Jacques-François Piquet / Noms de Nantes

allez le voir chez lui : le site de Jacques-François Piquet

à lire aussi sur remue.net
Métaphor City

Noms de Nantes est paru en février 2002 aux éditions Joca Seria, avec une postface de François Bon

 

La Pilotière
C’est ici que tout a commencé, du moins pour ce qui te concerne, dans ce quartier périphérique coincé entre usine et jardins maraîchers, rencogné entre rails et nationale, fuyant qui vers le Nord, Châteaubriant, la campagne exécrée des dimanches, qui vers l’Est, Paris, la ville capitale, seule échappée quand on n’est pas marin.
Les noms des quelques artères qui l’oxygènent - à peine une dizaine - se voulaient peut-être hommage aux sacrifiés de la Grande, poilus ensevelis pêle-mêle dans la boue des champs d’horreur, morts pour qu’une administration puisse un jour, sans rougir, décréter que telle rue d’ici se nommerait “ de Metz ”, telle autre “ de Toul ” ou “ de Nancy ”, la tienne, celle où tu es né “ de Thann ”.
Ni cossues, ni coquettes, la plupart des habitations montraient peu en façade, au mieux un jardinet fleuri sans goût, entretenu sans ostentation, tandis qu’à l’arrière, à l’abri des regards, sitôt franchi un couloir latéral à haute porte verrouillée, un potager soigné, souvent jouxté d’un poulailler, voire de clapiers : les souvenirs de faim sont tenaces, le temps du rationnement à peine révolu, sans oublier, ancrée au plus profond de ces petites gens besogneuses, ouvriers fils de paysans, commis corvéables, bonnes à tout faire, eux-mêmes descendants de serfs, la crainte obsessionnelle du manque.

Les Batignolles
Côté nord de la route de Paris, c’était l’usine métallurgiques des Batignolles et dans l’ombre de ses hauts murs un autre quartier, un autre monde, non plus maisonnettes, mais baraquements de bois alignés entre lesquels, sur fils de fer tendus, bleus de chauffe et tricots de corps n’en finissaient de sécher.
Un jour de mai, plus tard, tu les verras les ouvriers en masses menaçantes barrant la route, jusque sur les hauts murs arborant drapeaux et banderoles, ton père haussant les épaules, prolétaire pourtant lui aussi, mais trop nourri de prêches et d’hosties, au ventre la peur viscérale du rouge.

Le Jardin des Plantes
Dimanches de printemps, azalées, camélias, rhododendrons, grands arbres d’essences exotiques, faons nouveaux nés dans les enclos près des grilles, poissons rouges et carpes de belle taille dans les bassins d’eau claire ;
mais ils marchaient dans les allées du jardin comme ils vivaient sous leur toit, séparés silencieux, ton père dix pas devant ta mère, et toi gamin navette courant d’une main à l’autre, disant deux fois les jolies fleurs, deux fois les gentils animaux, histoire de, pour ne pas, jusqu’au jour où lassé, essoufflé, ne te voulant plus ni entre ni avec, tu t’installerais hors de leur portée, dans ton silence, ailleurs.


Le Pin Sec
En bas de ta rue, les H.L.M. métastatiques du Pin Sec gagnaient champs et terrains maraîchers, bientôt constituaient là encore un autre quartier, un autre monde, creuset d’une impossible entente entre les premiers arrivants, miséreux du Marchix expulsés du cœur nantais pour destruction de leurs taudis insalubres, et ceux qui débarquèrent en masse, presque du jour au lendemain, accent et arrogance en bouche, chassés de terres africaines qu’ils n’auraient jamais dû occuper : mains sales d’un côté, Pieds-Noirs de l’autre, sur les bancs et dans la cour de l’école primaire Urbain-Leverrier, toi et les autres petits gars du coin n’en meniez pas large.


Allée du Commandant Charcot
Aux terrasses des cafés, deux enfants gitans pieds nus mal fagotés - frère sœur, peut-être, dix ans au plus - lui, d’une guitare qui le dépassait en taille sortait une musique de flamenco qu’elle aux yeux maquillés syncopait en frappant des mains, puis, leur brève prestation terminée, en guise de sébile chacun tendait aux clients attendris une petite boîte à cigares en métal, couvercle relevé mâchoire grande ouverte, au fond de laquelle tintaient les pièces, tintaient ;
la commisération - à cet âge un rien l’éveille - ou l’attrait de la guitare te fit les suivre de terrasse en terrasse, jusqu’à l’angle de la Duchesse Anne où tu les vis soudain disparaître petits tas de guenilles bariolées à l’intérieur d’une grosse auto noire carrosserie rutilante tandis que par la vitre baissée côté conducteur un épais panache de fumée comme un mouchoir agité sur un quai de gare.


Rue Thurot
A la Coupole, discothèque des dimanches après-midi, jerks et slows alternés tricotaient des couples d’adolescents bien mis bien coiffés - “ minets-minettes ” disait-on - que l’on revoyait le soir enlacés sur les banquettes des cafés chics de la place du Commerce, buvant fumant des blondes étrangères, seize ans, l’avenir léger dans des volutes bleutées ;
ils s’appelaient Stéphanie, Jean-Marc, Sophie, Thomas, tu les suivais, les contrefaisais, conscient de jouer dans la mauvaise cour, mais rien d’autre par ailleurs, l’ennui la solitude, tes jours d’alors comme une enfilade de couloirs sans ouverture avec l’ignorance crasse sinon la peur des portes dérobées.

Rue Dufour
Lycée Eugène Livet, élèves en blouse blanche visant ingénieurs, techniciens, dessinateurs industriels, et toi qui ne voulais pas, ne comprenais pas, erreur d’aiguillage, on arrête tout, on recommence, mais la machine lancée ne restait plus qu’à sauter en marche, ce que tu fis au grand soulagement des professeurs d’ateliers, bon débarras, pas de temps à perdre, au grand dam de certains autres qui essayèrent, qui s’efforcèrent, mais ta décision prise, plus rien à faire ;
curieusement, pas de réactions virulentes chez les tiens, ta mère inquiète sans plus, ton père un mur comme d’habitude, faut dire que tu ne sautais pas sans filet : un boulot pour ne plus être à charge - car autrement la honte pour eux qui trimaient dix à douze heures au quotidien - et concrétiser au plus tôt le désir de rompre les amarres.


Rue Voltaire
Dans les cuisines vétustes du Jean V, tu plongeais trois heures par jour au déjeuner, la vieille Henriette t’avait montré, encore vive malgré l’âge et l’usure, son odeur tenace de vaisselle grasse, d’aisselle transpirante, ses mains écarlates doigts boudinés à force d’eau bouillante, encore pire avec des gants, n’en mets pas, petit, en outre ça ralentit la cadence, car aller vite, laver rincer, le client roi, tous les droits, et tandis que tu t’activais autour de toi fusaient les voix des serveurs énervés, trop tard, trop froid, des cuistots qui n’en pouvaient mais, tous les jours pareils, tenir au rouge, par litres à la régalade, laver rincer, pisser plus tard quand tout serait fini, plus tard.
Parfois passait la patronne, une forte blonde surnommée Marraine, qui observait, tançait, mettait s’il le fallait la main à la pâte, faire croire qu’elle aussi avait commencé au plus bas, dans les vapeurs grasses d’un évier en ciment, eh oui, ma brave Henriette, mais encore fallait-il en vouloir, or Henriette n’en voulait plus, de rien, juste partir, se retirer dans ses odeurs, s’y fondre, s’évaporer ;
ce fut elle, Marraine forte blonde, qui te repéra, bon petit gars, vif, pas cher, d’autant moins que pas déclaré Sécu, ferait ma foi l’affaire dans l’autre établissement qu’elle possédait en ville...

©Jacques-François Piquet / Joca Seria

François Bon / D’un violon vendu pour une poignée de sous
postface à Noms de Nantes, janvier 2002

Deux notions centrales dans le plus vieux de l’art du récit ont vu ces dernières décennies leurs frontières se déplacer. Ces déplacements sont minimes, peut-être même à peine énonçables. Mais, parce qu’ils touchent au cœur de ce très vieil art du récit, et que cet art du récit est impliqué au cœur de ce par quoi nous nous apprenons nous-mêmes, ces déplacements minimes peuvent décaler l’ensemble de notre perception littéraire, et provoquer à leur tour que naissent des textes qui auparavant n’auraient pas été concevables. Ces textes, il nous faut alors apprendre sans vraie préparation à les reconnaître, à les assembler et les rejoindre, les mettre en rapport avec nos propres perceptions, et donc apprendre à les lire, retrouver cette seule joie simple des mots, quand ils nous évoquent des images, nous induisent une émotion qui nous est seulement personnelle, deviennent expérience neuve de l’imaginaire.

Ces deux notions sont celle du territoire et celle du nom. Il y en a d’autres, et les autres non plus ne sont pas indemnes du siècle : la notion de temps, la notion de linéarité, l’usage et la perception du mental. Nous avons à réapprendre le plus ancien, le plaisir du texte, dans un paysage modifié : j’insiste, très légèrement modifié. Si légèrement, qu’on pourrait ne pas même déceler le changement, qui pourtant affecte la totalité de notre réception, de notre lecture.

Pour ce qui change de la notion de territoire, l’indicateur majeur c’est un livre de Georges Perec, Espèces d’espaces. Oh, un livre bien humble et modeste. Un livre l’air de rien, ou presque rien. Presque un carnet de notes : on prend des définitions successives de l’espace, qui vont s’élargissant, de la page à l’univers, en passant par le lit, la rue, la ville, le continent, et on examine chaque fois ce que seraient les possibles de récit qui s’appuieraient sur cette seule notion. Comment faire une histoire fantastique avec une pièce, non pas seulement vide, mais inutile, et pourquoi les pièces vides et inutiles ont-elles pris une telle importance dans nombre des récits fantastiques qui ont notre prédilection ? La discrète révolution d’Espèces d’Espaces, c’est qu’il laisse ces possibles comme tels, sans les explorer (Perec le fera pour certains, mais dans d’autres livres). Pour maintenir cette notion d’espace hors de la quantité concrète qui la détermine, on comprend progressivement pourquoi Perec devait maintenir ce qui n’est pas un inachèvement, mais comme un principe de juxtaposition concentrique, où l’enjeu c’est le mental qui organise tout ça, quand dans notre bonne vieille tête à tout un chacun on pense, avec les mêmes associations de neurones, grand comme une chambre ou petit comme une rue. La révolution discrète qui est là, c’est qu’on ne demande même plus (enfin : aujourd’hui, trente ans après la parution du livre) au texte d’être fiction, poème, récit de vie, prose ou note ou fragment – c’est le geste même, de l’écriture devant le monde, qui a passé premier et il nous faut prendre recul pour s’apercevoir de la singularité, de la nouveauté.

Pour ce qui change de la notion du nom, il faut regarder la transformation de la ville. Elle aligne des rues avec des noms d’oiseaux, de pays, d’écrivains pour assembler géométriquement des maisons semblables, où pourtant les enfances devront chacune se construire singulières. Elle remplace l’ancienne hiérarchie et assignation sociale par une structure de taches disjointes reliées par des lignes de circulation, la zone commerciale, le centre piéton ou la piscine, et puis la rocade, l’autoroute, le tramway, où des nombres souvent ont remplacé le vieil enracinement lié à l’onomastique du lieu. Pourtant, nous-mêmes sommes encore à la frontière, avons besoin de notre ancienne perception pour s’accommoder de la nouvelle. Le livre qui résume cela avec le plus de hauteur c’est La forme d’une ville, de Julien Gracq. Rien de commun avec le précédent. Gracq s’inscrit sur la ligne de crête du défi littéraire, en reprenant pour titre le début du célèbre vers de Baudelaire, et, peut-être pas en vieil homme, parce qu’il ne l’était pas encore, mais avec la force d’un long parcours et d’un engagement majeur dans les formes littéraires, se retourne vers son enfance, se sert des noms pour extorquer à la ville qu’elle affiche à nu ses mutations secrètes, ce par quoi, pour se transformer mais nous garder, il lui faut sans cesse occulter son changement. Et là aussi, texte majeur parce qu’on ne demande pas au texte d’être fiction comme Au château d’Argol, qu’on ne lui demande pas d’être réflexion comme En lisant, en écrivant. La ville devient sujet du livre, et invente la forme du texte, avec pourtant les outils de toujours : ce que nous projetons de nous-mêmes dans l’assemblage structuré des mots, et qui convoque la totalité de nos lectures, en commençant par celles qui ont bâti les rêves d’enfance. Roman parfois à seule échelle d’une phrase.

Sous ces deux repères que je considère majeurs, une ombre, citée par Perec, mise à distance par Gracq, mais sans laquelle on ne pourrait les penser ni l’un ni l’autre : Proust. Celui-ci, bien avant, a déplacé d’un coup d’épaule la donne ou l’équilibre entre le livre et le monde. De très peu, peut-être, mais il suffit quelquefois d’une feuille de papier pour caler le plus grand et le plus lourd buffet de cuisine, avec ses vitrines, sa fragilité, sa mémoire. Proust explore des géographies, Combray et ses deux chemins, côté de chez Swann, côté de Guermantes, et les explore chaque fois depuis l’espace restreint qui est ce par quoi le corps s’inscrit dans le monde : la chambre, où il accède ou se déprend de la conscience. Et Proust explore les noms comme étant ce qui ouvre à la géographie mystérieuse, receleuse, là où nos rêves sont encochés dans le monde, dans l’intérieur d’un nom comme Balbec ou Guermantes, jusqu’à prendre pour titre une fois : Noms de pays : le pays.

Il ne s’agit pas d’aller cautionner par l’archéologie littéraire un livre qui d’ailleurs ne la convoque pas. Juste désigner cette frontière, qui longtemps a pu sembler fixe, ou échappant aux récits qui s’y formaient, et qui en est devenu l’enjeu ou le travail même. Du coup, on doit bien y faire chemin soi-même, parce qu’après ceux-là, la carte est vierge. Ils nous prouvent l’existence d’un territoire inoccupé, de mots et de mémoire, mais nous laissent de l’investir avec notre aventure personnelle d’écriture. Proust, parce que son livre est circulaire, ne désigne hors de lui qu’à mesure qu’on chemine sur cette boucle qui nous y enferme. Perec parce qu’il n’est question que de possibles. Gracq, dans La forme d’une ville, parce qu’un homme se hisse à la pointe de sa mûre expérience pour retourner, dans le temps, les noms et les géographies sur ce qui est l’obscure mutation de la ville, et nous l’offre au présent ainsi qu’elle est, mais d’abord par cette énigme d’ainsi être.

Alors des textes naissent, qui sont cette aventure pour soi reprise. On y est d’autant plus sensible, avec Noms de Nantes de Jacques-François Piquet, que la ville de Julien Gracq c’est déjà ou aussi Nantes, et que Nantes est une ville chantier, une ville avec des eaux complexes, bras souterrain de la Loire, remontée de l’Erdre, et un ciel de mer, un vent large, une ville qui toujours fut d’expérience ouverte. On y est d’autant plus sensible, dans ces Noms de Nantes, que chaque fragment semble non pas résulter du précédent en appliquant, à ces noms dont chacun de nous a charge, un même procédé littéraire : après tout, il serait légitime d’utiliser pour l’exploration un seul véhicule, mais que chaque fragment semble exposer son défi propre, son obstacle propre, en laissant visible la forme de texte qui en permettra cet exposé, au vrai sens d’exposition, et non pas discours, ou témoignage, ou texte sur. Qu’il s’agisse de l’entreprise Pétard ou du bistrot de la Petite-Hollande importe bien moins que l’invention qui chaque fois doit se refaire pour qu’on nous y mène.

Pourtant, une des lois que nous laissent les géants, et ceux nommés ci-dessus, c’est qu’il n’y a pas de livre qui puisse s’inventer en reprenant le chemin des autres. C’est peut-être ce qui donne au paysage littéraire d’une époque donnée, la nôtre pas pire que les autres, cette sensation de fragilité, de provisoirement indéfinissable. Dans Perec il y a un objectif sûr : l’invention de formes textuelles (mais nous ne saurions plus tirer notre légitimité de formes textuelles ajoutées), et dans Gracq l’affirmation d’une continuité haute : s’il semble nier Proust, c’est qu’il reprend le fil au même point d’où l’autre l’avait pris, par le Balzac de Beatrix, le Nerval de Sylvie ou le tremblement de Rimbaud dans le détour d’une des fragiles Illuminations. Il nous faut, nous, affronter que cette continuité a cessé, parce que les noms, en s’évanouissant dans la grande ville, ont liquidé la légitimité qu’il pouvait sembler y avoir à en faire le roman. Tout est question, question sur le présent, en recourant à ce qui était notre expérience d’enfant, et par quel territoire (aussi petit qu’un arrêt de bus, aussi éphémère qu’une foire de septembre), et quels noms (jerk à la Coupole ou HLM du Pin Sec) cela a inscrit en nous le monde, si cette inscription, où la langue et nos rêves sont encore l’enjeu, encore aujourd’hui vaille.

Qu’on veuille bien déplacer, mais pas plus, juste de si peu, l’univers ou la frontière de nos questions, et ce prisme qu’offre Jacques-François Piquet de cinquante-trois noms (comme la date de naissance qu'on partage lui et moi?), qui sont cinquante-trois territoires, et cinquante-trois fois le geste de trouver littérature spécifique à ce nom et ce territoire, viendra dialoguer avec bien plus large, en tout cas notre présent nécessaire : qui ne se rejoint pas sans qu’on se construise à soi-même sa langue. De ce nom La Pilotière qui nous emmène au départ, à cette maison (qui n’est pas) bleue qui reste comme image quand le narrateur au bout du livre quitte Nantes, c’est ce travail de la langue qui fait le plaisir de ce livre, instaure dialogue avec les ombres ci-dessus évoquées.

" Il s'agit d'appliquer au chaos brouillé des données mentales et des petits accidents de la vie qu'on mène, un procédé de lecture, une grille qui permette de lire le sens de la vie en tant qu'elle échappe à notre influence ", dit Julien Gracq parlant de Breton, autre familier des noms de Nantes : cette idée d’un sens de la vie, qui échappe, mais offre à lire, oui ici s’en revendique l’héritage. Littérature parce qu’on peut oublier tout ce que je viens à mon tour de dire, et lire ce livre comme je l’ai lu : en cherchant dans sa propre enfance, sa propre biographie ici refaite par lieux et noms, avec les vides, avec les ciels, tout près des objets, et dans autant d’arrêts du temps, ce qu’on ne sait pas de soi, et que tout livre, s’il est bon, vous réapprend à savoir.

J’aurais voulu, pour cette postface, ne parler que d’un seul au hasard de ces petits accidents de la vie, par exemple ces lignes sur le violon revendu par la mère (tiens, c’est rue Jean-Jacques Rousseau), mais aucun des cinquante-deux autres ne peut en être dissocié : eh bien voilà, ça s’est passé autrement. Mais cela reste, pourtant, ces mots et notes recopiés à l’encre bleue par la mère, et que jamais on ne saura : comme restent les cinquante-deux autres, si c’est de nous, chacun de nous, qu’évidemment il s’agit, et que voix d’écrivain il y a.

François Bon, décembre 2001