Le nom de l’horizon / La main de l’horizon

Livre de Yves Bergeret et de Robert Groborne.


« Le vent emmène nos souffles et nos yeux dans l’aube d’une autre forme, d’une autre vie qui court par-dessus le vide et avale l’horizon jusqu’àla chair d’un autre très grand corps de sable, de grès et de sang.  »

Yves Bergeret marche et regarde loin devant lui. Il est en Afrique, dans un lieu qu’il connaît. Il sait la rudesse et la rigueur de l’environnement. Il sait aussi – et cela ce sont les hommes qu’il côtoie qui lui l’ont appris – qu’ici, seuls « les Anciens et les Ancêtres possèdent les clefs sacrées de la parole et de la mémoire  ». Il faut donc les interroger avant de scruter, de prétendre nommer et d’approcher une ligne d’horizon qui ne cesse de s’éloigner.

Il avance entre plaines et montagnes, se plie àla volonté du vent ou de l’orage. Les séquences lui reviennent alors qu’il se trouve loin des déserts, terres, terrasses, pentes et monts qu’il a longuement arpentés. Il est, précisément, au moment où le texte se pose, àMarseille, dans une salle de répétition avec instrumentistes et chanteurs. Les différents temps, scènes et lieux décrits se juxtaposent pour que mémoire et instants présents tracent ensemble un même chemin. Et suivent les mêmes pistes, les mêmes sinuosités, les mêmes envies de vivre pleinement ce qui est donné.

« Nous avons quitté dès l’aube la montagne tabulaire orange, descendant d’abord par un sentier de contour entre les barres rocheuses ; piémont des grandes falaises, sentiers en balcon, descendant parfois en escalade penché sur le vide. Début de matinée sans encore trop de soleil après une nouvelle nuit àla belle étoile sur le toit de la maison d’Alaye.  »

Robert Groborne, quant àlui, esquisse la présence secrète du paysage dont il est ici question (celui des montagnes maliennes) en partant des photos prises sur place par Yves Bergeret (qui s’y rend plusieurs fois par an). Il le fait àsa main, gravant avec force et dextérité ces blocs sombres et ces rais de lumière tranchants qui, tous venus de la montagne, se calent puis se posent entre des pans de « pénombre brune  » pour devenir de vrais, et grands, « corps de sable  ».


Yves Bergeret & Robert Groborne : Le nom de l’horizon / La main de l’horizon, éditions AEncrages & Co.

3 février 2010
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