Bruno Fern | Des figures (II)

Cette suite de poèmes intègre certains textes lus par Bruno Fern lors de la Nuit remue 3.

Textes et lectures de Bruno Fern ici.


Un

zig pourvu de tout le matos nécessaire c’est-à-dire

censé être mais làest la question

si elle se pose entre les lignes

possible qu’il y ait des flashes

ou même deux éclairs de lucidité dans l’épaisseur

traduisibles du moins en partie

coup às’y croire vraiment

 

Per

version originale aux sous-titres parfaitement inutiles

c’est dans la défense naturelle que ça se déroule

oxydée blonde ou rousse assez jolie d’ailleurs

dans la tête encore plus qu’autre part

sonne l’heure les jours

s’en vont d’un seul regard ou renouvelé sur demande

du bout des lèvres àl’horizon

 

Mou

exploite la proximité phonique avec chou

quand on décide de rentrer dedans

rire est préférable dans certaines circonstances

vent terrain lourd de conséquences

tons donnés en 700 chaînes gratuites

 

Cuis

son du poème qui démultiplie les saveurs

ses ouvertes ou fermées ça ne change rien au fond

cuis donc en double exemplaire sur un arbre hivernal

quelque chose de cru [1] ce qui paraît logique

àpoint ou pas ça reste toujours saignant

 

Et

flanqué de lui-même quoique pas en continu

pour autant n’hésite pas àla ramener à

tonner de la gueule et du point

sur les i ou àla fin des phrases

mettre un cri un terme relatif au chant

jaculation s’emploie mais le plus souvent dans un cercle réservé aux initiés

puis quoi en prime

 

Ma

indique la possession sauf que

serrer a ses limites

nier les faits s’avère aussi difficile que les mots

technique parmi d’autres pour perdre des plumes

boules de geisha et assimilées

se disent s’expriment en kg se

cabrent découvertes parfois jusqu’aux chevilles

che altro per vivere

 

Je

t’ai eue I’ve got you sà»r que ça peut se chanter

nous c’est une autre paire de manches c’est une articulation

thème ou version les deux sont àportée

de mains et du reste bref jeux de vivants

interdits ou pas en tout cas tentant d’y partager au minimum

thé àla menthe ou aux crocodiles

c’est qu’il y a une différence notable

 

Dis

qu’en penses-tu toi du

paraître et de l’être

formes d’existence qui ne coïncident pas toujours

recto verso et laissent désirer aux entournures

simuler n’avance pas àgrand-chose

qu’as-tu fait toi que voilàpliant sans cesse

cible plutôt au moins vise la

solution en cours d’exécution

 

As

ticots mués dans la boîte en mouches aussitôt mortes

c’est surprenant à8 ans pour en déduire

que l’on dit vivre un poil trop vite

sommés que nous sommes d’y figurer dans des conditions

semblables en mots ou pas

 

Des

fois qu’on voudrait

équilibrer l’égarement

l’embarquement c’est immédiat prévu pour

nous même les cheveux y passent bien que poussant jusqu’après l’arrêt

fonctions vitales qui n’en sont pourtant plus

que nous puissions encore articuler ou pas

jetés dans la masse y roulant avec les tilleuls inclus

 

Fou

gueuse ou en nuisette satin

àlier + ou – étroitement

tant qu’il se peut tendu vers (= un mot total [2])

rageant de n’en être jamais assez d’en lâcher

et tombé des nues je veux dire des mains

la paix pour un moment c’est déjàça

 

Qui

suis-je / quand je n’écris pas [3]

qui est un surnom une occasion supplémentaire de viser

justement en ratant plus d’une

conque où s’entend l’extérieur intime

s’appelle communément écouter la mer

reste sans dénomination précise

 

Si

laps de temps (ou d’autre chose) favorable

du coup il y a de quoi

faire constitue une nécessité tant que ça tourne

lance dans les rangs saute en dehors àsa façon

tuant dans l’œuf toute tentative d’y retourner

entre nous le courant passe comme on dit

affinités ça suffira bien – espaces compris


N.B. : Une syllabe sert d’embrayeur, virtuel puisqu’on peut ne la lire qu’en guise de titre ou avant le début de chaque vers, un mélange de ces deux types de lecture étant également envisageable, histoire de réjouir mais aussi de défaire une stabilité (R. Klapka).

7 janvier 2010
T T+

[1A.Zanzotto.

[2Mallarmé.

[3Rose Ausländer.