Bernard Simeone est parti - dans Cavatine, son dernier livre :

Dans Turin. Parmi un million d'autres. Et cette autre parmi les dernières phrases de Pavese : "Tu t'étonnes que les autres passent à côté de toi et ne sachent pas, quand toi, tu passes à côté de tant de gens sans savoir, cela ne t'intéresse pas, quelle est leur peine, leur cancer secret?" [...] En chaque mort disparaît, avec une conscience, le monde et son évidence aveugle. Règle atroce et pourtant on y devine, aux heures les plus lucides, autre chose que l'effroi. Peut-on dire une beauté inhumaine? À la pointe du deuil, il y a cette cruauté, le réel, qui ne détruit pas l'amour mais en éprouve la vérité. À la pointe du deuil il il y a trois phrases qui me traversent. J'ai aimé. J'ai commis la violence. Je suis seul. Et sur l'invisible balance, aucune ne pèse plus que les autres.
Cavatine, éditions Verdier, mars 2000, p. 120.

remue.net avait souvent accueilli ses chroniques, ses réflexions, et dernièrement, une méditation sur Pierre Michon. Une furie de travail compensait la morsure, et, depuis quelques semaines, ce silence qu'on n'osait pas troubler. Ce soir on relira les plus belles traductions italiennes de Bernard. Textes et liens concernant Bernard Simeone sur site Verdier , sur site J-M. Maulpoix (en particulier sur Dupin et Zanzotto) et sur remue.net. François Bon, le 15 juillet 2001.