Fabienne Swiatly | Retrouver du silence

Il y a eu l’expérience d’écrire ensemble sur le thème de l’empêchement avec le metteur en scène et les comédiens-compagnons du Geiq. Je me suis appuyée sur un interview de Valère Novarina paru dans le Matricule des anges pour nourrir une première proposition. Il explique son besoin d’écrire texte au mur et pourquoi il ne supporte plus le texte couché. Alors nous faisons de même, nous passons des notes sur la feuille couchée à l’écriture debout. Écrire dans la verticalité du corps, écrire sur le miroir, puis s’éloigner du texte pour relire. Puis interpréter le texte dans l’immédiateté de son invention.

C’était bien de quitter ainsi la table. C’était en octobre dernier dans la salle 107 du NTH8 de Lyon. Nous étions un groupe.

Maintenant, je suis seule, je suis retournée à la table, ma table, celle qui porte l’ordinateur. J’ai retrouvé le chantier en cours, une trentaine de pages. Pas évident. J’ai quitté ce texte un peu trop longtemps. Il y a du froid entre nous. Tout semble écrit à la surface du sens. Je suis déstabilisée. Inutile pour l’instant d’aligner des phrases même si c’est rassurant. Trop facile, un clique pour ajuster à droite, un clique pour corriger les fautes et l’on se donne le sentiment de progresser. Je m’éloigne du clavier pour relire tout à voix haute. Et je relis les brouillons, les notes du cahier, les phrases soulignées dans les livres des autres. Petit à petit, je retrouve Annette. Annette et son handicap. Annette et sa famille. La normalité, l’anormalité. Et j’écris enfin une phrase qui me permet de replonger dans les eaux troubles du texte, dans la boue :

Le diagnostic, un claquement de porte sur ton avenir.

13 décembre 2011
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