et puis se réveiller, un matin terrible

Si je lis, si j’achète des livres et que je les dévore, ce n’est pas par plaisir intellectuel - je n’ai pas de plaisirs, je n’ai que faim et soif - ni par appétit de connaissances, c’est par une sorte d’astuce inconsciente, que je viens de découvrir : collectionner des mots, les accrocher en moi, comme si c’étaient des haillons et que j’étais un clou, les abandonner àmon inconscient, comme on se débarrasserait de quelque chose, et puis se réveiller, un matin terrible, pour trouver àmes côtés un poème déjàfait.

Alejandra Pizarnik, Journaux 1959-1971, José Corti, 2010. Traduction Anne Picard.

22 novembre 2011
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