André Markowicz | Un entretien aléatoire (4)

L’orbe du mort
pulse un
sang d’ocre par
dessus l’épaule gauche, le
sel safrané teinte les trois
doigts, la terre augurante du
dépeuplement,
serres désengagées
et têtes creuses quand la claudicante, la
brehaigne, l’accompagnatrice,
entrebâillant la porte, lui
fait signe de la suivre
et il
la suit vers la lumière nulle,
un couloir et un autre,
un escalier
de bois humide, sans
qu’on entende les marches, mais
le souffle
accentué toujours sur la première,
il monte, il monte,
àlui autant qu’àelle —
il a rouvert les yeux, il s’est trouvé.


Celui qui porte tant de vies voulues,
qu’il joue
àtour de rôle
ou comme un seul
ensemble sans début, au point
qu’àla minute
où le tournis de ces personnes cesse,
il tombe, offert,
et il suit le courant ;
ce n’est pas lui
qui trace les métempsychoses, lui,
àpartir de ce sang
qui bat au ventre, aux tempes, lui,
merle, renard ou pipistrelle,
il n’a
de corps que ce qui a surgi de quelque
« image sans image  », par
cercles mal concentriques, par
échos mal équarris, hors de,
surface après surface sur sa peau,
laquelle il est sorti lui-même
encore avant.


Car plus il se resserre, plus
ces êtres qu’il dérange le débordent, lui,
en tant que territoire,
ou quasiment,
respirent, creusent, craignent, font
des soliloques, parlent d’un
présent où il n’est pas,
le rendent responsable de l’erreur.
Entre les parois peintes, l’air
brà»le, la gorge est rêche, ça
se désagrège dès qu’on est devant.
Habits ensanglantés de Tisiphone
et son sourire
« en la cité de Dis  ».
Il est entré
par la sixième porte, celle
où l’on entend le fer racler le sol,
il offre sa terreur dans ses deux paumes.


Alors, la claudicante se retourne
et le regarde
et tend la main vers lui.

4-10 avril 2011.


22 septembre 2011
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