|
[...] Quoi de plus facile que de préparer des
crêpes ? (Philippe Deuxlarmes, Mes premières recettes).
Une fois la table de la cuisine débarrassée des traces du
petit déjeuner, encore luisante de l’éponge qu’on
vient de passer, on rassemble le nécessaire sur un coin de toile
cirée : les œufs, le lait dont on sent la mouvante pesanteur
dans son emballage cartonné, la farine et sa délicatesse
neigeuse que l’on entrevoit par le col du paquet échancré.
Tout cela précieusement rassemblé autour de l’athanor
: la grande jatte où naîtra tout à l’heure la
merveilleuse crème ambrée. Dans la main, l’œuf
est frais, parfois moucheté d’un duvet égaré
qui évoque la douceur d’un maternel plumage. Un coup sur le
tranchant de terre cuite et la coque craque puis s’ouvre entre les
deux pouces et déjà, baignant dans leur humeur tremblante,
les jaunes attendent la pointe de la fourchette qui va les déchirer.
Mais pas encore. Vous lâchez une pincée de sel, un nuage
de poivre, la pluie blanche et fari-neuse, et le ruban liquide du lait
qui vient tout recouvrir. Alors, d’un mouvement vif du poignet, vous
initiez le tourbillon où le métal du couvert vient nerveusement
chanter contre les bords de la céramique. Toute conversation suspendue,
les yeux se fixent sur cette lente transmutation, sur les grumeaux qui,
un à un, se résorbent et s’unissent à la pâte.
Et vous laissez reposer.
La matinée reprend son cours, on entend de nouveau la radio, les
voitures qui passent dans les rues, le mouvement des enfants dans l’école
voisine ; mais dans la jatte, la pâte repose. Les heures travaillent
insensiblement dans ses profondeurs. Jusqu’à l’heure
du goûter où, louche après louche, dans un léger
grésillement d’huile chaude, les crêpes viendront dorer
au fond des poêles.
De cette époque, Mikael (Mikael Houellebeurk, Le Prépuscule
et le clystère) conservait toujours au fond de son porte-feuille
en Skaï (avec porte-photo en plastique translucide, Monoprix, 69,
90 f,) une photographie prise dans la cuisine de la Grand-mère
d’Emmanuelle aux vacances de la Chandeleur 1971 ; elle avait préparé
un plein saladier de pâte à crêpes et toute une batterie
de poêles Téfal (elles venaient de sortir dans le commerce).
Sur la photo, Emmanuelle était au milieu de la cuisine : elle tenait
une poêle à la main et dans l’autre, fermée,
elle avait une pièce de 10 f. Son visage, concentré sur
la crêpe qu’elle venait de lancer en l’air, commençait
à s’affiner. On pouvait déjà prédire
qu’elle serait extraordinairement belle, sa poitrine gonflait légèrement
son sous-pull. Ce fut la dernière fois qu’il y eut des crêpes
de la Chandeleur. L’année suivante, ils ne pouvaient plus
les dévorer ensemble, penchés sur le même album de
Pif le chien : ils étaient déjà trop âgés
pour ces rites.
Dès l’âge de 13 ans, sous l’action des hormones
(progestérone et oestradiol) sécrétées par
les ovaires, des tissus graisseux se forment chez la jeune fille à
la hauteur des seins, des hanches et des fesses. Ces organes acquièrent,
si tout se passe bien, un aspect plein, harmonieux, rond et charnu. Son
derrière devient gros et lisse comme un énorme bourgeon.
Des coussinets de cellulite apparaissent sur son ventre, mais une drôle
de cellulite, à la fois pendante et tendineuse. Le téton
au-dessus du sein droit se développe en une vraie mamelle. Il y
a trois autres taches sur le devant du corps, une autre au-dessus du sein
gauche, et deux autres, bien parallèles, juste en dessous. Emmanuelle
compta et recompta, on ne pouvait pas s’y tromper, cela faisait bien
six, dont trois seins déjà formés. Leur vue produit
alors chez l’homme normal un violent désir.
Quand Mikael rentra, il lui dit qu’elle sentait bon. Elle s’était
inondée de Flushing (12 ml le flacon, 99, 90 f chez Monoprix).
Mikael l’a embrassée sur le front et lui a dit que puisqu’elle
était si en beauté ce soir-là, il l’invitait
à l’Aqualand. Dans leur cabine, elle s’est déshabillée.
Elle, penchée pour enlever sa petite culotte, avait pour ainsi
dire une vue imprenable sur sa vulve; et elle trouvait qu’elle dépassait
étrangement ; je ne voudrais pas vous infliger trop de détails
mais en quelque sorte les grandes lèvres pendaient un peu plus
que la normale, et c’est pour ça qu’elle pouvait si bien
les voir. Dans Minou minette elle avait lu que le plat préféré
des Romains, et le plus raffiné, c’était la vulve de
truisme farcie. Comme Emmanuelle avait déjà 45 ans, même
si ses traits restaient magnifiques, sa vulve était amaigrie et
un peu darrieusèche, un peu pendante. Mikael préférait
se branler trois fois par jour. De toutes façons, les vulves des
jeunes femmes de l’Aqualand lui étaient inaccessibles, même
si elles se trouvaient parfois à moins d’un mètre.
Mi-kael comprenait parfaitement qu’elles lui restaient fermées.
Les autres garçons étaient plus grands, plus bronzés
et plus forts. Mikael avait perdu sa mère quand il était
encore à la grande Ma-ternelle de l’école maternelle
de Meaux.
Si les aspects fondamentaux du comportement sexuel sont innés,
l’histoire des premières années de la vie tient une
place importante dans les mécanismes de son déclenchement
chez les oiseaux et les mammifères. Le contact tactile précoce
avec les membres de l’espèce semble vital chez le chien, le
chat, le rat, le cochon d’Inde le rhésus macaque (Macaca mulatta)
et le logographe branché (Macaca parisiensis). La privation du
contact avec la mère pendant l’enfance produit de très
graves perturbations du comportement sexuel chez le rat mâle. Mikael
refusa d’enlever son slip (Petits Bateau, 45 f pièce au Monoprix).
Il se sentait blanchâtre, minuscule, répugnant, obèse.
L’Aqualand fermait ses portes et Emmanuelle restait là, toute
nue comme une idiote. Ils rentrèrent par l’autorail de Marne-la-vallée
de 18h 33. [...]
Entrez dans l’univers magique de Walt Disney, un adulte payant, un
enfant gratuit, il était une fois, dans un grand Palais Blanc une
jeune et belle Princesse Monica (poupée Princesse Monica avec ses
deux costumes : une tenue villageoise pour la journée et sa somptueuse
robe de bal jaune pour le bal) malmenée par le Roi Foumoissa son
beau-père (figurine en peluche du Roi couronné en costume
de cérémonie, en costume de plage avec serviette et huile
de bronzage, avec skate board et rollers, en tenue d’Action Man parachutiste,
en tenue romantique avec son plus beau smoking. En appuyant à trois
endroits de son corps (bouche, ventre, queue) il dit des phrases et des
gros mots tirés du film : “ embrasse-moi ”, “ encore,
encore ”, “ mieux que ça salope ”). Celui-ci, qui
régnait sur le peuple des sept nains, était marié
à la Bonne Reine Serena (Poupée de la Bonne Reine avec son
Miroir Magique qui reflète la vérité, qui parle et
qui lui dit : “ Majesté, Majesté, surveillez votre
Roi ”) . Il essayait perfidement de séduire la Princesse en
lui promettant Monts et Merveilles si elle acceptait de l’embrasser
sur la bouche. Un jour qu’il l’avait fait venir dans son grand
Bureau Ovale (Bureau démontable avec tous ses meubles et figurines
: Monica en robe de bal reçue par le Roi, Monica assise sur un
fauteuil en croisant les jambes), il lui avait pris la main et lui avait
caressé une mèche de cheveux. La princesse effrayée
s’était enfuie du salon et avait été pleurer
dans les bras du Grand Chambellan (figurine avec grande toge de juge en
hermine et bible sous le bras) qui lui avait conseillé de disparaître
en grand secret de la vue du méchant Roi. Obligée de se
cacher dans les caves de la plus haute tour du palais, elle passa de longues
semaines à filer une quenouille empoisonnée et à
rédiger ses mémoires et à envoyer des Mails à
ses amis tandis
que son beau-père, le Roi Fumoissa pensait qu’elle avait décidé
de s’enfuir dans le désert, pour trouver refuge chez son pire
ennemi, l’horrible Jaffar. Le cruel Roi envoya son meilleur espion,
celui qu’on surnommait à la cour Renard du Désert,
enquêter secrètement au château de Jaffar, l’horrible
et grand Sultan de Bagdad. Jaffar était si laid, si velu et si
bossu qu’on aurait dit une bête effrayante et mystérieuse
(coffret la Belle et la bête : figurines, plus la cassette de la
musique du film, plus la vidéo du film. Ce merveilleux conte narre
l’histoire d’une jeune fille ravissante emprisonnée dans
l’étrange château d’une bête terrifiante).
Renard du Désert et ses meilleurs amis, Polochon le Poisson, Spot
l’épaulard rigolard et Sébastien le crabe pince sans
rire, montés sur le meilleur tapis volant furtif du Roi, arrivèrent
secrètement au Palais du Sultan par une nuit sans lune. Là
ils cherchèrent nuit et jour la princesse dans les souterrains
du Palais, mais en vain. Grâce à leur lampe magique ils fouillèrent
toutes les cachettes secrètes de l’horrible Jaffar, mais en
vain. Renard du désert en vint donc à penser que la Princesse
Monica avait été emmenée dans un lieu ultra secret
ignoré de tous, puisqu’il ne la trouvait pas. Il rentra avec
ses compagnons et fit son rapport au Roi. Foumoissa rentra dans une colère
effrayante. Il décida de déclarer la guerre des étoiles
et trente-six chandelles au méchant Bossu de Bagdad et de se débarrasser
par la même occasion de tous ses vieux jeux qui allaient être
périmés avec le bogue de l’an 2000.
Rance Intox reportage, de notre envoyé spécial à
Disney Land, Emmanuelle Lemoine : De la plus haute tour du Palais Blanc
les premières attaques ont été lancées à
la Plaie station et sur la Nitendo 64 à l’heure du journal
télévisé de Disney Chanel où elles ont pu
être suivies en direct par les diplomates impuissants de l’ONAN.
Le Cyber copter Johnny Quest est entré en action avec ses cinq
pales qui tournent sur simple pression, piloté par les Power Rangers
armés de leurs sabres laser , les vaisseaux Millenium Falcon (gigantesques
vaisseaux équipés d’un radar, d’une mitraillette
pivotante, dès cinq ans), et les bombardiers B1 ont lâché,
tandis que toutes les petites sirènes hurlaient , des bombes à
particules misanthropiques sur différentes cibles, notamment sur
les Capsules d’habitation thermolactiques soupçonnées
d’abriter les Méga Animutants d’élite (transformables
en robots équipés de l’épée électronique
Hercule sonore et lumineuse livrée sans piles LR6 dès six
ans). Ont été également bombardés les abris
gagalactiques Spiderman équipés du canon superpuissant Scud
et de la fameuse cellule d’emprisonnement où Renard du Désert
soupçonne que soit séquestrée la princesse Monica.
Le Roi Foumoissa a ensuite déclenché l’opération
Apocalypse pour Plaie Station (vous devez diriger des attaques, poser
des pièges, déployer des troupes pour vaincre l’adversaire),
puis il a déclenché l’opération Bomberman pour
Plaie Station (un jeu explosif jusqu’à cinq joueurs simultanément
pour une ambiance de folie) : 25000 hommes, 218 avions de combat, chasseurs
F 14, FA/18, Tornados GRI, B 52, Jaguars ; 21 navires dont deux porte-avions,
6 destroyers, 1 sous-marin, 5 frégates équipés de
missiles Tomahawk (missile Général Dynamics et Mac Donnell
Douglas, 6m 25, vole à 880 km/h à 15 mètres du sol
avec une précision de 10 mètres à 200 kilomètres
de distancs, il se déplace en zigzags avec sa charge en diffusant
des chants de Noël avant d’atteindre sa cible).
Foumoissa avait détruit les plus beaux monuments de Bagdad : le
Palais Merveilleux, (la salle de bal s’éclaire pour illuminer
la boule à facettes et la piste de danse qui tourne) et la Maison
de Famille du Bossu mais en vain, car la Princesse Monica restait introuvable.
Enfermée dans la plus haute tour du Palais la princesse introuvable
finissait par trouver le temps long. Après avoir joué à
Barbie vétérinaire et soigné, grâce aux accessoires
de sa trousse, son petit chien Ginger qui avance, remue la queue, aboie,
grogne et jappe, son petit chat articulé, après avoir soigné
son cheval gourmand qui attrape tout seul sa botte de foin, après
avoir joué à Barbie et Ken Soirée Romantique (Ken
a revêtu son plus beau smoking), à Barbie Reine des fleurs,
à Barbie Princesse des anges, après avoir essayé
le Lit Lumière Magnifique à baldaquin qui s’allume
lorsque Barbie s’allonge pour dormir, essayé la vraie douche
qui peut projeter de la vraie eau grâce à une vraie poire,
après avoir mis Shelly heure du pot sur le pot, Monica prit sa
Mallette Studio remplie de surprises et s’échappa grâce
à sa bonne marraine la fée par une nuit sans lune dans son
Maxi Van complet (on entend de vrais bruits dans la cuisine) pour aller
camper dans le désert.
C’est alors que, attiré par les bruits de casseroles et par
l’odeur délicieuse des saucisses grillées, l’horrible
Bossu de Bagdad qui errait affamé et fuyait après sa défaite,
la rencontra et la supplia de le convier à partager son sympathique
barbecue. Comme elle avait bon cœur, et malgré la grande frayeur
que lui inspirait l’horrible visage de la bête, elle l’invita
à partager son soda sans sucre et son Hyper Couic, et alors, ô
soudain, l’horrible personnage se transforma en Jeune et Gentil Prince
(poupée la Bête, son masque et ses vêtements enlevés
la Bête se transforme en un jeune et beau Prince élégamment
vêtu, complet blanc et baskets). Le prince lui expliqua que le Méchant
Foumoissa lui avait fait jeter un sort et qu’elle venait de le briser
par sa généreuse conduite. Émue jusqu’aux larmes,
la Belle Princesse Monica tomba amoureuse du Gentil Prince et ils décidèrent
de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants.
Quand on apprit cette histoire à Disney Land, le petit peuple des
sept nains, conduit par le Grand Chambellan et par la bonne Reine Serena,
se révolta contre Foumoissa. On le gronda tout rouge et la Reine-Mère
lui donna publiquement une fessée déculottée, ensuite,
tel le Fantôme de Barbe-Noire (sortie dans les salles le 4 janvier
prochain), il fut condamné à errer dans Disney Land jusqu’à
ce qu’il accom-plisse une bonne action.
Le Prince et la Princesse qui avaient bon cœur prirent leur camion
Barbie-Vétérinaire-international qui comporte tout le nécessaire
pour soigner leurs petit amis réfugiés, les chiens dalmachiens
et les chats aristochats blessés ou chassés par la guerre
(vendu avec de nombreux réfugiés et petits animaux de compagnie).
Le mariage de la Princesse et du Prince fut magnifique (Poupée
le Prince est superbe dans son costume de marié, ses longs cheveux
sont attachés en un catogan très élégant ;
Poupée la Belle, musicale, est ravissante dans sa tenue de Mariée,
si tu appuies sur la puce au dos de sa robe deux marches nuptiales retentissent).
Ils firent un magnifique voyage en Euroland à Eurodisney où
Monica présenta triomphalement son livre dans les réunions
Tupperware les plus chics de Paris ; ils furent somptueusement reçus
par le Bossu de Notre-Dame, puis ils choisirent de vivre longtemps au
Texas où la princesse accoucha de cent-un petits princes d’un
seul coup de baguette magique.
Monica wrote :
Pas piles. Pas paiements mensuels, pas droits, r#siste à l’inflation,
pas taxable, retournable, naturellement ; en fait c’est vraiment
relaxable, [@]a peut pas être volé, pas pollue, une taille
va à tous, pas dilue. [@]a use petite #nergie mais [@]a r#sulte #norm#ment.
Soulage votre tension et votre stress, Revigore votre joie, Combat dépression,
fait vous rayonnant, et #l*ve votre auto-estime !
Votre circulation est correcte, sans implaisants dommages collatéraux,
c’est je pense, le parfait m#dicament : puis-je prescrire, Mon ami
... l’embrassade ! Mon ami, esp*re ta journée est bonne pour
toi.
Envoie ce texte à cinq gens qui pensent le monde brille. Envoie-le
retour à la personne qui l’a envoyé à toi. („
traduc. Flux Tendu)
“Tu te sens bien Marceline ?
- Oui, Amélie, tout à fait bien.”
|