Raymond Penblanc | Son corps de pierre

Raymond Penblanc. 3 romans aux Presses de la Renaissance, des nouvelles dans La Revue des Ressources et aux Editions de l’Abat-Jour, ainsi que dans une douzaine de revues, dont Brèves, La Femelle du Requin, Secousse, Coaltar, Paysages Ecrits, Harfang.



Il essaya de fermer le poing mais il avait trop mal au bras. Il essaya de marcher plus vite mais il avait trop mal aux cuisses. Il éprouvait des picotements sous la plante des pieds et dans les orteils, une bizarre sensation de froid entre les fesses, et dans la gorge un goà»t de fer. Le lendemain, outre l’aggravation des douleurs lombaires, il lui fallut s’appuyer aux meubles pour se déplacer. Ses jambes ne le soutenaient plus. Les écartant du plus qu’il pouvait, il s’efforça d’élargir son polygone de sustentation. Il titubait. Le surlendemain il tomba pour la première fois. Il parvint tout de même àse relever. Après une deuxième, puis une troisième chutes il dut se résoudre àréclamer de l’aide.


Admis aux urgences il patienta une heure avant d’être brancardé, puis une heure encore avant de pouvoir trouver place dans un des box adjacents, et là, questionné ànouveau et ànouveau tenu de recommencer avec la perte de sensation et la sensation de froid, avec le goà»t de fer et les picotements, avec la douleur surtout, qui lui faisait penser àun serpent lui bouffant la moelle épinière, irradiant jusqu’aux épaules et dans le cou. N’avait-il pas effectué un séjour àl’étranger récemment ? Le petit docteur des urgences énuméra quelques noms de pays. Connu intimement des étrangers ? (L’analyse de sang laissait apparaître un taux anormalement élevé de globules rouges. Dès le lendemain il faudrait procéder àun prélèvement de liquide rachidien.) Pas d’épisode dépressif ? De coup de pompe ? D’état grippal ? De rhumes àrépétition ? Le petit docteur s’agitait devant lui en faisant tourner l’embout de son stéthoscope comme une fronde. La paralysie, annonça-t-il, était en train de s’installer. Elle menaçait d’être sévère.


L’interne du service se détacha du mur du couloir auquel il était adossé, les mains dans les poches de sa blouse, pour venir coller un Å“il rond contre le flacon de la perfusion. Et cet Å“il unique, démesurément agrandi, semblait avoir avalé la totalité du visage àl’exception de la bouche, elle-même arrondie en un O perplexe et pour tout dire complice. Une heure après, profitant d’un dernier reste de mobilité, le malade promena l’extrémité de son doigt sur sa joue. C’était comme si la moitié droite de son visage avait gelé au fil des heures, ce que l’interne ne put qu’enregistrer àson tour en hochant la tête. « Rassurez-moi, docteur, et dites-moi qu’il ne s’agit nullement d’une punition, ou de l’annonce du Jugement Dernier. Je ne suis pas sà»r d’avoir mérité l’Enfer, ni de pouvoir le supporter surtout.  » Pour toute réponse l’interne souleva son patient par les aisselles et le maintint sur son séant avant de se caler contre lui au bord du lit. Après quoi il lui dénuda le dos, frotta àl’éther quelques centimètres carrés de peau autour du renflement crénelé des lombaires. Le malade retint sa respiration. Il savait ce qui l’attendait.


Ne souhaitant communiquer avec personne, il refusa le téléphone. Il était en train de se laisser glisser sur une pente fatale au bout de laquelle il allait continuer àse recroqueviller, redevenir fÅ“tus, tandis que son corps amaigri deviendrait celui d’un vieillard, faisant se télescoper en lui la fin et le commencement. Il avait vu sa mère se tasser sur elle-même au point de disparaître, ne mangeant plus, ne buvant plus, ne parlant plus, ne pleurant même plus. Seuls ses yeux vivaient. La petite cuiller qui venait buter contre les lèvres closes semblant signifier que si elle refusait de se nourrir avec cette obstination c’est qu’elle restait encore terriblement vivante. Il renvoya la nourriture, prétendant ne plus pouvoir mâcher. On la lui resservit mixée. Il assura qu’il ne pourrait rien avaler. Les muscles de la déglutition avaient-ils cessé àleur tour de fonctionner ? Un spécialiste l’examina, plongea de ses narines jusqu’au fond de sa gorge de petits instruments de torture qui lui levèrent le cÅ“ur, sans réussir àrien trancher, ni dans un sens ni dans l’autre. La bouche de travers n’était pas que de travers. Elle bavait de chaque côté comme une huître, sur le menton comme dans le cou.


Encore revêtu de son blouson de motard, son casque sous le bras, l’interne se présenta le lendemain matin, sans avoir pris de temps de passer par le service, et le malade en fut touché. Cet empressement àle visiter avait pourtant sa contrepartie. Il signifiait qu’il n’était pas nécessaire d’avoir enfilé la blouse sacerdotale pour faire ce qu’il avait àfaire, c’est-à-dire rien. Evitant de commenter les progrès de la maladie, l’interne se contenta d’inviter son patient àlui serrer les doigts, et leurs regards se croisèrent. L’image d’une falaise dut s’imposer àchacun avec la même évidence, le rôle endossé par chacun également. L’un avait glissé dans le vide, il allait s’écraser en bas si la main que l’autre lui tendait spontanément ne le retenait pas. Et s’il n’y avait aucun risque de voir le second entraîner le premier dans sa chute, chacun dut y songer en même temps, car d’un commun accord leurs doigts se délièrent, et le malade se laissa retomber sur ses oreillers avec d’autant plus d’accablement qu’il avait conscience de ne pas avoir encore touché le fond.


Il se permit de faire des caprices, de réclamer pour son dos des coussins d’air, des boudins d’eau. L’infirmière de nuit était un dragon, il détestait la voir mais la sonnait àtout bout de champ pour lui demander de modifier l’inclination du lit, la position des oreillers. Elle s’exécutait àcontrecœur et àtoute vitesse, le commentant d’une langue perfide. Excédé, il chia dans son lit dont il avait tellement emmêlé les draps qu’il s’y était ligoté comme une momie. Elle dut les découper aux ciseaux, en fit de la charpie, et passa une demi-heure ànettoyer le corps souillé avant de se résigner àlessiver par terre.


Le lendemain il fit un cauchemar. Son rêve ne racontait pas quelque chose de précis, et ne se déroulait pas non plus dans un lieu très précis. Simplement il avait dà» tomber très bas et être condamné àcroupir au fond de son trou pendant le restant de ses jours, conjuguant la déréliction du Christ avec l’accablement de Sisyphe. Or il était parfaitement réveillé et ne le savait pas. Lorsque l’infirmière de nuit fut parvenue àle lui faire admettre, il en déduisit que non seulement il était entré dans un temps infini, mais que ce temps infini devenait du même coup celui d’une souffrance éternelle. Il dut attendre qu’un massage intensif des pieds et des mains lui permette d’oublier la prison de son corps pour que les ombres funestes consentent às’éloigner. Heureusement l’infirmière de jour était en avance ce matin-là. L’infirmière de jour était àl’infirmière de nuit ce que, par nature, le jour est àla nuit, son double inversé. Dans la chambre nue sa présence rayonnait. Elle passait pour avoir guéri les scrofuleux, remis d’aplomb les contrefaits, fait marcher les paralytiques, arraché quelques moribonds àla mort. Elle se couchait contre eux et les massait longuement, sans crainte et sans répugnance. Deux petites rides verticales lui barraient le front, qui tantôt se fermaient comme des parenthèses, et tantôt s’écartaient comme deux petites ailes.


La nuit suivante il recommença le même rêve que la veille, sauf que cette fois il tomba de son lit. Il lui fallut de longues minutes avant de réussir àfaire coïncider la réalité de la chambre avec cette impression qu’il avait de ramper au fond d’un puits où il aurait plongé par mégarde, et dont il lui semblait entrevoir le cercle pâle au-dessus de sa tête. Il confondait avec le rectangle de la fenêtre. Mais parce qu’il ne pouvait que se traîner àquatre pattes, il avait songé àun piège de lianes et de branches solidement tressées, àpeine rompu par sa chute. La grande forêt nocturne craquait autour de lui, et dans ce monde en train de s’ébouler, les pieds chaussés de sabots blancs et les chevilles nues de l’infirmière de nuit passaient et repassaient rageusement, rayant l’espace qui devenait àson tour celui du rêve, rêve d’oiseau pris au piège, de nageur prisonnier d’un étang gelé, rêve d’enfant égaré, mort de trouille dans la forêt vierge de son lit.


Cette nuit-làsa tension grimpa à22, le transformant en une barre de métal chauffée àblanc. Démontée par cette nouvelle attaque, l’infirmière appela àla rescousse deux malabars des étages supérieurs. On expédia le malade sur une planète où la lumière ne s’éteignait jamais. C’était làqu’on maintenait en vie les futurs morts, làqu’on les préparait àmourir. Malheureusement la lumière était trop vive pour des yeux incapables d’abaisser sur eux leurs paupières : on décida de les protéger en lui collant d’office un bandeau noir. Ambiance assurée, de cave, ou de caveau. Que voit un aveugle ? Ce que voit un mort. Il essaya de s’ouvrir une brèche pour s’arracher mentalement àcet enfer. Tout seul et sans rien voir c’était impossible. Il implora, tempêta. Ici de toute évidence on était condamné àmourir seul. Autour de lui il enregistrait des plaintes et entendait des soupirs, preuve qu’il y avait d’autres réprouvés. Il implora de plus belle. A présent c’était sa raison qui menaçait de l’abandonner. De guerre lasse, et pour s’éviter d’avoir àrecueillir son dernier souffle, un ange de miséricorde consentit àlui déposer sous la langue une toute petite goutte d’éternité. Il décolla presque aussitôt.


Une plage moelleuse étalait àses pieds ses matelas de sable chaud que la vague venait lécher en se couchant. Les plaintes avaient fait place àdes chants. Des voix jeunes, amicales, féminines se tressaient en couronnes et s’assemblaient en bouquets. La bonne humeur était générale, elle ne tarderait pas àlui mettre la larme àl’œil et le rose aux joues. Nausicaa et ses suivantes ? Leurs cris, leurs rires étaient des bulles, de gros ballons joyeux, versicolores. Au centre trônait la Reine, énorme matrone fellinienne gonflée àl’hélium qu’il ne chercha même pas àlocaliser. Elle devait avoir trois bouées de chair autour de la taille et elle gonflait encore. Bientôt elle deviendrait trop grosse pour pouvoir se déplacer. Elle flottait dans très peu d’eau au milieu de toute cette cour volubile, et sa voix lui parvenait avec une intensité vibrante. Il se laissa bercer de lumière douce et de propos lénifiants. Il était dans une quarantaine magique, dans une maternelle d’anges. Il avait oublié son corps et renoué avec de vieilles sensations et des goà»ts très anciens, avec le chaud et le froid, avec le mouillé et le sec, avec le sucré et le salé, avec la douceur et la tendresse qui après l’avoir fait fondre lui arrachèrent ses premières vraies larmes depuis bien longtemps.


Quelques heures plus tard il sentit que son épaule droite se libérait d’une lourde bretelle plombée, son bras droit d’un gantelet de boue séchée. Le dur corset de fer qui lui comprimait la poitrine se détendit, et il lui sembla qu’il respirait mieux. On le remorqua dans les étages où il retrouva le long couloir encombré, puis sa chambre, intacte, comme s’il n’en était jamais descendu pour mourir et pour renaître, comprenant, encore que très confusément, qu’àdéfaut de recouvrer l’usage de ses membres il avait récupéré au moins sa tête, et avec elle tout un gisement àexploiter. Sa première pensée fut pour l’infirmière de jour. Elle était dans la chambre et lui annonça que puisqu’on avait gardé son repas au chaud elle se chargerait de lui donner la becquée. Bien que n’ayant pas faim, il la laissa rehausser les oreillers, puis redresser le lit en actionnant la manette, et quand il fut àhauteur elle lui tendit une première cuillerée de purée dont il se demanda si elle serait bonne, et surtout quel goà»t elle aurait, proposée par elle, avec son sourire àelle, dans le chaleur bienveillante de son regard, et fut déçu de ne lui en trouver aucun. Elle était si petite, presque une enfant, avec ses cheveux noirs coupés court plantés dru comme des piquants de hérisson, que devant elle il se sentit plus chétif qu’un enfant, un oisillon tombé du nid. Il entreprit d’élargir l’ouverture de son bec, c’était ce qu’il pouvait accomplir de mieux, tout en s’efforçant de faire coïncider cette ouverture avec le contenu de la cuiller, et sans quitter des yeux le bleu des yeux bleus de l’infirmière. Qui l’encourageaient, qui lui disaient qu’il n’y avait pas de honte àdevenir un oisillon tombé du nid. D’ailleurs elle continuait àsourire en lui servant la becquée, s’interrompant quand il s’arrêtait pour réfléchir ou pour reprendre son souffle, certaines bouchées éveillant en lui d’autres souvenirs de bouchées moins insipides et surtout plus compactes, comme s’il lui fallait apprendre àavaler aussi celles-là, les enfouir où elles auraient dà» rester.


Le lendemain il demanda àêtre douché. Si c’était bien le terme qui convenait, ça n’était cependant pas la réalité qu’il en escomptait. Il demandait àêtre bombardé d’eau. Il demandait àêtre décapé, épluché, dépulpé sous les canons d’une batterie de lances àincendie. Il demandait un complet lavage de cerveau. Recroquevillé sur son tabouret, il avait stoïquement accueilli la demi-douzaine de petits jets tièdes jaillissant de petits orifices disposés dans les quatre murs carrelés de blanc de la salle de douche. Resté seul, il choisit de se laisser tomber par terre et de se coucher sur le flanc, position plus commode dont il profita pour se mettre àramper. Ses doigts dérapaient sur le carrelage mouillé. Tant bien que mal il parvint àdonner àses jambes l’orientation nécessaire. Les joignant derrière lui il s’en fit une nageoire caudale. L’eau ruisselait sous lui avant de rejoindre la bouche d’évacuation au milieu de la dépression centrale où il lui sembla qu’il s’évacuerait lui-même quand elle aurait fini de couler. Le désir d’être poisson l’effleura. Il l’avait déjàexpérimenté en nageant, sans rien ressentir de particulier. Mais ici le manque d’eau rendait plus tangibles la rugosité de ses écailles et la viscosité de son ventre. Ses hanches, ses cuisses, son sexe glissaient sous ses doigts. Il avait perdu la représentation de ce que pouvaient constituer ensemble une tête, un tronc et quatre membres. Il était une mécanique déglinguée, désassemblée. On n’avait pas su l’accorder. On n’avait pas su le langer. On n’avait pas su le choyer, le bercer, le protéger du chaud et du froid, des lumières aveuglantes et des cris, des coups. Il se retrouvait tout gluant de sang, coulant de glaires et de pisse. Il avait encore dà» chier sous lui. L’eau ne le lavait plus. Elle se contentait d’huiler les rouages en anesthésiant la douleur. Soudain elle cessa de se répandre et il sentit le froid. Deux matrones plus nues que si elles s’étaient dévêtues, suant comme au sortir d’un bain de vapeur, déployèrent un drap où il se laissa rouler dans un ultime sursaut de ses pauvres muscles tétanisés.


L’infirmière de jour avait entrepris de remonter le lit àla bonne hauteur. Ensuite, solidement campée sur ses jambes et les mains bien àplat sur le bord du drap, elle se mit àobserver son malade comme un peintre le ferait de son sujet. Elle souriait du bon tour qu’elle venait d’inventer. Car si elle tenait àla main une petite cuiller àdessert, si elle la dressait àla verticale devant son Å“il réjoui, ça n’était pas dans le but d’évaluer l’équilibre des volumes comme l’aurait fait un vrai peintre avec son pinceau, mais pour la proposer aux doigts gourds du gisant bien calé contre ses oreillers. « Tenez-la fermement.  » « Ne me dites pas que vous n’y arrivez pas.  » « Vous n’êtes plus un enfant.  » « Ne vous laissez pas engloutir par la distance. Vous n’êtes pas en train de franchir un ravin.  » « Levez-la vers vous et essayez d’avaler mentalement ce qu’elle contient.  » « De la mousse au chocolat àl’orange, vous aimez ça, pas vrai ?  » « Si vous visez juste elle n’aura pas l’idée de passer àcôté.  » « Ecartez bien les dents et ne pensez àrien d’autre surtout.  » « De toute façon on épongera.  » Il fut agréablement surpris de pouvoir renouer avec le fonctionnement de ses papilles sans avoir àse faire greffer dans la gorge un kit de cellules fraîches, sans avoir àsubir de délicats implants de langue et de glotte, ni àsoutenir de sanglantes révolutions de palais. Et s’il ne retrouvait pas dans l’orange la saveur des Noë ls de son enfance, si la mousse avait perdu de sa consistance d’écume marine, ce n’était qu’un début et il se sentait capable de progrès. Par bravade, il déclara pourtant qu’il s’accordait encore huit jours, et que si au bout de ces huit jours il ne parvenait toujours pas àmarcher, il enjamberait la fenêtre et se jetterait dans le vide. Elle rit. « Dans ce cas il vaudrait mieux choisir un autre lieu. Ici on croise chaque jour un bon samaritain, infirmière ou médecin. Même les courants d’air sont médicaux. Ils vous ramasseront àla petite cuiller et recolleront facilement les morceaux.  » C’était justement l’heure des blouses blanches, dont la déferlante, qui remontait avec des bruissements d’ailes se brisa en multiples vaguelettes au passage de la porte avant d’envahir la chambre, encerclant le lit. Alors, puisqu’il se tenait bien droit contre ses oreillers, on lui parla la main sur le cÅ“ur et les yeux dans les yeux. Puisqu’il était bien sage on testa ses réflexes avec un petit marteau de commissaire-priseur. Puisqu’il était propre on le parfuma, on lui tailla les ongles des pieds et des mains, on lui massa les orteils et les jambes, des chevilles aux genoux, des genoux jusqu’aux cuisses, avant de le retourner côté pile et de lui pétrir les reins et le dos comme une bonne farine. Il était plat comme une galette, mais doté d’un coefficient d’inertie qui rendait la tâche malaisée. Eprouvant la sensation d’intégrer un moule encore vierge, il eut envie de les remercier. Son esprit était pourtant loin d’avoir récupéré toute sa capacité d’expansion. Il se trouvait lent. Cloué au sol, il sentait qu’il aurait du mal àdécoller et regretta de ne pas avoir la légèreté de ces barbes de pissenlit qu’un souffle suffisait àdisperser dans le vent. Eux riaient entre eux, quand ils ne s’entretenaient pas àvoix basse pour éviter de le déranger. Fermant les yeux il les écouta àpeine et les laissa àleur petite cuisine. On allait vers le printemps, dit quelqu’une, et ce propos le fit sourire. Entre-temps la neige qui menaçait depuis le début de l’après-midi s’était enfin décidée àtomber. Il les pria d’éteindre en partant pour pouvoir contempler les flocons qui se pressaient par milliers contre la vitre.


23 avril 2013
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