Christiane Rochefort : Œuvre romanesque en un seul volume

Parution, aux éditions Grasset, collection Bibliothèque, de l’ensemble de l’œuvre romanesque de Christiane Rochefort en un seul volume dont La Porte du fond, son texte le plus terrible, le plus percutant et le plus « écrit », même si le thème, l’inceste, en a masqué cet aspect lors de sa publication. On peut d’ailleurs élargir cette remarque à tous ses romans : la force de leurs sujets, comme effaçant ce qu’on appelle la « forme », concentrait sur eux seuls le regard de la critique.

             Dans ce volume de quelque mille cinq cents pages on lira ou relira : Le Repos du guerrier, Les Petits Enfants du siècle, Les Stances à Sophie, Une rose pour Morrison, Printemps au parking, Archaos ou le jardin étincelant, Encore heureux qu’on va vers l’été, Quand tu vas chez les femmes, La Porte du fond (prix Médicis 1988).

             Chrono-biographie et Préface de Martine Sagaert, professeur de littérature contemporaine à l’université de Bordeaux-III.

             En 1997, Christiane Rochefort publiait ses deux derniers livres Adieu Andromède, essai, et Conversations sans paroles, roman. Il est improbable que cette distinction entre les genres littéraires entrait pour elle en considération quand elle écrivait.

Et maintenant : imaginez un monde où la rencontre des yeux serait vécue tout naturellement comme un événement essentiel, ce qu’elle est. L’annonce d’un contact d’esprit possible. D’un accord profond. Le mode premier où se montre cette possibilité. Une porte ouverte à la connaissance, oui, c’est de connaissance qu’il s’agit. Un accès royal, vers l’autre. Et le seul recours en ce monde.
Imaginez qu’au lieu de passer distraitement, on y voie un signe (ce que c’est). Qu’on suive le fil, qui s’est tendu.
Qu’on prenne le temps de se laisser porter.
Ce serait une autre vie, non ?
C’est une proposition. Sérieuse.
Et moi, je vais continuer.
Tant que je serai disponible, entendez, capable d’écrire.
Et le moment venu, pas avant, pas avant :
Mon corps à la terre, et mon esprit
aux électrons qui l’ont créé.

Dominique Dussidour

13 novembre 2004
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