La poésie, pour apprendre à vivre
chroniques de Ronald Klapka

 

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4 - Paul Bénichou, resserrement de la vie

Paul Bénichou vient de nous quitter à l'âge de quatre-vingt douze ans. Patrick Kéchichian rend dans le Monde du 17 mai un juste hommage à celui que Vichy a catalogué à l'automne 1940 comme "juif indigène algérien".

Le dernier paragraphe de la postface des "Morales du grand siècle": réflexions sur l'humanisme classique (écrites en août 1940) est assurément une réponse au temps où "le resserrement de la vie engendre le mépris de l'homme et la religion du néant".

Françoise Coblence souligne dans sa notice de l'Encyclopaedia Universalis que comme il recueillera au sein de sa famille des “romances” chantés remontant au XIVe ou au XVe siècle et publiera en 1968 le Romancero judeo-español de Marruecos, Paul Bénichou verra dans la tradition orale, la poésie populaire et la chanson, un domaine d'études privilégié des différences et des variantes, un laboratoire de la fabrication poétique.
Ainsi Gérard de Nerval, fait l'objet d'un premier ouvrage autour du recueil de chansons populaires et de ballades qu'il a publié ("Nerval et la chanson folklorique" , 1970).

Il est important de relever cet aspect chez celui dans lequel on  voit surtout l'auteur d'une vaste fresque sur le romantisme français, à partir du "Sacre de l'écrivain" (cf sites Gallimard et José Corti).

De son dernier ouvrage "Selon Mallarmé", disponible en collection de poche (Folio-essais), la quatrième de couverture dit : "Le génie de Mallarmé est bien dans son obscurité à condition qu'on la dissipe."
Ce qu'a lumineusement fait Paul Bénichou au travers du déchiffrage d'une quarantaine de poèmes, précédé d'un véritable guide philosophique à travers la variété des thèmes mallarméens.

(Lire en contrepoint la petite merveille de Bernard Noël: "La maladie du sens" chez P.O.L.)