Jacques Séréna / Avec les "sans"
l'hommage de remue.net à Jacques Séréna

Les livres de Jacques Séréna, Basse ville, Isabelle de dos, Lendemain de fête, sont publiés aux éditions de Minuit. Rimmel a été mis en scène par Joël Jouanneau à Théâtre Ouvert. Il a été de 1998 à 2000 artiste associé au Théâtre National de Strasbourg.

retour remue.net

 

  Jacques Séréna
photographié par Olivier Roller

 

Jacques Séréna sur remue.net

mai 2004: Ce n'était pas lui, ce n'était pas d'elle, à propos du texte de Bernard Cantat, Nous n'avons fait que fuir
sept 2002 : "Rats" précédé de "Pour un piratage éhonté"

Jacques Séréna / Velvette
"Tout ce que j'écris a toujours un rapport avec le Velvet Underground. Celui qui a choisi de s'en tirer. Se survivre, une des tentations. Celle qui a été jusqu'au bout des conséquences. L'autre tentation... " - Velvette a été publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs

Jacques Séréna, ateliers d'écriture:
 Avec les sans
l'atelier d'écriture comme champ de fonctionnement de la pensée
•  Fins de droit
ateliers d'écriture avec les chômeurs de Seine Saint-Denis
•  Le style c'est la limite
réflexions après une résidence d'écrivain à la fac de Toulon, 1999

autres liens et ressources

Elles en premier toujours
une nouvelle de Jacques Séréna dans Inventaire/Invention

Il est minuit depuis toujours
entretien avec Jacques Séréna dans Le Matricule des Anges


Jacques Séréna sur theâtre-contemporain.net
avec lectures en RealAudio par l'auteur, CV, biblio etc

Jacques Séréna sur le site des éditions de Minuit

On s'engage sur la bretelle qui mène au parking. Parking ordinaire, bordé de hauts grillages où pendent des lambeaux déprimants de sacs en plastique. La cafétéria bâclée au milieu, avec autour les trois ilôts de tamaris chancreux. Les poubelles accrochées aux piquets, dont débordent les Kleenex, la cellophane froissée, les serpentins marrons de cassettes dévidées. Notre client est là, on voit sa grosse Taunus. Client banal, encombrant, plutôt laid, tout rond, tout con, on l'appelle la Pomme.

Il vient à nous, de son pas, chaque pas pommien accompli comme s'il était important, les banals font ça d'instinct, pour compenser.

Ça va? demande La Pomme.

On dit que ça va, à quoi ça nous avancerait d'aller dire que tiens justement on a mal au crâne. J'ouvre mon coffre. La Pomme ouvre des paquets de repros. Trouve des Angelus plus jaunes que d'habitude, dit qu'il faut lui faire une fleur. Je demande quelle fleur, lui en signale des plus rouges.
Non honnêtement, insiste la Pomme, il faut être honnête.

Je dois m'insurger que c'est honnête, qu'on n'est pas dans les paquets, le choix est conforme à la commande et pour le reste c'est à son risque, ça s'est toujours fait comme ça. Nous on prend le risque du trajet, ça suffit déjà bien. Si on se fait gauler en route on ne lui demandera rien, ou si on s'endort au volant, qu'on se viande contre un mur.

[...]

On s'assoit tous les trois dans la cafétéria, dans cette salle très éclairée, espèce de grande laverie automatique. On mange des américanos, on boit des Tuborg. La Pomme se lance dans des histoires de giutans, dit qu'il y en a qui se fabriquent des bras postiches qu'ils portent croisés sur la poitrine pendant qu'ils font leur boulot avec les vrais. Il s'est trouvé dans un ascenseur avec un, qui voulait lui vider les poches, mais, nous rassure La Pomme, il ne lui en a pas laissé le temps. On plaint le gitan, on espère qu'il a trouvé une autre pomme. On reprend un américano.

Jacques Séréna, Lendemain de fête, © Les éditions de Minuit, 1993.