Rencontre avec André Markowicz

(André Markowicz - copyright Françoise Morvan)

"Tchekhov fait remarquer que Pouchkine en Russie n’est pas seulement un poète, non, il est comme l’air qu’on respire. Macha se répète un poème qu’elle a appris dans son enfance, un poème qui lui rappelle le soleil de sa mère, le soleil de Moscou, et se rend compte, après le départ de Verchinine, qu’elle l’a oublié - et c’est là qu’elle devient presque folle.
De cela, aucune traduction ne peut rendre compte à elle seule. Qu’essayer de faire d’autre, pourtant, si l’on travaille à faire passer en français quelque chose de la culture russe ?" (André Markowicz, Le Soleil d’Alexandre, le Cercle de Pouchkine, 1802-1841 (Actes Sud))

À l’occasion de la parution de l’incroyable livre, le Soleil d’Alexandre, le Cercle de Pouchkine, 1802-1841 (Actes Sud) [le CNL consacre une soirée>http://www.centrenationaldulivre.fr/?La-generation-Pouchkine-au-CNL] à André Markowicz, traducteur, écrivain-.

Nous connaissons, à remue.net, cette étrangeté essentielle vers laquelle nous pousse André Markowicz, lors de ses interventions publiques, et la stupeur si amicale dont laquelle nous plonge le don qu’il fait en ces occasions, cette suspension entre ombre et lumière.
Vous pouvez vous en rendre compte en réécoutant cette soirée passée en sa compagnie au Centre Cerise, le 5 février 2010.
Lisez aussi sa chronique hebdomadaire, Un entretien aléatoire, lieu du risque et du frottement entre écrire et traduire, où sont offerts à lire des poèmes inédits (et leurs ramifications) mais aussi des traductions impossibles - et pourtant existantes, et opérant, magnifiques - de poèmes chinois de Tu fu, travail insensé autant qu’essentiel dont il dit ceci :

"Mes poèmes « non-traduits » sont construits sur le besoin de faire advenir, en français, des ombres rayonnantes, des présences — ce que j’appelle des « figures » Le personnage (réel ou inventé) brasille à la limite de l’apparition, comme s’il était juste sous la surface de l’eau, se forme et se dissout, se recompose dans le passage d’une langue à l’autre, du monde sans parole que chacun porte en soi au monde matériel des mots offerts à lire. À chaque fois, d’une façon ou d’une autre, il s’agit de tracer les contours de cette ombre, de se les approprier pour les éloigner de soi et les rendre sensibles, — partageables."

Centre national du livre, Hôtel d’Avejan, 53, rue de Verneuil - Paris VIIe

2 décembre 2011
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