André Gache | Cosmogonies

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que l’eau n’a pas de forme —qu’elle n’est pas informe —les côtes sont un sternum qui donne un corps aux molécules à la recherche d’une enveloppe —que le corps de l’eau a toutes les formes —qu’en se solidifiant il gagne en légèreté —GELER DONNE DE LA GLACE QUI FLOTTE —qu’il est transparent —qu’il coule —la vapeur est un état d’âme gazeux qui donne une idée de l’état de l’univers —que l’océan transpire —qu’il a des langues —langues de terre —SUER REVIENT À BOUGER EN FAISANT UN EFFORT AQUATIQUE —l’odeur du mouvement remplit les pièces de rechange —que l’iode teint l’imagination —qu’elle prend toutes les formes —INVENTER EST UNE CRÉATION QUI ENTRE DANS TOUTES LES PEAUX EN LEUR DONNANT UNE CHAIR —que la chair se fait verbe, qui s’incarne en conjugaisons d’ongles —qu’onglée est un rivage —que l’aborder s’y risque aux choses premières

le mouvement de l’eau retourne le lobe frontal sur lui-même en libérant l’imagination, des sens —que l’écume est une grosse colère —que le bruit s’en va jamais, jamais le même —que ça bouge tout le temps —que le matelas est une matrice —que plonger l’ouvre —NAGER REVIENT AU MÊME —les vagues portent l’obscurité du corps à la lumière physique, des sens —que l’enveloppe est un moment qui les permet tous —que l’eau s’évapore —que la peau attend —que la pluie arrête les sécheresses —que le parapluie est un paravent du manque —NAGER DONNE DE L’APPÉTIT, REVIENT À MANGER, soit : SE REMPLIR, DE SENS

l’eau remplit une poche, la deuxième est percée —que l’océan la recoud —TREMPER DONNE UN FIL INCASSABLE —que les continents tiennent —la marée les attache en revenant deux fois par jour —qu’elle est une attente —que le sel est partout le même, il donne du goût à la langue —qu’elle peut parler la même —PARLER EST COMME NAGER DANS LA BOUCHE, LA VOIX VIENT D’UN TEMPS GÉOLOGIQUE —que l’eau le conserve —que l’océan est dans cette couche

le cri est une incertitude que le silence de la terre remet en jeu —que l’horizon ne recourbe rien —que l’eau le fait —l’homme étalé sur le sable a toujours le ventre plat —EMBRASSER AIGUISE LA FAIM, DES SENS —que le sable est trop chaud —que l’océan mouille —que le plancton chatouille —les rires sont des vagues sur lesquelles la langue fait du crawl —AIMER REVIENT À NAGER ENTRE LE PALAIS ET LA LANGUE —les mains qui passent de la crème partout sont une marée qui monte —qu’elle est haute à l’heure —qu’elle redescend après —que ça marche entre les côtes —l’océan fournit le poumon —que la bouche le garde

que la vase est le reste retenu par la terre —les cris d’oiseaux accompagnent une fin qu’un retour est toujours possible —que l’estran est une attente —MARCHER EST S’ENFONCER DANS LE MOU, DEMANDE UNE ATTENTION, DES SENS —les ostréiculteurs savent que le temps n’a pas d’arrêt entre la dénudation et la couverture —que les gestes ont la précision des bouts de doigts —que l’huître a la sensibilité à fleur de langue —FERMER OUVRIR RÈGLE UN ORDONNANCEMENT ADÉQUAT DES CHOSES —que la marée vient du fin fond du silence —que l’eau est inéluctable —qu’elle couvre et remplit —son calme au ras de l’œil satisfait tous les nerfs, des sens —que les barques sont le repos —que le moment suspend le souffle —que les heures se recalent —REPOSER EST COMME UNE CRÉATION QUI LIE LES LANGUES DANS LA BOUCHE —que la bouche pleine —que nager parle la parole

l’océan la disperse en la faisant passer sous la ligne d’horizon —que la pluie tombe —que l’eau coule —BOIRE EST UNE CONVERSATION DE TOUTES LES CÔTES INDIFFÉRENCIÉES —que le vacarme des vagues est le signe d’une bonne marche des choses —PARLER REMONTE LA MARÉE AVEC QUOI L’HEURE EST DONNÉE, LE RETOUR POSSIBLE —que l’heure de dormir —que le sommeil descend dans la bouche —que la langue de terre —que l’océan la mouille pour que le monde n’éclate pas

13 mai 2010
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