remue.net, le bulletin

le mercredi 14 juillet 2004

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le livre de la semaine : Nicolas Bouvier ___ remue.net, la revue en ligne : un nouveau sommaire, des dossiers, vous avez l'été pour lire ___ routes du livre en été: Lodève, La Baule, Grignan, Combourg, on annonce ___ livres et info: l'actu littérature ___ mention spéciale: poésie à France-Culture, une inquiétude.

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le livre de la semaine: Nicolas Bouvier en Quarto

Il y a longtemps que Nicolas Bouvier occupe dans nos bibliothèques une place de choix. Mais, de même qu'il scrute l'aventure humaine par le détail des rencontres, des attentes, de la visite d'une chambre à louer ou d'une réparation de voiture, on s'était habitué à la présence d'une suite de livres de petits formats, le journal d'Aran, les voyages au Japon, et bien sûr l'Usage du monde .

Il y a quelques mois, nous parvenaient ainsi Le vide et le plein ses Carnets du Japon inédits, enfin édités par Hoebeke.
Gallimard rassemble en Quarto 1400 pages de l'écrivain voyageur, et nous découvrons combien il nous est encore méconnu. Le mieux est d'écouter en parler sa compatriote Isabelle Rüf dans Le Temps (Genève) avec ce titre qui convient si bien : Nicolas Bouvier, l'état d'éveil permanent .
On propose en outre un petit récapitulatif de liens Nicolas Bouvier, expos, iconographie, biblio... Il nous manque.

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la revue en ligne: sommaire complet

La revue en ligne de remue.net est trimestrielle, et aborde sa quatrième année d'existence. Un travail collectif, des groupes de travail (en septembre dossiers Sylvie Germain et Michel Deguy), la volonté de travailler en commun avec l'auteur pour des ressources inédites, nous avons trouvé notre forme et notre place, chaque sommaire insérant sur Internet des ressources littérature contemporaine de fonds.
Ainsi, au coeur de ce sommaire, les trois dossiers Réza Barahéni, Albane Gellé, Claude Louis-Combet.
Mais aussi les interventions théoriques, avec par exemple l'invitation faite à Michel Lussault, co-auteur du Dictionnaire de la géographie, les pages Zanzotto ou les chroniques (Philippe Rahmy, sur "la forme vide du poème").
Et bien sûr le cahier de création, avec notamment Laurent Grisel, Jean-Paul Goux, Jean-Pascal Dubost, Jérôme Meizoz, Franck Cottet...
La joie aussi d'un texte inédit de Jean-Luc Parant...

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routes du livre en été

Les festivals ce n'est pas seulement théâtre (encore qu'à Avignon, François Bon et Olivier Cadiot invitent Leslie Kaplan, Nathalie Quintane, Pierre Alferi, Jacques Séréna, Jacques Roubaud plus hommage à Koltès dit par F Bon le 24 juillet au musée Calvet, et lecture Cadiot le 27 dans la Cour d'honneur avec Rodolphe Burger).
On annonce ainsi le programme d'Ecrivains en bord de mer à la Baule, 4ème édition, avec les amis de Joca Seria, d'Etonnants Romantiques dans le Combourg de Chateaubriand, des Voix de la Méditerranée à Lodève et du festival de la Correspondance à Grignan, il y aura aussi les rencontres sous l'arbre de Cheyne et quelques autres...
Et, sinon, vous pouvez toujours entrer dans une librairie, on vous recommande la sélection livres d'été de la Quinzaine littéraire, hors consensus mou.

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livres, info

On a noté chez William Blake ces Cartes postales d'un voyage en Pologne, de Roch-Gérard Salager, "Corps gisant, lisse et nu" (mais non, monsieur Frêche, ren à voir avec Brassillach et Drieu, même publié par un éditeur du Gard), et pour se redonner le moral, qui en a bien besoin, les oeuvres d'Alfred Jarry chez Laffont... A découvrir : la librairie Compagnie propose un dossier sur les littératures d'Islande (et noter, distribué par les librairies Initiales, un beau carnet André Dhôtel).

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mention spéciale: inquiétude sur la poésie à France-Culture

On a assez souvent, depuis toujours, conseillé l'écoute en ligne de telle ou telle émission de France Culture pour avoir le droit de dire notre inquiétude. Si la disparition annoncée des Décraqués a déjà été évoquée dans la presse, la fin des moments poésie proposés par Jean-Baptiste Para nous attriste. Un peu moins de poésie, chaque fois qu'on l'accepte, c'est un peu de nous en moins. Serons-nous entendus?
La diffusion quotidienne (du lundi au vendredi de 14h55 à 15h00 et de 20h25 à 20h30 ) de Poésie sur parole sera supprimée. Disparaît ainsi une anthologie sonore permanente de la poésie de tous les temps et de tous les pays. Avec tantôt la voix des poètes eux-mêmes, tantôt la voix de remarquables comédiens.
 " les petites formes ne fidélisent pas les auditeurs".
 "ça coûte trop cher".
Adieu les deux petites séquences quotidiennes,
les deux gouttes de parfum...
Adieu la force et la beauté nue du poème. (Jean-Baptiste Para)

Paradoxe : Claude Pieplu, Jean-Quentin Chatelain Emmanuel Lemire donnent à entendre cette semaine les textes d'Achille Chavée. C'est sur le site de Poésie sur parole, que ce grand poète est qualifié d'humoriste. Dans les pages qu'il lui consacre dans la Forêt en fragments (José corti, 1987), Christian Hubin indique également: " La démarche surréaliste est surtout ,ici, dans ce brassage d'une réalité hétéroclite, dans cette pratique de la poésie conçue comme une aventure de l'esprit, un curetage de l'invisible, où la parole se fait recherche d'une vérité aux miasmes redoutables, cheminement ivre dans une éternité de logique imprvisible.

[Extrait du texte de Christian Hubin] Les aphorismes de Chavée. Son humour catalyseur. Parfois proche de la pataphysique et du dadaïsme, il est d'abord une forme de subversion par le rire, sous le catafalque duquel gît un cadavre de beauté. Défi, grimace, il s'agit de dépasser ses échecs en les parodiant, de se détacher de sa destinée pour aller au-delà, pour assurer/sa dialectisation celle de l'univers (L'enseignement libre). Les coups sont variés... Des calembours pour le plaisir - votre édification impersonnelle ; Sacré Aristote, tu nous acropolises ; le droit de faire un coq à l'âme, mais aussi des petits saluts de loin, « à bon entendeur » : Repartons toujours à zéro de conúduite (...). Je pratique la traite des idées noiúres... Ailleurs, ce sont des formules du conforúmisme bêtifiant retournées comme de vieilles chaussettes : Je ne suis pas (..) votre dévoué serviteur. N'avoir jamais eu qu'une mauvaise conduite exemplaire. Faire une belle carrière et à la queue leu leu. Puis - tout ricanement tu, tout clin d'oeil éteint - des images si denses qu'elles livrent un poème à l'état embryonúnaire : Le chiromancien égare son regard sur le sable inconnu de notre main coupée. Le silex porte son étincelle dans toutes nos mémoires. L'amoureux de la nuit passe son doigt dans l'anneau d'un voeu crépusculaire. Réflexions lapidaires, entre chien et loup, entre énigme et nostalgie, soliloques d'aventurier rechargeant ses armes, assis près d'un crayon endormi et d'un paquet de frites : L'exode, c'est sortir du ventre de sa mère. (...) On est parfois le priúsonnier d'une parole qu'on n'a jamais donnée. (..) L'infini n'est pas une dimension, c'est une prothèse métaphysique. (...) Tout objet est créé pour nous interroger... Et affleurant de page en page, le minerai noir des analogies, le trait décapant, l'exacte nuance du dérisoire. Lucidité amère, regards de mage nocturne dans son bouge de vérité : Silence, Chavée, tu m'ennuies ! Et mort, liberté, amour : mots qu'il reste l'un des rares à utiliúser sans sombrer dans le ridicule. Car quelle plus émouvante fidélité à ses serments d'enfance, à tout un romantisme à fond de mémoire immaculée ? Hombre, veux-tu me confier ton nom ? (...) Ce ne sont pas les pauvres qui me passionúnent, mais les maudits. (...) Spartacus me tendit un poignard dans l'aube violette... Il y a chez ce scrutateur de la haute nuit, un Rutebeuf baroque dont le lyrisme douloureux, le ton de poète en aveu, le sens du quotidien apparentent la poésie à un perpétuel inventaire de la vie intérieure, à une confession désolée. Croisé de l'impossible, il est aussi un témoin de l'immense misère dans l'horrible banlieue, un grain de riz/perdu/dans l'empire de la famine, un solitaire dans un trou de petite ville : homme parmi les hommes, au coeur d'un bidonville du destin : « Il pleut et chaque goutte est une larme dérisoirement triste ruisselant sur mon visage de mémoire Et je presse le pas j'ai hâte de me réfugier en moi chez moi au fond de moi rue Francisco Ferrer dans les lambeaux de mon exactitude ». (De vie et mort naturelles)  

Difficile de mieux dire ce que nous allons perdre...

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