Game over


Game Over par Chedy Ben Youssef

« Game over  ». Elle scotcha une photo au clipboard et nous donna carte blanche. J’aime bien ce genre d’exercice où la contrainte n’en est pas vraiment une. Mais ça tombait mal. La réunion qui se passait àcoté avait plus de présence dans ma tête que la photo qui devait m’inspirer. Le comble c’est que le monsieur qui intervenait parlait dans un micro. Pourtant la salle où étaient rassemblés les voisins du quartier n’était pas immense, tout le monde aurait pu entendre ce que l’intervenant disait sans qu’il eà»t besoin d’un micro. Enfin bref, je dois me concentrer sur la photo et ce « Game Over  » qui attirait toute l’attention sur lui, faisant ombrage au reste des éléments qui composait le paysage. Je réussis tout de même àremarquer la chaise pliante adossée au mur de la bâtisse ancienne et je vis, comme un éclair traversant mon esprit, l’image de mon grand-père, de son jardin et de sa chaise qu’il abandonna l’un comme l’autre, quand il nous quitta en ce jour pluvieux. Depuis comme la chaise et le jardin de la photo, la chaise et le jardin de mon grand-père dépérirent petit àpetit jusqu’au « game over  ». Dès qu’elle accrocha la photo, jaillit le souvenir de ce vieil homme, qui passait son temps devant chez lui assis sur sa chaise, àméditer ou dans son jardin en train de tailler une branche ou d’arroser le jasmin, jaillirent des souvenirs de mon enfance puis prirent forme dans ce « game over  ». Toute enfance est une vieille bâtisse et un jardin en friche. Toute enfance est un tag dessiné maladroitement sur la façade d’une bâtisse abandonnée.



Game Over par Junior Essono

– Je me réveille en pleine forêt. C’est comme si il n’y a plus personne sur la terre. Je prends peur de la solitude àce moment là. Je me dis : suis-je réellement seul ? Et d’un coup Ah ! j’aperçois une maison. Toc-toc il y a quelqu’un ?
– Oui, entrez.
J’entre et je vois devant moi le Diable.
– Le quoi ?
– Le Diable.
– Et t’as pas eu peur ?
– Euh non il était tout p’tit, tout mignon, c’était un enfant. J’y croyais pas, j’en avais des frissons. Il…
– Quoi ?
– Il, il, merde, il m’a montré la vérité.



18 octobre 2011
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