit et l'acteur il pilote, c'est l'équipage, la troupe c'est l'équipage. Et je suis content quand j'ai fait un plan d'un bateau et qu'il sert à gagner une course. C'est un vrai plaisir. Mais pendant longtemps j'ai fait mes plans moi-même, j'ai construit mes bateaux moi-même et j'ai navigué en solitaire sur ce même bateau et j'ai gagné quelques courses.

A comme Angoisse
Tout ça c'est pour calmer une angoisse sûrement, mais bon, il faut vivre avec son angoisse, chacun a son angoisse et puis voilà !
C'est tout !