Flannery O’ Connor : L’Habitude d’être, une correspondance

Cette correspondance s’étend du 19 juin 1948 au 28 juillet 1964 - six jours avant sa mort survenue le 3 aoà»t, àl’âge de trente-neuf ans. Flannery O’ Connor s’y adresse àsa mère, àses amis, répond aux lecteurs qui lui écrivent. Elle y parle de son travail d’écrivain, des oies et des cygnes qu’elle élève dans la ferme de Georgie qu’elle quitta rarement, de la maladie qui la gagne peu àpeu et qui interrompra prématurément, elle en a une conscience aiguë , sa vie et son oeuvre. Elle s’y montre une fille moqueuse et affectueuse, une amie tendre et sans concessions, un écrivain lucide et plein d’humour.

Les lignes qui suivent sont un passage d’une lettre datée du 22 décembre 1964, adressée àMaryat Lee, de l’hôpital Piedmont :

A mon entrée, quand j’ai donné tous les renseignements me concernant au service d’admission, une femme aux cheveux carotte et aux lunettes assorties m’a demandé qui était mon employeur. "Je suis mon propre patron, lui ai-je dit. - Et c’est quoi au juste votre entreprise ? s’est-elle inquiétée. - Je suis écrivain", ai-je avoué. Elle s’est arrêtée de taper àla machine et, au bout d’une seconde, elle m’a lancé :"Vous êtes quoi ? - Ecrivain", ai-je répété. Pendant un bon moment, elle m’a dévisagée, puis elle a dit :"Comment écrivez-vous ça ?"

Flannery O’ Connor est l’auteur de deux romans, La sagesse est dans le sang et Ce sont les violents qui l’emportent et de nouvelles rassemblées dans Les braves gens ne courent pas les rues et Mon mal vient de plus loin, qui appartiennent àla grande littérature du Sud des Etats-Unis, aux côtés d’Eudora Welty, Carson McCullers et William Faulkner.
Geneviève Brisac lui a consacré une biographie de rencontre avec cet auteur et ses livres : Loin du Paradis : Flannery O’ Connor (Petite Bibliothèque de l’Olivier, 2002)

Dominique Dussidour

18 novembre 2003
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