Claude Favre | Scalps

Les incendies et les livres, c’est très bien

précipits_

formes en tentatives et l’échec qui va d’aventures en fossés des fois puits comme du fourreau on tire
flèches et larmes ne préfère pas la trêve au combat
à l’épreuve des langues s’en injecter mitraille et ondes de choc
cascade d’acouphènes aucun allié
énorme bandaison étoilée collision pour langue sortie définitive des capitaux quoique
le cours des momies toujours d’actualité

par la forme commence la forme tranchant le cercle de nos nuits par
sacrifices d’arrivées laisser une empreinte est une façon de s’en aller

 

abattoirs

Iran : de 16/18 ans par corde enlevés sur place publique pour homosexualité que jeunesse est touchante

Japon : condamnés prévenus le matin même de leur pendaison la famille une fois la mort l’amour s’en

Arabie Séoudite : de face dévisagés sans plus d’espoir décapités

Rwanda : mains coupées bien obligés on a dû sinon punis bien obligés privés sinon d’une caisse de bière bien obligés de violer même des enfants bien obligés

Allemagne : et beaucoup sinon corvées de chiottes alors violer sinon d’avancement si peu tuer un juif dénoncer si peu tuer sinon contrarié d’avancement

États-Unis Chine et cætera Pakistan Russie et cætera Iran Turquie et cætera et cætera et cætera
Et cætera
Et cætera

 

épidémies de bégaiements

capacité génocidaire le prochain qu’il qu’on l’abatte d’ordre d’en haut suivi
des hutus ont sauvé des tutsis et

à force collectif ment à tuer décrocher décrocher celui qui au tibia le tuer tuer pou qu’il
avec la bête qui est mon sang on dit je respire
comme d’autres l’auraient fait on dit je respire

les mots sont à nus il n’y a rien à dire à Jabalya d’intelligent sur un massacre une fois de plus cette question de que faire et comment l’un pourrait tenir le rôle de l’autre

 

les chevaux ont vu la mort
les taupes ont vu la mort les oiseaux les papillons
les papillons papillons ont vu la mort

c’est l’histoire qui procède d’un texte antérieur
a fait couler d’entre contre l’encre quel gaspillage mais
qu’est-ce qu’on quand les coups

ce sont personnages pour histoires de personnes

les chevaux
veines rapprochées de l’oeil

tout est possible contre pleutres tant troupes les corps d’armes contre

contre
armée la syntaxe

ce sont personnes c’est qu’il y a à entendre de l’oeuvre muette si tu parles tu meurs si tu te tais tu meurs alors parle et meurs

épidémies de bégaiements épidémies de bégaiements il ne vous a pas échappé un vrai challenge d’illusions à bon entendeur notre président il nous dit tout ça
tout est possible

faut changer de logiciel gagnant s’en tenir aux chiffres

je ne veux pas qu’on me répare

j’ai des rats dans la gorge des chiens de guerre sous la langue
que ne reviennent

sur le fil rasoir les cicatrices ne sont issues
puisqu’on a tué tue tout reculons
silence
radio Mugabè force caviar champagne pour ses 85 ans fête
94% de la population chôme le désespoir s’active
ce n’est pas de la faim d’un rictus résumons parfois papilles et le homard est frais

parler m’impossible me taire périlleux le saut
surtout par la mer qui viennent d’Érythrée Syrie Turquie qui viennent
de Libye contre la mort
vivre qu’ils puissent

six morts six corps 20 50 100 300 500 800 1100 1500 2000 tellement on compte on compte
2500 morts/an depuis le début de l’année cimetière méditerranée
mors Lampedusa
plage classée au patrimoine de l’humanité
un des noms de la mort on a des noms

que ne revienne langue
qu’ils
langue pour
qu’elles
contre

tout est possible
en kinyarwanda lire et boire sont un même verbe

que langues qu’elles
que ne reviennent ceux
qui

Mein Kampf offert par Hitler aux jeunes couples tout juste mariés
Mein Kampf écrit en braille
Mein Kampf lu entendu et relu tout est possible

que langues qu’elles
qu’ils ne

un des derniers dessins de Goya j’apprends encore

 

&

 

Sur mon cou sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.
Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.

Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
ni les fleurs soupirer, et des prés l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.
Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.

Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.

Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre les portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’esclier, plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.

Ô traverse les murs ; s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate une heure avant ma mort.

Jean Genet, Le condamné à mort

3 avril 2017
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