cyberflaubert
c'est le titre d'une des rubriques de Pierre-Marc de Biasi dans le dossier Flaubert du Magazine Littéraire de septembre - il y sélectionne quelques liens majeurs sur Flaubert, dont :

le site Flaubert de l'université de Rouen, animé par Yvan Leclerc
un site anglais présentant une exploration hypertexte de la genèse d'un fragment de l'Education Sentimentale, belle leçon d'Internet au service de la littérature - on recommande la visite
le site de Jean-Benoît Guinot (qui a aussi créé un site Perec) n'est peut-être pas assez mis en valeur
et bien sûr les liens téléchargement de la BNF / Gallica

Pierre-Marc de Biasi indique d'autres liens, on se reportera au journal - cette rubrique liens n'a pas été reprise sur le site du Magazine Littéraire, mais on y trouvera une chronique de Valérie Marin-La Meslée sur le site de l'université de Rouen
on ne trouvera pas non plus d'extraits en ligne du dossier rassemblé par Pierre-Marc de Biasi, avec en particulier un article de Jacques Neefs, un entretien avec Jean Echenoz et un autre avec Pierre Michon - ci-dessous quelques lignes prises à chacun des deux amis, ils ne sont sur Internet ni l'un ni l'autre et ne s'en formaliseront pas!

Barthes sur Flaubert en ligne
si le Magazine Littéraire ne met pas en ligne le numéro en cours, il nous offre quand même en ligne un entretien avec Roland Barthes sur Bouvard et Pécuchet , tiré de ses archives

extrait : Flaubert, le premier, s'aperçoit que le langage n'a pas d'innocence, ni de certitude. Rien ne le fonde que lui-même, rien ne le garantit. Et personne ne s'adresse à personne, sinon l'œuvre à elle-même : [...] si on choisit de prendre le livre au sérieux, ça ne marche pas. L'option contraire non plus. Tout simplement parce que le langage n'est ni du côté de la vérité ni du côté de l'erreur. Il est des deux côtés à la fois, donc on ne peut pas savoir s'il est sérieux ou non. Ce qui explique que personne n'a pu fixer le Flaubert de Bouvard et Pécuchet, livre qui me semble l'essence même de Flaubert. Flaubert y apparaît comme un « énonciateur » à la fois parfaitement net et parfaitement incertain.
Roland Barthes, entretien avec Jean-Jacques Brochier, janvier 1976.

Jean Echenoz : Flaubert m'inspire une affection que je ne crois avoir pour aucun autre écrivain

"Je pense, par exemple, à la toute dernière phrase d'Hérodiade, sur la tête coupée de Jean-Baptiste que les deux disciples du prophète, après sa mise à mort par Hérode dans la citadelle de Machaerous, emportent vers la Galilée. Cette phrase finale, par laquelle s'achèvent à la fois le conte et le recueil des Trois contes, ne compte que neuf mots: Comme elle était très lourde, ils la portaient alternativement. C'est donc une phrase extrêmement brève, prosaïque et presque anodine, mais qui allie à la fois toutes les qualités de l'écriture flaubertienne: c'est d'abord une phrase sèche, mais généreuse aussi, visuelle, presque cinématographique; c'est une phrase tragique et ironique, pleine de sous-entendus; et puis c'est encore une phrase qui est presque une provocation tant elle a l'air intempestif, déplacé, inachevé (c'est quand même une sacrée gageure, de terminer un texte comme ça!) et en même temps, à regarder de près, c'est une phrase formidablement construite : Comme elle était très lourde : 1 2 3 4 5 6, six syllabes en cinq mots – ils la portaient 1 2 3 4, quatre syllabes en trois mots – alternativement 1 2 3 4 5 6, six syllabes en un seul mot : un équilibre parfait qui juxtapose deux décasyllabes (6-4 et 4-6) avec l'audace de terminer sur un adverbe, et un adverbe littéralement interminable, aussi long à lui tout seul qu'un demi-alexandrin."

Pierre Michon: Il y a quelque chose de brut, de bestial dans Flaubert qui moi me fait penser à Hugo

"Ce qu'il cherche, c'est le miracle d'un embrasement de la langue, que les mots se mettent à scintiller et à flamboyer: il appelle ça les aigrettes de feu. Je me demandais ce qui fait la différence entre Huysmans et Flaubert. La voilà. Les aigrettes de feu. Dans Huysmans, ça sent l'huile de coude, il n'y a pas d'inspiration. C'est mat, c'est pas mal, on lit avec plaisir mais... on sent que chez Flaubert il y a des phrases qui l'ont tordu de joie et de douleur, Huysmans non: c'est un bon faiseur [...] Quand on porte la langue à un tel point de perfection, à ce point d'incandescence absolue, sans doute sait-on que ce qui parle à votre place, c'est le Grand Maître, c'est la mort. Quand on écrit ainsi, on est traversé par la mort, et certainement que, dans la répulsion qu'avait Flaubert pour lui-même et pour son écriture, il y a cela: la perfection passe par une sorte d'intériorisation du Grand Maître. On ne peut pas ne pas s'en vouloir de prêter voix à cela, qui est proprement la mort dans le langage."

se reporter au Magazine Littéraire, dossier Flaubert, septembre 2001, pour plus!
pour remue.net, François Bon
http://www.remue.net
au 6 septembre 2001, le bulletin remue.net est envoyé à 486 abonnés
nouveau sur le site : dossier Wittgenstein, textes par Christine Lecerf - mise en cours imminente : en complément du dossier "écrire le théâtre" qui paraît ces jours-ci dans la revue Mouvement, des extraits et des inédits, en particulier de Bruno Tackels, Joris Lacoste, Olivier Py, Eugène Durif
la mise en page de la revue a été entièrement refondue