Tarjei Vesaas : la barque le soir, roman

Il pensa àtout ce qui aurait pu se passer mais qui n’alla pas plus loin. (« Des mots, des mots  »)

Ecrit en 1968, la barque le soir de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas (1897-1970) a paru en 2002 aux éditions Corti avec une présentation et dans une belle traduction du néo-norvégien par Régis Boyer. C’est la dernière Å“uvre de Vesaas.
Suite musicale (ce ne sont pas des nouvelles), d’une même tonalité sonore mais qui sait adopter des rythmes différents, ce texte est composé de courtes narrations où rien ne se passe mais où, chaque fois, quelque chose a lieu : un homme se noie àen aboyer « dans les miroirs de l’eau  » sans pour autant devenir chien sur la rive ; une jeune fille qui a donné un rendez-vous amoureux attend sous une tempête de neige qui la recouvre peu àpeu ; un garçon s’allonge dans les marécages afin d’observer les grues àles toucher ; un fils regarde sa mère partir avec son violon dans la nuit et emporter la mélodie.

Tout était comme cela devait être - mais était-ce bien ainsi ? Nous n’avions pas besoin de regarder autour de nous pour répondre non. C’était plus tôt que tôt en nous. Nous étions ouverts. L’un regardait l’autre et comprenait que notre quotidien propre était parti pour une fois. Si d’abord, il n’en avait été ainsi que pour l’un, c’était maintenant chez tous les deux. Cela était passé de l’un àl’autre en un éclair.
Sans plus, il y eut en l’air une lueur inconnue.
J’aurais souhaité qu’il dise :
Je vois cela en toi.
Il me regarda et dit au hasard :
— Je vois cela en toi.

Jour et nuit, froid, neige, forêt, fleuve, marécages, montagne ne sont pas simplement des éléments naturels au milieu desquels se déroule la vie des humains, ce sont des compagnons, parfois doux, parfois impitoyables en compagnie desquels on vit, qu’on doit, selon, accueillir avec bienveillance ou affronter avec courage.


On lira le deuxième avant-propos de Vesaas et le texte intégral de « Hiver printanier  » sur le site des éditions Corti.
De Tarjei Vesaas, nous avons lu précédemment Les Oiseaux et Les Ponts.

Dominique Dussidour

27 février 2003
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