Prendre suint - 1

Suint, la graisse que sécrète la peau du mouton, et qui se mélange à la laine. Le suint est le dernier territoire de la chair vive, d’emblée basculé dans l’existence technique du cérémonial humain. On fait les poèmes aussi avec des cliquets et des brefs d’armure. La poésie se tient à cheval entre l’animal et la parole. Nous écrivons avec les animaux que nous serons capables de devenir. Suinter, c’est ruisseler, dégoutter, pleurer. Les plaies suintent, et les murs. Ce qui suinte enferme un secret dont l’écoulement, l’éboulement de la langue a la garde. Seul il peut en prendre soin en son don et son désistement.



LE RIVAGE


Dissimulée par la longère,
la carcasse de voiture montée sur parpaings
est un mot comme un autre.
Des perdrix y élurent leur tabernacle, qui
grattent la rouille de leur bec sourd.
Fameusement donne le vent dans la défection des relances.
De quel enfant remplir le seau
pour faire des méduses échouées dans le jusant
l’énigme correcte des postures techniques ?


UNE JOIE


J’eus crispé longtemps dans l’arrêt sur usage
ton regard, appuyant toutes mes mains
là où les rides se recouvrent de peau, avant
que tu brosses tes cheveux à califourchon sur les limaces.
C’est un peu de pain que tu donnes,
des habits propres pour la meute.
N’aie crainte
que les fleurs mutilent la joie
avant de rejoindre tes dents.

29 octobre 2023
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