à propos de Didier Daeninckx
Les livres, fictions longues ou brèves, de Didier Daeninckx m'ont toujours été précieuses, par la mise au jour à quoi depuis bientôt vingt ans elles procèdent, de ce qui régit notre monde au présent, et le traverse de forces plus larges qui font résonner ensemble un destin obscur et l'histoire. Dans les processus de domination à quoi on heurte, il fait partie de ces sapes souterraines de l'histoire de rester sinon invisibles : la nouveauté serait de ne pas les expliciter, mais de les produire par une sorte ainsi de mises en résonances. Le travail de Daeninckx n'a cessé de s'élargir, mettant lentement en rapport les mouvements de rébellion de soldats en 14-18, l'héritage de la guerre d'Algérie et le silence sur le massacre de novembre 61, les Kanaks exposés au zoo de Vincennes en 36, et de produire en littérature un territoire géographique et social auquel elle n'avait jamais eu accès. L'engagement personnel de Didier Daeninckx a été pour beaucoup d'entre nous un gage d'exigence politique, de rigueur, où jusqu'ici il a toujours été le découvreur, le démêleur, et non pas un quelconque redresseur de torts, ou accusateur diffamateur. Et tout creela déborde largement l'univers de la littérature dite "noire". Il me semble important de le redire aujourd'hui, dans un bruit parasite et envahissant.
La page consacrée à Daeninckx sur remue.net, avec un entretien, deux nouvelles, et le texte que j'avais écrit vers 91 en postface à "Mort en l'île" (éditions Folies d'encre) en témoigne j'espère

On trouvera le versant public de Ci-dessous, retour sur un débat avorté, qui éloigne beaucoup des enjeux mêmes de ce débat. Avec un texte d'Alain Bellet, une lettre de soutien actuellement en circulation, et l'article qu'a mis en ligne le Matricule des Anges
F Bon

Le Juste et les Quarante Procureurs, par Alain Bellet

L'intimidation, les coups et l'interdiction musclée de toute prise de parole ne sauraient être dans le camp qui a toujours été le mien. Entre rumeur facile et, hélas, le travail minutieux de l'archiviste, quelques traces indélébiles priment toujours sur les ragots. Difficile alors de rester neutre, même si j'étais absent le jour choisi par les " procureurs " énervés, même si j'avais préféré, jadis, rester à distance raisonnable des clans fratricides, ni pris parti dans le conflit Daeninckx /Perrault. J'ai trop de respect pour ceux qui ont subi pressions iniques et lynchages moraux ou physiques pour conserver une position de réserve. Et puis, si je garde un peu de mémoire de ce qu'ont été les pratiques staliniennes que j'ai toujours dénoncées, force est de constater qui en sont les adeptes.
A l'heure de l'été et de celle des réchauffements nerveux, j'aimerais quand même que l'on m'explique ce qui ce joue réellement dans les têtes ! Comment respecter à l'avenir des gens qui choisissent la haine comme argumentaire, la force comme outil pour convaincre, la gesticulation comme moyen d'analyse ? Peut-être aussi qu'ayant travaillé à Montigny-les-Cormeilles en animant des ateliers d'écriture suis-je tombé moi aussi dans le camp stalinien " en allant à la Soupe ? " Mais de quelle soupe s'agit-il là ? Je souhaite enfin qu'un débat serein s'instaure, et que le écrivains cessent de jouer les nervis ! Pour l'heure, dans ce monde formidable qui aurait fait grincer une nouvelle fois les ratiches de l'ami Reiser, je tiens à exprimer mon amitié et mon soutien à Didier Daeninckx, trop de choses nous rapprochent même si certaines nous éloignent. J'ai la faiblesse d'apprécier par dessus tout l'honnêteté et l'engagement, même solitaire, même ringard, même dérisoire. C'est ce que je crois faire moi-même, sur le chemin des mots, avec tous ceux que j'ai rencontrés depuis 10 ans, à l'école, à l'hosto, dans les ZEP, en prison !
La misère, l'exclusion, l'enfermement, la haine ne sont pas pour moi que des sujets romanesques, des arguties politiques jutificatoires, pour passer pour un auteur engagé, noir, ultra-noir, radicalisé ou ce que vous voudrez.... Au fait, les procureurs adeptes de la force imbécile, qui les a engagés ? Et pour combien

30 juin 2001
ALAIN BELLET

Premiers soutiens à Didier Daeninckx
Vendredi 15 juin, à dix-huit heures, place de la Bastille, un commando d'une quarantaine de personnes a interdit, par la force, la tenue des rencontres littéraires organisées par la revue Mouvements et le Festival du roman policier. Témoins de cette incroyable manifestation d'intolérance, nous tenons à établir la vérité. Ce groupe s'est emparé de la tribune, et plusieurs de ses membres ont violemment pris à partie le directeur de la rédaction d'Amnistia.net, Enrico Porsia, qui protestait contre leurs méthodes. L'écrivain Didier Daeninckx, qui devait intervenir dans les débats, a été frappé et jeté à terre Aujourd'hui, les organisateurs de cette atteinte insupportable à la liberté de penser, à l'expression publique, tentent d'échapper à leurs responsabilités en diffusant un texte mensonger visant à faire passer les victimes pour les agresseurs.
Nous ne laisserons pas faire.Gérard Moreau, librairie Epigrammes
Gilbert Wasserman, Rédacteur en chef de la revue Mouvements
Gérard Bobillier, Directeur des Éditions Verdier
Enrico Porsia, directeur de la rédaction d'Amnistia.net

Ont exprimé leur soutien à Didier Daeninckx

Jean-Bernard Pouy, écrivain - Frédéric Fajardie, écrivain - Dominique Manotti, écrivain - Jean-Jacques Reboux, écrivain - Pascal Dessaint, écrivain
Maud Tabachnik, écrivain - Jean-Hugues Oppel, écrivain - Yves Bulteau, écrivain - Jacques Albina, écrivain -Roger Martin, écivain
Robert Deleuse, écrivain - Patrick Pecherot, écrivain - Pierre Drachline, écrivain, éditeur - Thierry Maricourt, écrivain - Jean-Michel Platier, écrivain
Arnaud de Montjoye, écrivain, journaliste - Jacques Baynac, historien - Daniel Prévost, écrivain, comédien - Alain Bellet, écrivain - François Bon, écrivain
Christian Lehmann, écrivain - Hugues Jallan, éditeur - Lilian Mathieu, sociologue - Patricia Osganian, revue Mouvements - René Strubel, sculpteur
Françoise Moreau, libraire - Alain Bargrain, éditeur - Robert Wainfeld, publicitaire - Danièle Rousselier, écrivain - Albert Herskowicz, médecin
Bénédicte des Mazery, journaliste - Gérard Streif, écrivain et historien - Philippe Tranchart, journaliste - Jean Pons,universitaire
Patrick Silberstein, éditeur - Francis Mizio, écrivain - Mouloud Akkouche, écrivain - Malek Bouthi, Président de SOS Racisme
Mouloud Aounit, Président du MRAPe poing.