Jean-Pierre Milovanoff / Noir devant

pour saluer la sortie chez Seghers d'un très beau livre de poèmes : Noir Devant, mai 2001

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au théâtre de la Colline, un texte de Milovanoff sur ses sources du théâtre

entre deux appels, entre deux mondes

sur paru.com, un entrtetien avec Milovanoff sur L'Offrande sauvage

"On ne sait jamais exactement ce qui nous pousse vers un livre. De toutes façons, les livres viennent de loin, partent de loin, ils ont des racines profondes."

http://www.paru.com/redac/critiqueLitterature/axxxx175.htm

album photo de Didier Leclerc, "atelier 89" sur Milovanoff (dont la photo reprise ci-contre, juste pour inciter à y aller voir...)

http://www.atelier-n89.com/html/milovanoff.htm

Nous vivons entre deux appels, entre deux mondes, celui qui va naître pour d’autres et celui qui meurt en nous depuis le début et qui refuse de fermer la porte derrière lui. Dans le monde ancien, il y a des voix, il y a des visages, il y a des récits et des tragédies que nous ne pouvons pas oublier, que nous ne voulons pas oublier. Dans le monde qui naît devant nous, les voix sont confuses, les visages convulsés. On dirait qu’un attentat a eu lieu, on ne sait pas où, qu’une bombe a éclaté, personne n’a rien entendu, parler à quelqu’un est suspect, s’attarder devient dangereux. Dans l’indifférence pressée des citadins, le futur est là, temps silencieux, conjugaison encore imprononçable qu’il va falloir apprendre pourtant. Oui, il y a bien deux mondes pour chacun. Et pour aller de l’un à l’autre, il nous manque les premiers mots. Où les trouver ? Sur quoi prendre appui ?

"Entre deux appels, entre deux mondes", extrait, LEXI-TEXTES, théâtre de la Colline, 1998.

pour saluer Milovanoff : deux poèmes brefs extraits de Noir devant

Poésie Seghers / mai 2001

Chaque nuit le plongeur remonte une amphore

pleine d'un vin qu'on ne voit pas.

Il l'abandonne à la fenêtre

et s'en retourne chez les morts.

Le matin l'ivresse nous quitte,

mais plusieurs images demeurent,

monnaies anciennes qui circulent

longtemps après la banqueroute.

Dans les eaux froides du malheur,

je me suis baignée par défi!

Je me suis baignée tout l'hiver

dans les eaux glacées du malheur.

Maintenant les eaux se retirent.

L'été vient nous réchauffer.

Chacun passe un habit de fête.

Moi seule claque des dents.